Kinshasa, 12 mai 2024 (ACP).- Deux cents jeunes professionnelles du sexe du quartier « Pakadjuma » dans la commune de Limete, dans le sud-ouest de Kinshasa, en la République démocratique du Congo , formées en divers métiers, ont été lancées samedi, sur le marché de l’emploi, lors d’une cérémonie.
« Je loue et félicite l’initiative de former cette catégorie marginalisée de la population, ce qui est une contribution significative susceptible de matérialiser nuit et jour la vision du Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi, en formant les hommes et les femmes en divers métiers, en promouvant l’autonomie des jeunes à travers des formations qualifiées pour booster l’entrepreneuriat et la classe moyenne en RDC », a déclaré Antoinette Kipulu, ministre de la Formation professionnelle et Métiers.
« Ces jeunes filles non scolarisées du quartier précité ayant bénéficié des formations notamment en coupe et couture, esthétique, coiffure, informatique et alphabétisation ont été lancées sur le marché de l’emploi pour réduire la pauvreté et soutenir leur autonomisation », a-t-elle ajouté.
« L’insertion des jeunes sur le marché du travail constitue un enjeu majeur dans notre pays. Face à un taux de chômage élevé et à la concurrence accrue, il est essentiel de mettre en place des mesures efficaces pour favoriser leur intégration durable pour concrétiser la vision du Président de la République, celles de créer 6, 4 millions d’emplois en 5 ans pour son second mandat. C’est l’importance de notre présence en ce lieu pour honorer et valoriser nos jeunes filles », a poursuivi Mme Kipulu.
Mme Pascaline Zamuda, coordinatrice nationale du Cadre de récupération et d’encadrement pour l’épanouissement intégral des jeunes (CREEJ) a, pour sa part, brossé un tableau plus sombre des réalités vécues par les femmes de « Pakadjuma », un quartier de Kingabwa, reconnu principalement pour la prostitution comme source des revenus des femmes et jeunes filles, en associant également d’autres fléaux tels que la drogue et la déscolarisation.
« Aujourd’hui, ensemble avec les membres de notre structure, menons des plaidoyers auprès des autorités congolaises et les partenaires techniques et financiers pour continuer d’accompagner sans faille ces jeunes filles afin d’éviter le pire dans les jours à venir et de peur qu’elles retournent dans les cases du départ », a-t-elle renchérit.

Une dotation du gouvernement congolais pour encourager les apprenants
Par cette même occasion, la ministre de la Formation professionnelle et métiers a, au nom du gouvernement, remis un lot d’ordinateurs et des machines à coudre au Centre ‘’la Grâce’’ qui s’occupe de la pratique pour soutenir les efforts consentis.
« Je profite également de cette rencontre pour encourager les lauréates avec quatre (4) bourses d’études, qui, dans un bref délai, vont aller au Maroc poursuivre plusieurs formations appropriées pour approfondir davantage leurs connaissances et compétences afin d’être compétitives sur le terrain », a- t- elle annoncé.
De leur côté, les apprenants, reconnaissantes de leurs transformation sociale, ont remis des cadeaux faits à leurs mains à la ministre Antoinette Kipulu Kabenga et aux autres invités des marques venus pour la circonstance, pour prouver la qualité de la formation dont elles ont bénéficié et leurs utilités dans la société.

Un tableau du quartier Pakadjuma et son caractère particulier
Le quartier Pakadjuma à Kingabwa dans la commune de Limete, un bidonville de la banlieue, a une image ternie dans la ville de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC), défiant les bonnes mœurs.
Pakadjuma, réputé comme un quartier où règne le banditisme urbain appelé communément <<Kuluna>> pratiqué par les jeunes délinquants.
La spécialité de ce coin très renommée est la prostitution à ciel ouvert qui commence à un âge de plus en plus bas. « Ici, les filles mangent à la sueur de leurs corps. Un bidonville unique en son genre, par son infrastructure hors normes et surtout par la mentalité de ceux qui le gouvernent ».
La perception des Kinois sur les femmes qui vivent à Pakadjuma n’est autre que le mépris, le rejet et dénigrement.
Elles s’auto-excluent du reste de la communauté et seuls les Kinois curieux fréquentent ce quartier tentaculaire qui paraît comme un monde parallèle.
Le quartier s’illustre par une ingéniosité de la pauvreté et une forte promiscuité. À la première vue, on découvre des habitations constituées des amas de pièces des ferrailles, des plastiques et triplex couverts des tôles usés surplombées de câbles électriques à moitié dénudés et dressés d’une manière désordonnée.
Poubelles de fortunes, des bourbiers, eaux stagnent dans les avenues, déchets en plastiques et autres posés çà et là.
Déjà de loin, on peut percevoir des préservatifs utilisés jetés dans les rues. C’est la réalité de ce quartier. Ce quartier est né de façon spontanée à la suite des effets de l’exode rural dans les années 1980.
Sous une grande émotion des témoignages poignant de quelques filles transformées des professionnelles du sexe en des personnes utiles dans la vie socio – professionnelle, s’est clôturée cette activité organisée par le Cadre de récupération et d’encadrement pour l’épanouissement intégral des jeunes, le Centre d’autorisation ‘’la Grâce’’ avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la population UNFPA et l’ambassade de la Norvège en RDC. ACP/ KHM