L’adoption de la loi sur le contrôle des établissements des crédits, un recul (Un investisseur)

Kinshasa, 18 juin 2025 (ACP).- L’adoption de la loi sur le contrôle des établissements des crédits par l’Assemblée nationale a été jugé comme un recul par un investisseur congolais pour le renforcement de la gouvernance bancaire et la souveraineté économique de la République démocratique du Congo, au cours d’un entretien mercredi avec l’ACP.

« L’adoption de la loi relative à l’activité et au contrôle des établissements des crédits en RDC par l’Assemblée nationale marque un recul face à une ambition nationale longtemps attendue, celle d’un secteur bancaire inclusif, enraciné et souverain » a déclaré sous le sceau de l’anonymat un investisseur membre d’une association des acteurs économiques de la RDC.

« Les acteurs économiques engagés pour le renforcement de la gouvernance bancaire et la souveraineté économique de la RDC sont indignés sur la violation de l’instruction n°24 de la Banque centrale du Congo, qui ouvrait une brèche sur la diversification du capital bancaire en y intégrant des actionnaires congolais », a-t-il dit.

Selon la source, la réforme initiale, portée par l’instruction n°24 de la Banque centrale du Congo, ouvrait une brèche inédite, celle de diversifier le capital bancaire en y intégrant des actionnaires indépendants, potentiellement congolais, capables d’apporter une vision enracinée, une proximité réelle avec le marché et une nouvelle forme de gouvernance responsable.

« Or, en supprimant purement et simplement l’obligation des quatre actionnaires significatifs, le texte adopté vide cette réforme de sa substance. Pire, il envoie un signal décourageant aux nombreux entrepreneurs, coopératives, fonds familiaux et membres de la diaspora qui s’étaient préparés à répondre à cet appel historique », a rapporté le communiqué.

Ce document souligne que  certaines contraintes réglementaires qui posaient des problèmes, devaient être ajustées, notamment le capital social trop élevé, la lourdeur d’agrément, la rigidité du modèle à quatre.

Cependant, poursuit la source,  au lieu de corriger avec discernement, la loi adoptée a choisi le contournement total, au bénéfice d’intérêts qui échappent au contrôle public, et souvent même au territoire national.

« Nous reconnaissons le besoin d’un cadre attractif pour les investisseurs étrangers, mais cela ne saurait se faire au détriment des Congolais. La prospérité ne peut venir que d’un équilibre entre ouverture et enracinement. L’un sans l’autre, conduit soit à l’asphyxie économique, soit à la perte de souveraineté », a martelé la source, précisant que le texte doit encore passer au Sénat pour une seconde lecture. Les sénateurs ont été donc enjoints à faire preuve de responsabilité historique, notamment d’introduire des garde-fous en maintenant un minimum de diversité actionnariale; de prévoir des incitations spécifiques pour les investisseurs congolais, et de consolider le pouvoir de contrôle de la Banque centrale, sans pourtant étouffer les dynamiques locales.

Plaidoyer sur la gouvernance bancaire inclusive

La même source a indiqué que les acteurs économiques ont refusé de céder à la résignation et ont affirmé de continuer à plaider pour une gouvernance bancaire inclusive, où les Congolais ne sont pas de simples clients, mais des décideurs, des investisseurs, des bâtisseurs de valeur.

« Nous appelons à la conscience des décideurs politiques, à la mobilisation des milieux d’affaires, et à l’éveil de l’opinion publique. Car il ne s’agit pas d’une affaire des techniciens, mais plutôt de savoir qui détient le levier de notre économie, qui décide de l’accès au crédit, de l’orientation des investissements, du financement de nos PME, de nos agriculteurs, de nos industries naissantes », a soutenu la source.

Selon les parties prenantes, il ne peut y avoir de développement sans souveraineté économique.

« Il ne peut y avoir de souveraineté sans une présence congolaise forte dans nos banques. Et il ne peut y avoir de présence forte sans une volonté politique courageuse, constante, et tournée vers l’avenir », conclut le communiqué. ACP/C.L.

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