Kinshasa, 13 juin 2025 (ACP).- La non-subvention des médias par l’État congolais a été identifiée vendredi comme l’une des causes de l’abandon du journalisme par les femmes en République démocratique du Congo, lors d’un colloque international à Kinshasa, capitale du pays.
«Dans l’univers médiatique en RDC, l’État ne subventionne pas les médias qui sont professionnels, qui peuvent être commerciaux ou privés (…). Cette non-subvention est l’une des causes de l’abandon du journalisme par les femmes qui étaient très nombreuses au niveau de l’université. Ce qui fait que les meilleures femmes journalistes que nous avons connues à l’époque se dirigent ailleurs», a déclaré Emmanuel Luyatu, chef des travaux à l’Université des sciences de l’information et de la communication (Unisic).
«L’environnement social, politique et économique dans lequel évoluent les entreprises de presse ne permet pas aux journalistes de bien exercer leur travail, ni à respecter la déontologie qui régule ce métier, particulièrement les femmes. La femme pour moi, c’est un être des valeurs et des principes. Et le journalisme, c’est un métier qui fonctionne sur base de principes de l’éthique, liés à aux valeurs morales que les femmes doivent porter», a-t-il ajouté.
«Donc nous sommes dans un univers médiatique qui ne répond pas aux principes de ce que devait être un univers médiatique qui permet au journaliste qui est un architecte de la société, dans la collecte, le traitement et la diffusion de l’information, puisse travailler correctement. Même dans la gestion de la numérisation, les réseaux sociaux, il n’y a toujours pas de régulation. Et donc on se retrouve dans un univers médiatique qui ne permet pas le bon travail»,a renchéri M Luyatu.
A cette occasion il a loué l’implication des religieuses dans l’organisation de ce colloque.
«Je suis resté dans cette idée de beaucoup de respect pour les religieuses, et je suis content qu’elles soient dans la co-organisation de cette activité», a-t-il dit.
M Luyatu a, cependant relevé l’évolution de l’intégration des femmes dans les médias congolais confirmé par l’Union congolaise des femmes de Médias (Ucofem).
«L’Ucofem, c’est l’union congolaise des femmes des médias qui, en 2019, a affirmé que la République démocratique du Congo n’avait que 32% des effectifs féminins dans le secteur de médias. Et d’après le monitoring de l’Ucofem, via cette étude que je viens de citer, le rythme de progrès et de l’intégration du genre dans le média congolais vers l’égalité constatée en 2006, c’est pratiquement ralenti en 2019. Les femmes y sont mal représentées. Sur 2 982 personnes travaillant dans le média, 962 seulement sont des femmes. Ça, c’était un monitoring au niveau de Kinshasa», a-t-il martelé.
Les mamans catholiques appelées à lutter contre les VBG
Pour sa part, Claudine Tayaye, professeure à l’Université de Kinshasa (Unikin) a appelé les mamans catholiques à travailler main dans la main pour faire face à la guerre.
«Beaucoup de problèmes se posent aujourd’hui dans notre Église et dans notre société. Les mamans catholiques sont appelées à travailler main dans la main pour lutter contre les violences basées sur le genre (VBG) et pour faire face à la guerre, la faim, aux viols des femmes, l’instrumentalisation du corps de la femme, la mauvaise gouvernance, au phénomène enfants de la rue, la corruption, etc.», a fait savoir la Prof Tayaye.
Par ailleurs, elle a enfin soulevé la question de l’éradication spirituelle qui devrait être mise sur la table afin de retrouver l’esprit original du mouvement des mamans catholiques, celui qui rapproche avec le projet novataire du cardinal Malula.
«J’exhorte mes sœurs les mamans catholiques à relever le défi de l’unité afin de réaliser la fierté des mamans catholiques tel que voulu par le Cardinal Malula, femme fort, porte-parole, femme de prière, st1ble dans leur foyer s’occupant de l’éducation des enfants » a-t-elle conclu.
A la fin de cette session, tous les intervenants et participants ont déposé une gerbe de fleurs à la tombe du Cardinal Malula dans l’enceinte de ce cathédrale. Une grande messe marquant la clôture de ce colloque va être organisée à la paroisse Saint Joseph à Kinshasa samedi le 14 juin.
ACP/ODM