Kinshasa, 17 juin 2025 (ACP).- Un appel à l’État pour réformer la Gécamines, entreprise minière publique en République démocratique du Congo, a été lancé mardi à Kinshasa par un expert du secteur extractif lors d’un entretien avec l’ACP, suite à la publication du rapport des députés nationaux à l’issue d’un contrôle parlementaire.
« Il faut amorcer un processus d’évaluation, on doit suggérer des actions, une volonté politique forte et sérieuse de l’État de vouloir entamer la réforme de la Gécamines, c’est à partir de ce moment- là que je pense qu’on sera conscient de ce qu’on fait pour redémarrer cette entreprise du portefeuille de l’Etat », a déclaré M. Jean-Pierre Okenda, analyste et expert du secteur extractif. « Je salue le contrôle parlementaire des députés à la Gécamines. On ne peut pas laisser les entreprises dans les mains des dirigeants qui ne veulent pas rendre de comptes, ni pratiquer une gouvernance exemplaire et transparente », a-t-il dit.
Selon lui, la Gécamines évolue dans un écosystème de gouvernance politique et sociale de la RDC, caractérisé par des prédateurs financiers qu’il faut démanteler.
La relève de la Gecamines encore possible
La Gécamines peut être encore relevé, c’est possible, a soutenu Jean-Pierre Okenda, à condition qu’on sache ce qu’elle représente aujourd’hui cette entreprise, sa valeur net en terme d’actif et de passif.
« Il faut savoir aussi qu’elle a vraiment de dettes très importantes, il faut d’abord commencer par savoir parmi ses dettes, laquelle est assurable ou pas », a-t-il fait savoir.
Selon lui, à ce jour, il existe un problème au niveau de l’évaluation de ce que la Gécamines a ou pas comme actif en termes aussi de permis ou de concession, l’essentiel ayant été déjà cédé.
C’est à partir de l’évaluation qu’on prendra l’option d’aboutir à la réforme ou encore ouvrir le capital de la Gécamines aux capitaux privés.
Cependant, la relève de la Gécamines est fondamentalement tributaire des règles de gouvernance, de la clarification des rapports de la relation avec l’État congolais, a souligné cet expert dans le secteur des mines.
Il a soutenu que la Gécamines n’est plus rentable, elle arrive à peine à produire 10 mille tonnes, elle est devenue comme une société de services dépendant principalement des recettes de partenariat. D’où, selon lui, il faut libérer la Gécamines de l’emprise de la classe politique qui en a fait un coffre de dollars.
Le rapport de la mission parlementaire dirigée depuis le 8 mai par le député national John Kabeya Mbonda a été remis le 9 juin au président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe.
Ce rapport appelle à une réforme urgente pour redresser la Gécamines qui « fonctionne sans budget ni planification », avait affirmé le député qui a conduit cette commission.
ACP/