Kinshasa, le 30 juin 2025 (ACP).- La représentativité des femmes au sein des institutions en République démocratique du Congo a été abordée lundi, à Kinshasa, lors d’une ronde effectuée par l’ACP, à l’occasion de la fête de l’indépendance du pays, célébrée annuellement le 30 juin.
« 65 ans après l’indépendance, nous pouvons dire que la représentativité des femmes est encore à désirer. Dire qu’elle est effective serait mentir, parce que la réalité nous prouve le contraire. Neanmoins nous pouvons souligner ou mettre en exergue les prouesses que les femmes congolaise ont eu à réaliser jusque là. Nous avons eu un premier ministre dans l’histoire de notre Etat souverain et c’était un renversement de la donne pour un poste de commandement où nous avons toujours eu des hommes, où les élèves ont toujours eu à étudier le genre masculin pour ce poste. C’est donc une représentativité très limuneuse pour ce qui est de la femme congolaise », a déclaré Irma Nswele Nela, juriste.
« Les femmes font faces à plusieurs défis qui ne reposent pas simplement que sur sa volonté. C’est pourquoi les femmes qui excellent aujourd’hui, qui se battent pour représenter les autres sont butées à divers embûches« , a-t-elle ajouté, avant appeler les femmes à une prise de conscience collective pour gagner sa représentativité effective au sein des institutions.
« L’idéal à réaliser c’est une prise de conscience collective. C’est un appel, c’est une sensibilisation de chaque personne, non seulement des femmes à l’égard des femmes, mais de tous Congolais à l’égard des femmes. Une sensibilisation à l’égard des hommes qui essaient de mettre le bâton dans les roues pour que celles-ci ne puissent pas accéder aux postes décisionnels« , a dit Mme Nswele.
« Nous devons plus sensibiliser, surtout que nous sommes face à divers femmes qui n’ont pas eu droit à l’instruction et cette défaillance met en difficulté la représentativité des femmes et cela reste un défi à relever. C’est pourquoi, il faut passer plus par la sensibilisation des femmes, mettre en avant la sororité, c’est-à-dire que les femmes puissent s’encourager au lieu de chercher à mettre les autres en difficulté pour ne pas se faire gouverner par elles« , a-t-elle ajouté.
Elle a, en outre, interpelé les femmes à s’entraider, à voir les potentiels qu’il y a chez les autres qui sont méritantes afon de les mettre en avant et les encourager.
Elle a, en outre, appelé les hommes à promouvoir la masculinité positive, en mettant en avant les femmes qui sont méritantes et non s’entraider entre eux en se disant qu’ils ne peuvent pas être dirigés par des femmes.
Les pesanteurs socio-culturelles néfastes, obstacles à la représentativité effective femmes
Mme Tanya Yeme, membre de l’Union congolaise des femmes des médias (Ucofem) a, pour sa part, présenté les pesanteurs socio-culturelles néfastes, notamment les attitudes patriarcales au sein des communautés, comme des obstacles à la représentativité effective des femmes dans des postes décisionnels en RDC, 65ème ans après indépendance du pays.
« Les pesanteurs socio-culturelles néfastes ou dégradantes ainsi que les stéréotypes du genre constituent jusqu’ici des obstacles pour l’accès effectif des femmes aux postes décisionnels. Cette attitude, ce penchant patriarcale reposent encore sur une grande partie de la communauté congolaise« , a-t-elle dit.
« La femme elle-même se met en retrait pour certains métiers et carrières dits « des hommes », notamment les sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (Stim). Ce qui fait que 65 ans après, l’indépendance de la RDC, la gent féminine continur de faire face à ces défis pour s’affirmer et se bat pour sa vraie représentativité, conformément à l’article 14 de la Constitution du pays», a-t-elle renchéri.
Mme Yeme a également invité les femmes à faire preuve de résilience face aux injustices et à l’inégalité dont elles sont victimes.
« Le combat pour la vraie émancipation des femmes en RDC concerne toutes les femmes sans distinction de classe sociale. Face aux injustices et inégalités, les femmes doivent faire preuve de résilience, car l’égalité des chances n’est pas un cadeau, plutôt un droit que la femme doit jouir« , a-t-elle indiqué, avant de saluer les avancées significatives de la gent féminine en RDC, notamment en politique, en économie et dans la lutte contre les violences sexuelles, tout en reconnaissant que des défis persistent encore, notamment en matière d’accès à l’éducation, à l’emploi décent et à la pleine jouissance de leurs droits.
Le renforcement des lois suggéré pour une représentativité effective des femmes
Par ailleurs, Mme Gradie Mutombo a suggéré un renforcement des lois pour maintenir une représentativité effective de la femme au sein des institutions en République démocratique du Congo.
« La représentativité des femmes a beaucoup évolué de 1960 à ce jour, que ce soit dans la sphère politique, dans le domaine éducationnel et entrepreneurial. Mais elle reste encore insuffisante parce que dans beaucoup de cas les femmes sont sous représentées dans le poste de décision. D’où l’importance de renforcer et de mettre en place des lois pour sécuriser la gent féminine et promouvoir ainsi sa représentativité effective dans des postes clés« , a-t-elle indiqué.
« Le manque des lois spécifiques, notamment en ce qui concerne led violences basées sur le genre (VBG), font que les femmes restent toujours marginalisées par les normes culturelles qui pèsent encore sur elles. Elles sont freinées par des inégalités qu’elles rencontrent au jour le jour dans la société, des inégalités d’accès à certaines ressources », a-t-elle renchéri.
Mme Mutombo a préconisé la multiplication des réseaux et des mentorats des femmes leaders pour former d’autres sur le leadership.
« On devrait renforcer des lois et le quota sur la parité. Il faudrait qu’on éduque les jeunes filles dès les bas âges, les sensibiliser et créer en elles un éveil. On devrait encourager et soutenir les femmes leaders, créer des réseaux et des mentorats pour permettre à former plusieurs femmes. C’est vrai que ces réseaux existent déjà, mais ce n’est pas suffisant, car toutes les femmes n’ont pas accès à ces réseaux là. Créer plusieurs réseaux de mentorats qui permettront à n’importe quelle femme, quel que soit son milieu social d’y avoir accès afin que la représentativité des femmes soit effective en République démocratique du Congo », a-t-elle recommandé.
En République démocratique du Congo la Constitution du 18 février 2006, en son article 14, consacre le principe de la parité entre l’homme et la femme dans l’accès aux responsabilités publiques. Elle exige des pouvoirs publics la mise en place de mesures législatives et autres pour promouvoir une représentation équitable de la femme dans toutes les institutions.ACP/