Kinshasa : appel à lutter contre l’exploitation des enfants accompagnateurs d’aveugles et malvoyants

Kinshasa, 28 septembre 2023 (ACP).- Un appel a été lancé jeudi, par la division de la protection de l’enfant, aux  autorités de prendre des mesures pour lutter contre l’exploitation des enfants accompagnateurs d’aveugles et malvoyants dans les rues de Kinshasa en République démocratique du Congo, lors d’un entretien avec l’ACP.

 « Nous avons lancé cet appel aux autorités qui assistent à ce spectacle, de prendre des mesures adéquates pour lutter contre l’exploitation des enfants accompagnateurs d’aveugles et malvoyants en âge scolaire par leurs proches pour des fins personnelles. Car nous avons des secteurs d’intervention assez différents. Nous nous sommes en amont dans la prévention et la partie d’intervention, c’est les affaires sociales», a fait savoir le chef de division de la protection de l’enfant au ministère du Genre, Gilbert Lusamba.

 Et d’ajouter : « c’est les affaires sociales qui ont des structures et des centres qui doivent suivre ce cas, peut-être pour pouvoir entrer en contact avec ces personnes. Il y a des centres où l’on héberge que des personnes handicapées et des endroits où les enfants doivent être internés, hébergés et assistés ».

Pourtant, ces enfants sont sur le boulevard triomphal, à quelques encablures du Palais du peuple, siège du Parlement et leur éducation est compromise.

« Ils sont de plus en plus nombreux à accompagner les aveugles et les malvoyants et d’autres leurs parents aveugles et malvoyants sur les grandes artères de la ville pour mendier. Ces enfants, pour la plupart des mineurs, sont dans la rue au moment où ils devraient se retrouver à l’école. Accusés de compromettre l’éducation des enfants en les amenant dans la rue, ces derniers  s’en défendent. Ils demandent que leurs enfants soient pris en charge par les autorités », a souligné M. Lusamba. 

« Ces malvoyants et aveugles avec leurs accompagnateurs envahissent  ce carrefour. Quand le feu est vert, ils se mettent au bord de la route pour ne pas être écrasés par les véhicules. Une fois que le feu rouge s’allume, ils prennent la chaussée. Guidés par ces derniers, ils  s’approchent des véhicules pour quémander. Cette scène se déroule plusieurs fois dans la journée au moment où les enfants devraient être à l’école », a-t-il renchéri.

Réactions des parents malvoyants et des enfants

L’un des parents et personne malvoyante, Ange Mambweni, a pour sa part, expliqué : « je viens chercher pour survivre avec mes enfants. Je n’ai personne pour m’aider, c’est pourquoi je viens demander de l’aide pour les scolariser, payer le loyer, prendre en charge notre santé et bien d’autres choses. Cet enfant étudie à Kimbanseke, je sors avec lui. Il étudie une semaine l’avant-midi et une autre semaine l’après-midi. Malgré l’utilisation de nos progénitures comme guides, nous souhaitons que nos enfants ne passent pas toute leur vie dans la rue», ».

 « Comme aujourd’hui j’étudie les après-midis. Nous arrivons ici aux environs de 7 heures et à 9 heures 40 nous rentrons à la maison pour que j’aille à l’école. a dit sa fille, Madeline Mambu. 

L’autre personne malvoyante, Montana Mambu,  a , de son côté, dit :  «j’ai commencé à quémander dans la rue dans la commune  de la Gombe plus précisément au niveau de Sabena pour la souffrance. On se débrouillait au Beach Ngobila. Depuis qu’on l’a fermé, nous ne savons pas à quel saint se vouer».

Par ailleurs l’autre malvoyante, Thérèse Lusoki qui  faisait aussi le trafic entre Kinshasa et Brazzaville, au Beach Ngobila, a demandé aux autorités de leur venir en aide.

« Nous en avons marre de la mendicité. On ne s’attendait pas à quémander sur la route, c’est la force des choses. Si on nous prend avec nos enfants en charge, nous allons arrêter cette vie ». ACP/KHM/ODM

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