Kinshasa, 26 mai 2025 (ACP).– La caisse des dépôts et des consignations pour la centralisation des recettes publiques en République démocratique du Congo (RDC) a été considérée, par un économiste, comme un levier puisant pour assurer la stabilité macroéconomique, stimuler l’investissement et renforcer la croissance inclusive, lors d’un entretien lundi , avec l’ACP à Kinshasa.
« La RDC se dote progressivement des instruments d’une gouvernance économique crédible. La caisse des dépôts et des consignations pour la centralisation des recettes, la réforme de la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique (DGTCP), la transparence budgétaire, et l’intégration des assurances dans les politiques publiques ne sont pas des fins en soi. Ce sont des leviers puissants pour assurer la stabilité macroéconomique, stimuler l’investissement, et renforcer la croissance inclusive », a déclaré Jonathan Muya Kupa, expert et doctorant en économie à l’Université de Kinshasa.
Selon cet économiste, la mise en place de la caisse des dépôts et des consignations est inscrite dans une stratégie globale de modernisation de la gestion des finances publiques et vise à centraliser des recettes, ce qui permet d’améliorer les ratios de finances publiques et d’avoir une image fidèle et consolidée des ressources de l’État.
M. Jonathan Muya a souligné que les réformes récentes pilotées par le ministère des Finances traduisent une volonté de renforcer la discipline budgétaire, d’améliorer la gouvernance et d’accroître la transparence dans la gestion des ressources publiques. « Un des piliers majeurs de cette réforme est la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique (DGTCP), désormais au cœur de la chaîne de gestion financière de l’État. La DGTCP assure le pilotage du compte unique du Trésor, renforce la visibilité sur les flux financiers et favorise une meilleure allocation des ressources », a-t-il relevé. Cette réforme, a-t-il ajouté, permet aussi d’optimiser la gestion de la trésorerie, de réduire les délais de paiement de l’État et de renforcer la traçabilité des fonds. Elle s’accompagne d’une professionnalisation accrue des agents publics et de l’intégration progressive d’outils numériques pour un suivi en temps réel.
Propositions clés pour développer le secteur des assurances
Pour l’économiste Jonathan Muya, bien que le volume des primes d’assurance en RDC ait progressé de 70 millions USD en 2019 à 350 millions en 2024, le secteur demeure largement sous-exploité, représentant à peine 0,7 % du marché africain, un chiffre faible au regard de la taille du pays et de son potentiel économique. A l’en croire pour stimuler davantage sa croissance, deux pistes stratégiques sont mises en avant, notamment le renforcement de la compliance via l’assurance automobile et l’accès aux marchés publics ITPs à une couverture assurantielle adaptée.
« Les compagnies d’assurances ont tout intérêt à collaborer avec les organes de régulation tels que la Commission nationale de prévention routière (CNPR), en vue de mettre en œuvre des normes visant à réduire les accidents, encourager la déclaration des sinistres, et partager les informations sur les conducteurs et définir des normes sur la route (feu de signalisation, panneaux de stop, limitations de vitesse, etc.). Cela favoriserait une culture de transparence et de responsabilité, tout en consolidant la confiance dans le secteur », a suggéré l’expert.
Le doctorant a, à cet effet, précisé que dans le secteur des infrastructures, travaux publics et services (ITPs), l’État étant l’un des plus grands demandeurs de prestations, l’assurance pourrait devenir un levier stratégique. « De la même manière que le paiement des impôts est requis pour participer à un appel d’offres, la souscription à une police d’assurance qui convient devrait être une condition préalable à l’attribution d’un marché public. Cela renforcerait la couverture des risques liés aux projets, améliorerait la qualité des prestations, et générerait une demande soutenue et stable pour les produits d’assurance », a-t-il conclu. ACP/