RDC :   60 millions USD des pertes annuelles dues aux exportations illicites de cacao     

Kinshasa, 23 août 2023 (ACP).- Les exportations illicites de cacao occasionnent annuellement, environ 60 millions USD des pertes à la République démocratique du Congo,  a appris l’ACP mercredi du ministère de l’Economie nationale, à l’issue d’une audience des exportateurs de ce produit auprès de l’autorité de tutelle.

« Nous perdons au minimum 400 tonnes de cacao par semaine, soit une valeur monétaire annuelle de 60 millions de dollars américains, car la tonne de cacao se vend à 3200 dollars sur le marché international. Ainsi, nous sollicitons auprès du gouvernement des mesures fortes afin de mettre fin aux exportations illicites et à la contrebande du cacao », a indiqué le directeur général de l’Agence nationale de promotion des exportations (ANAPEX), Mike NTAMBWE qui a conduit la délégation des exportateurs auprès du vice-premier ministre en charge l’Economie nationale, Vital Kamerhe.

Selon lui, les chiffres  à leur possession se situent à plus de la moitié de la production du cacao congolais au Nord-Kivu, qui se volatilise du fait des pratiques frauduleuses systématiquement organisées.

« Il était  donc question de réfléchir sur des voies et moyens de remettre de l’ordre dans ce secteur, au regard de l’importance des exportations qui constituent, un outil capable de faciliter l’importation des devises étrangères en RDC, mais aussi un levier fondamental de la croissance économique », a dit le porte-parole de la délégation.

Il a souligné la nécessité pour les opérateurs économiques de trouver une solution pour capter rationnellement les devises de cette production de cacao qui vont vers les pays voisins.

Le directeur général de  Esco Kivu, Philip Betts,   de son coté,  a appuyé que la fraude dans les exportations de cacao prend des allures inquiétantes, et qu’en 2025, la RDC sera dans l’obligation de donner la traçabilité du cacao exporté.

« Si le cacao est exporté frauduleusement, la traçabilité est perdue. Et ce cacao ne sera plus vendu facilement à l’étranger, et donc, nous sommes obligés de nous préparer pour la nouvelle réglementation qui viendra. En Ouganda, il n’y a pas des taxes à l’exportation, et on paie trop cher pour le cacao et pourtant au Congo, nous avons plusieurs taxes y compris le transport à Mambassa qui coûte très cher », a-t-il déploré.

M.Philip Betts a relevé le fait que les exportateurs essaient de lutter contre la contrebande qui cause une perte énorme pour le pays.

Il a soutenu qu’il y a suffisamment du potentiel pour la production qui est à 60.000 tonnes actuellement. Mais elle peut aller jusqu’à 300.000 tonnes/an, si les exportations sont  bien contrôlées. 

Les exportateurs ont dénoncé également les taxes illicites, au-delà de ce que la loi prévoit, car, selon eux, il y a d’autres services, qui surchargent les exportations et les entreprises avec des taxes illégales. 

« C’est aussi une lutte que nous menons pour pousser le gouvernement à balayer toutes ces taxes illicites », a déclaré président national de l’Association des Exportateurs des Cacao et Café de la RDC (ASSECAF), M. Benjamin Kakule Munzenda.

Quelques pistes des solutions

Par ailleurs, les associations des exportateurs du cacao ont proposé quelques pistes des solutions au gouvernement notamment de prendre des mesures interdisant l’exportation de fèves de cacao vers les pays voisins, étant donné que ceux-ci ne font que réexporter ces fèves vers les marchés internationaux sans les transformer. Ils ont également suggéré au gouvernement d’encourager l’exportation des produits ayant subi une transformation substantielle vers ces pays voisins comme le chocolat, mais pas l’exportation de la matière première (la fève de cacao).

Le Vice-Premier ministre de l’Économie nationale, Vital Kamerhe s’est dit disposé à réserver des réponses idoines aux préoccupations des associations des exportateurs, avant de demander de lui faire des propositions concrètes mais aussi des éventuelles mesures fortes pour stopper définitivement les exportations illicites et la contrebande.

Les discussions devraient donc se poursuivre entre les exportateurs et les services du ministère de l’économie nationale pour des solutions idoines. En effet, ces échanges ont porté sur les questions de produits agricoles de la RDC et leur exportation. Outre les exportations illicites de cacao,  la guerre qui persiste dans la partie Est du pays, lui fait perdre d’autres recettes sur les produits miniers qui sont  vendus illégalement à l’extérieur du pays notamment, le coltan. ACP/

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