Kinshasa, 31 décembre 2023 (ACP).- L’autonomisation des petits exploitants horticoles (SHEP) offre une nouvelle approche de commercialisation agricole en République démocratique du Congo (RDC), a appris l’ACP au cours d’un entretien dimanche avec un expert agricole.
« L’autonomisation des petits exploitants horticoles (SHEP) offre une nouvelle approche de commercialisation et de vulgarisation agricole contrairement aux autres approches développées pour apporter des conseils au niveau des agriculteurs dans l’amélioration des techniques culturales et la lutte contre les pathologies végétales », a déclaré l’ingénieur Christian Mokuba Wadjuna , chef de Bureau et point focal du ministère de l’Agriculture en agro-écologie.
Selon lui, cette approche permet de faire une agriculture orientée vers le marché en apportant des techniques adaptées pour un meilleur écoulement de la marchandise par le producteur avec comme finalité de changer l’esprit des agriculteurs qui passent de « Produire et vendre » à « Produire pour vendre ».
« Cette approche amène les agriculteurs à apercevoir l’agriculture comme un business notamment en effectuant, eux-mêmes, l’étude de marché local en vue d’identifier les besoins du marché tout en participant au forum de la filière horticole afin d’établir une relation avec les acteurs du marché», a-t-il ajouté.
A en croire l’ingénieur Mokuba, les agriculteurs réunis sous forme de groupes dans cette approche, élaborent un calendrier cultural répondant aux besoins et le réalisent pour vendre des produits qui correspondent aux besoins des deux parties (marché et agriculteurs). Ainsi donc, grâce à ce changement d’attitude et de comportement, les revenus des agriculteurs qui pratiquent l’approche SHEP sont nettement améliorés, ainsi que leur niveau de vie à l’exemple du Kenya, pays précurseur de cette approche en Afrique qui a réussi à doubler le revenu de 2.500 petits exploitants entre 2007 et 2009 , a-t-il illustré.
Spécificités de l’approche SHEP
Pour le point Focal précité, l’approche SHEP a des spécificités qui la distinguent des autres approches, entre autres , la connaissance permanente du marché , l’établissement des liens étroits entre les agriculteurs et les autres acteurs du marché des produits agricoles.
L’activité agricole est à juste titre un business .
Il y a donc lieu ,selon lui, de produire stratégiquement en tenant compte de ce que l’on sait du marché, en termes de quantités, de qualité requise, des prix et de leurs fluctuations en fonction des périodes, etc… ;la recherche du changement de comportement chez les agriculteurs et les agents de vulgarisation dans ce passage de la posture « produire et vendre » à la posture « Produire pour vendre »; la recherche de la motivation continuelle et l’autonomisation des agriculteurs et du personnel de vulgarisation.
« Ceci crée des conditions telles que les parties prenantes agissent de leur propre gré, poussées par leur seule motivation autonome », a poursuivi cet ingénieur.
Perspective de l’approche SHEP en RDC
Après la participation de deux experts de la direction de production de végétaux du ministère de l’Agriculture à l’atelier international sur l’approche SHEP qui s’est tenu du 12 au 15 décembre 2023 à Dakar, convaincus des avantages que peut apporter cette approche en RDC, l’autorité publique à travers le ministère de l’Agriculture a opté pour son intégration dans l’ensemble du circuit agricole du pays.
« Des lettres ont été adressées aux partenaires du développement qui agissent dans le secteur agricole par le secrétaire général à l’Agriculture José Ilanga Lofanga notamment le FAO et le FIDA relative à la demande de l’intégration de l’approche SHEP dans les programmes », a rapporté la source.
Outre ces lettres adressées aux coordonnateurs des projets PEJAB et PADRIR, la source a ajouté que les projets ont également été mis en œuvre par ces partenaires à cet effet et dans le cadre de renforcement des capacités des petits producteurs encadrés par lesdits projets.
Pour la RDC, tout est parti d’une formation organisée en ligne en février 2022 sur cette approche par l’Agence japonaise de la coopération internationale (JICA) à laquelle plusieurs experts de la direction de production des végétaux(DPRODV) du ministère de l’Agriculture avaient participé, avant que ne s’en suivent d’autres formations à dimension internationale.
ACP/KHM