RDC : les industries à faible technique, un atout pour une économie émergente (Expert en gestion de politique économique)

Kinshasa, 27 novembre 2023 (ACP).- Les industries des produits à faible technique constituent une source de croissance autoentretenue en République démocratique du Congo(RDC) et leur faisabilité influe positivement sur la demande globale des biens manufacturiers sur le marché local, a-t-on appris lundi d’un expert.

«Les industries des produits à faible technique constituent une source de croissance en vue d’atteindre l’émergence de l’économie congolaise à brève échéance. Leur faisabilité a des effets positifs sur la demande globale des biens manufacturiers et sur la croissance endogène, développé à l’image de la théorie du «vol d’oies sauvages»,», a déclaré M. Mwika Bafumba Bokolota, expert en gestion de politique économique.

Selon ce dernier, le Japon et certains pays du sud-est asiatiques sont des illustrations frappantes qui ont appliqué ce modèle de développement en «vol d’oies sauvages» proposé par l’économiste japonais Kaname Akamatsu.

Pour M. Bafumba, la RDC, pays doté des potentialités inimaginables pourrait s’engager vers son réel décollage et sortir de l’économie congolaise, essentiellement confinée dans le secteur informel. «L’économie congolaise souffre du phénomène de syndrome des matières premières caractérisé par un faible développement de son économie face à une pauvreté persistante en dépit de ses richesses naturelles.», a dit cet expert.

Il a indiqué que la RDC doit atteindre le stade des pays à revenu intermédiaire à brève échéance pour jouir véritablement de ses ressources naturelles.

«Notre pays devrait prendre la voie des réformes économiques et de transformations sociales basées sur l’agro-industrie avec des produits agroalimentaires en vue d’assurer la sécurité alimentaire et nutritionnel, le progrès technique, la création des valeurs, la structuration des filières ainsi que le développement de l’emploi rural.», a-t-il dit.

Les activités de transformation des produits agricoles constituent un secteur très important de l’économie en développement, la forte dépendance de l’économie nationale aux produits miniers l’expose aux fluctuations des cours mondiaux, a relevé M.Bafumba, soulignant que la forte dollarisation de l’économie limite l’efficience de la politique monétaire.

A en croire ce scientifique, il est une évidence que l’amorce de ce processus constituerait une panacée aux maux qui gangrènent l’économie congolaise. Ceci parce que, depuis des lustres, bon nombre de plans de développement, calqués à l’image des pays d’outres mers, ont été proposés voire imposés au pays par ses partenaires traditionnels et que de ce fait, le gouvernement congolais n’a eu d’autres choix que de les appliquer en contrepartie de fonds attendus des mêmes partenaires.


Avantages du modèle des produits à faible technique


L’expert, Bafumba a avancé que la mise en œuvre de ce modèle de développement pourrait renforcer le niveau de compétitivité de l’économie congolaise qui reste quasi-inexistante en Afrique, voire dans le monde et ainsi donner place au « Esalemi Na Congo ». Ceci à partir des produits issus des filières de cultures vivrières et céréales, des racines et tubercules, des légumes et légumineuses, des oléagineux, de sylviculture, des fruits, etc.

«La faible évolution de la production par filière dénote du manque d’intérêt entrepreneurial dans les activités agricoles dues en partie à plusieurs facteurs notamment la crainte par les investisseurs dans un pays en proie à l’insécurité car la production n’arrive toujours pas à couvrir le déficit alimentaire et nutritionnel de la population congolaise», a-t-il souligné.

«Ce déficit se justifie par le fait que cette production n’est pas proportionnelle ou en corrélation avec la croissance démographique. Cette croissance démographique qui a connu une augmentation sensible laisse croire à une quasi absence des politiques de développement dans ce secteur pourtant vital et à l’insuffisance des usines de transformation modernes et adaptées en produits manufacturiers», a-t-il ajouté.

Cette quasi-inexistence, a-t-il expliqué, est aussi justifiée par le faible niveau de développement des industries pouvant transformées localement certains produits de portée nationale et internationale. D’où, les propositions pour la RDC de réaliser une nouvelle approche pour consommer, plus que jamais, ce qu’on produit et produire ce qu’on consomme.

Ceci peut être rendu possible par des modèles de ce genre orientés vers la recherche, l’éducation et l’innovation a indiqué le scientifique.

Ce modèle qui s’apparente à celui du vol d’oies sauvages en prenant les réalités propres de la R.D.Congo s’allie également à celui de l’industrie-industrialisante de Gérard Destanne visant la création d’un développement industriel important en partant d’une base modeste.

En clair, un pays initie le processus d’industrialisation sur un produit à faible technique, il en devient exportateur pour ensuite l’abandonner en faveur d’un produit à plus haute valeur ajoutée. Cet abandon conduit un autre pays à entamer son propre processus d’industrialisation.

Dans ces conditions, trois phases interviennent : le pays importe le produit, puis substitue la production et enfin se donne comme objectif d’atteindre une économie émergente. ACP/KKP

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