Kinshasa 14 fevrier 2023 (ACP).- La RDC est invitée à créer un environnement favorable à l’adoption du numérique qui constitue un levier pour son développement, a indiqué mardi la professeure Nancy A. Lohalo, dans un article scientifique à publier incessamment et dont l’ACP s’est procurée une copie.
« La maîtrise du numérique est devenue un aspect essentiel de compétitivité et d’internationalisation », a soutenu la chercheuse qui recommande que « dans son processus de développement, la RDC se doit d’y porter une attention particulière en créant un environnement favorable à l’adoption du numérique », déclare la professeure Nancy A. Lohalo
Pr Nancy Lohalo estime en outre « qu’en vue de la rapidité de son évolution, la RDC devrait accélérer l’implémentation d’infrastructures numériques de base dans l’ensemble du pays, requérir les services des experts nationaux et internationaux et sensibiliser la population afin qu’elle atteigne un niveau d’alphabétisation numérique adéquat ».
Dans ce même article, Pr Nancy Lohalo démontre qu’à « l’ère de la quatrième ‘Révolution industrielle’, le numérique est devenu un impératif économique. Les sociétés dans lesquelles il a enregistré son essor ont connu de profonds effets transformatifs dans la majorité des secteurs d’activités ».
Le numérique constitue aujourd’hui, « un vecteur de croissance et de compétitivité », affirme-t-elle en évoquant les derniers chiffres de la Banque mondiale qui ont démontré que « l’économie numérique a connu une croissance deux fois et demie plus rapide que le PIB mondial au cours des quinze dernières années ».
Déficit sévère du numérique en RDC
S’agissant de la RDC, la chercheuse relève que ce pays, « comme de nombreux pays africains, souffre d’un déficit numérique sévère de part un faible taux de pénétration de l’internet; moins de 20% de la population y a accès sur l’ensemble du territoire. Le pays se retrouve donc dans l’incapacité de récolter les fruits de cette technologie et d’être un acteur de l’économie numérique ».
Pr Nancy Lohalo déplore, par ailleurs que : « les conditions requises pour assurer l’expansion digitale ne sont pas remplies, comme le démontre l’état des infrastructures en RDC ».
De ce fait, explique-t-elle, « il reste difficile de percevoir les opportunités qu’offre le numérique pour la transformation de l’économie nationale ».
Elle note encore que « dans un pays où environ 64% de la population vit sous le seuil de pauvreté (moins de 2,15$/jour) et où la main-d’œuvre demeure abondante, mais peu qualifiée, le travail décent représente une denrée relativement rare, et l’informel trône dans la société ».
A cet effet, « les technologies de l’internet, qui sont par nature des “technologies à usage général” (general-purpose technologies GPTs), au même titre que l’électricité ou encore la machine à vapeur au moment de leur apparition, vont apporter des mutations socio-économiques profondes. Cela implique une croissance de la demande d’une main d’œuvre qualifiée ».
Ainsi, « afin de ne pas rater le train du numérique, la RDC se doit de se doter d’un capital humain qui possède les compétences requises », conseille-t-elle.
« Le passage à une économie orientée vers les technologies numériques a eu pour effet de révolutionner les processus de production », souligne Pr Nancy Lohalo qui explique que « traditionnellement, l’économie renferme une variété d’activités telles que l’agriculture, l’industrie ou encore les services.
Les facteurs de production -ressources nécessaires à la production des biens et services-sont le “travail”, le “capital”, la “terre” et la “technologie” à disposition. « Aujourd’hui s’ajoute un nouveau facteur, les “data” (données). Les “data” constituent un facteur essentiel dans la mutation de l’économie traditionnelle vers l’économie numérique, notamment à travers l’optimisation et la réorganisation des facteurs de production, ainsi qu’à la transformation des systèmes productifs ».
Docteur en économie de « University of International Business and Economics », Beijing, Pr Nancy Akitshi Lohalo, 30 ans, est consultante et enseignante à l’ISP Gombe. ACP/Kayu