Kinshasa, 4 juin 2025 (ACP).-Le Programme alimentaire mondial (PAM) est à la recherche de plus de 500 millions de dollars pour faire face à la crise humanitaire croissante qui sévit en République démocratique du Congo (RDC) suite aux conflits armés, selon un rapport reçu mercredi par l’ACP.
« En RDC, le PAM a un besoin urgent de 433 millions de dollars pour financer ses opérations d’urgence jusqu’en octobre 2025. Sans soutien immédiat, des millions de personnes risquent d’être privées d’une aide vitale, ce qui ne ferait qu’aggraver la crise humanitaire à l’échelle nationale et régionale. L’organisation cherche également à réunir 72 millions de dollars pour venir en aide aux réfugiés dans les pays limitrophes — le Burundi, le Rwanda, la Tanzanie et l’Ouganda — d’ici à la fin de l’année », a-t-on lu.
Selon la source, sans financement additionnel, l’assistance alimentaire assurée actuellement par le PAM en faveur des réfugiés pourrait être interrompue dès le mois d’octobre.
Dans le cadre de sa réponse transfrontalière, le PAM soutient actuellement plus de 80 000 réfugiés au Burundi, dont 25 000 ont fui les violences en RDC depuis janvier. En mars dernier, faute de moyens, l’agence a dû réduire les rations alimentaires à la moitié pour l’ensemble des réfugiés.
Selon le rapport, au Rwanda, plus de 130 000 réfugiés, dont plus de 15 000 récemment arrivés de la RDC, ont vu leur aide en espèces réduite de moitié en avril.
« En Tanzanie, les rations alimentaires pour les 186 000 réfugiés originaires du Burundi et de la RDC ont chuté de 82 % à 65 % en mai, et devraient encore baisser à 50 % en juin. En Ouganda, où les taux de malnutrition aiguë dépassent le seuil d’urgence (15 %), le PAM soutient aujourd’hui quelque 630 000 réfugiés, contre 1,6 million en avril, en raison de contraintes budgétaires », a renchéri la source.
Près de 140 000 Congolais en errance
Selon le rapport, près de 140 000 Congolais ont fui vers les pays voisins au cours des quatre premiers mois de l’année. Ces mouvements massifs de population contribuent à une véritable « crise de la faim » qui s’étend désormais au Burundi, au Rwanda, à la Tanzanie et à l’Ouganda, exacerbant les besoins humanitaires dans toute la région.
« Au cours des quatre premiers mois de 2025, près de 140 000 Congolais ont fui vers les pays voisins, le Burundi et l’Ouganda recevant les afflux les plus importants (70 000 et 60 000 respectivement). Les personnes qui fuient ont abandonné leurs fermes, et beaucoup n’ont pas accès aux services essentiels tels que la nourriture, le logement et les soins de santé », peut-on lire dans le rapport.
L’organisation onusienne rapporte également que les femmes, les enfants et les personnes âgées figurent parmi les plus touchées. Ils dépendent de l’aide alimentaire et font face à des risques accrus dans des sites de déplacement surpeuplés et dépourvus de ressources dans les pays d’accueil.
Selon le PAM, dans les provinces orientales de la RDC touchées par le conflit (Ituri, Nord-Kivu, Sud-Kivu et Tanganyika), le nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë est passé de 6,6 millions à 7,9 millions. Environ 2,3 millions d’entre elles sont en situation d’insécurité alimentaire extrême.
La production alimentaire dans le Grand Nord du Nord-Kivu, un important centre agricole de l’est de la RDC, est profondément affectée par l’escalade de l’insécurité et les déplacements massifs. Selon la dernière évaluation, plus de 90 % des ménages du Nord-Kivu et du Sud-Kivu sont confrontés à des niveaux aigus d’insécurité alimentaire. Nombre d’entre eux sont contraints de réduire la taille de leurs repas, de consommer des aliments moins nutritifs ou encore de recourir à la mendicité.
Face à cette situation, l’agence onusienne intensifie ses efforts pour s’assurer que l’aide vitale parvienne aux communautés déplacées, mais l’assistance actuelle ne répond toujours pas aux besoins croissants.
ACP/UKB