Kinshasa, 10 juin 2025 (ACP).- Des défis et des avancées de la gent féminine en République démocratique du Congo (RDC) ont été développés, mardi, à Kinshasa, lors d’un colloque international axé sur le thème : « Les femmes dans la société et dans l’église à Kinshasa, trente-six ans après Malula. Savoirs d’hier, pratiques d’aujourd’hui et regards de demain ».
« La condition féminine a connu des avancées significatives, mais aussi des défis persistants. Si, au 20ème siècle, l’éducation et l’émancipation économiques des femmes étaient des enjeux centraux, le 21ème siècle voit émerger de nouvelles problématiques liées à la transformation numérique » a déclaré sœur Odette Sangupamba, professeure à l’Université catholique du Congo (UCC).
« L’accès des femmes à l’éducation s’est globalement amélioré, notamment en milieu urbain, favorisant leur participation à des secteurs autrefois réservés aux hommes. Si le cardinal Malula était témoin des réalités sociopolitiques de l’ère numérique, il serait sans doute frappé par les transformations majeures ayant affecté la condition féminine. D’une part, il constaterait avec satisfaction des avancées dans l’éducation des femmes, leur accès croissant aux responsabilités et leur rôle actif dans les débats sociaux et politiques. D’autre part, il s’inquiéterait de nouvelles formes de marginalisation et de violence dont elles sont victimes dans l’espace numérique », a-t-elle ajouté.
La sœur Sangupamba a, par ailleurs, évoqué quelques réalités des femmes, malgré certaines avancées. « Cependant, des inégalités subsistent, en particulier dans l’éducation. Les femmes sont minoritaires dans les zones rurales, où les traditions patriarcales et les difficultés économiques freinent leur autonomisation. On trouve très peu de femmes dans certaines carrières techniques et dans la carrière de la recherche. Et pourtant, les femmes sont dotées de plusieurs capacités naturelles pouvant les aider à progresser aux études », a-t-elle dit. « Malgré tout cela, certaines d’entre elles, faute de confiance en elles, se basant sur une certaine construction sociale qui stipule qu’il y a des métiers qui ne sont pas faits pour les femmes », a-t-elle renchéri, avant de souligner que de manière générale, les femmes sont minoritaires dans les carrières scientifiques.
Elle a rapporté que peu d’étudiantes choisissent les domaines liés aux sciences technologiques, informatiques et mathématiques (Steam), et que seulement 5% d’étudiantes choisissent les facultés des sciences naturelles, 8% choisissent les facultés d’ingénierie, fabrication et construction. Et dans le monde, on trouve seulement 30% de femmes chercheuses, chercheurs. En outre, elle a déploré le cyber harcèlement et les violences en ligne dont sont victimes les femmes à Kinshasa. « Les femmes sont particulièrement exposées au harcèlement sur les réseaux sociaux, ce qui peut avoir un impact psychologique et limiter leur participation à l’espace public. L’exploitation et la précarité numériques, ainsi que les nouvelles formes de travail digitalisées, offrent parfois peu de protection sociale et exposent les femmes à une précarité accrue », a-t-elle déploré.
Le premier volet de ce colloque, qui est scientifique, s’est tenu à l’Université de Mazenod. Le second volet qui est d’ordre pastoral, aura lieu à la paroisse cathédrale Notre-Dame du Congo avec deux journées de sessions, dont le thème principal est : « Les femmes dans la société et dans l’église à Kinshasa trente-six ans après Malula. Savoir d’hier, pratiques d’aujourd’hui et regards de demain ». ACP/