Kinshasa, 07 juin 2025 (ACP).- L’absence d’une politique éducative adaptée aux enfants vivant avec un handicap mental (EVHM) et une faible réponse institutionnelle ont été dénoncée samedi à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo(RDC), lors d’un entretien.
«La réponse institutionnelle reste très limitée, pour ne pas dire inexistante. Nous faisons face à un désert de structures adaptées, un cruel manque de personnel formé et une absence quasi totale de financement. Nous dénonçons l’absence d’une politique éducative adaptée aux enfants vivant avec un handicap mental (EVHM)», a déclaré Antony Musanganya, psycho-éducateur des enfants vivant avec handicap mental.
Selon lui, le système éducatif actuel ne tient pas compte de la diversité des besoins liés aux handicaps mentaux. Trop d’écoles ne disposent ni d’équipements adéquats, ni de ressources humaines formées pour accompagner ces enfants.
«Sur le terrain, l’inclusion est un mot vide. Les familles se retrouvent seules, sans aucune orientation ni soutien. Elles doivent tout assumer, souvent dans des conditions économiques très difficiles», a-t-il ajouté, avant de souligner que l’idée d’une école inclusive est souvent mentionnée dans les discours officiels, mais les éducateurs interrogés estiment que cette volonté reste largement théorique.
Dans la réalité, très peu d’établissements sont réellement capables d’accueillir des enfants ayant des besoins spécifiques, a fait savoir M. Musanganya.
« Ce qui manque, ce sont des actes concrets. Former des enseignants spécialisés, équiper les écoles, fournir des outils pédagogiques adaptés… Rien de tout cela n’est pris en charge à l’échelle de l’État. Et les quelques structures existantes survivent grâce à l’engagement personnel des éducateurs ou au soutien des ONG, mais ce n’est pas suffisant », a-t-il précisé.
Pour lui, cette situation a un impact direct sur les éducateurs eux-mêmes. Ils travaillent dans des conditions extrêmement précaires, avec un stress quotidien élevé.
«La fatigue émotionnelle est permanente. Les matériels didactiques spécialisés sont rares ou trop chers. Il faut improviser, bricoler, et cela épuise. Pourtant, nous continuons parce que nous croyons en ces enfants. Ils ont un potentiel immense, mais encore faut-il leur donner les moyens de s’épanouir» a-t-il soutenu.
Face à ce constat alarmant, M. Musanganya a appelé les autorités à sortir du silence et à faire preuve de courage politique.
«Nous avons besoin d’un engagement clair, accompagné d’un budget conséquent. Il faut investir dans la formation d’éducateurs spécialisés, créer des centres de prise en charge dans toutes les provinces, et développer des programmes éducatifs différenciés. Ce ne sont pas des dépenses inutiles, c’est un investissement dans l’avenir de notre société», a-t-il martelé.
«Tant qu’on ne mettra pas en place une vraie politique inclusive, fondée sur la réalité du terrain, ces enfants continueront à être marginalisés. Et c’est une perte pour tout le pays», a-t-il conclu.
ACP/UKB