Kinshasa, 21 janvier 2024 (ACP).- Une synergie d’actions concrètes pour lutter contre les unions conjugales des enfants en République démocratique du Congo a été mise place samedi à Kinshasa, lors d’une réunion organisée par une structure de défense des droits des femmes.
« Il était question de mettre en place une synergie d’actions concrètes dans le but de trouver des mécanismes de plaidoyer pour lutter contre les unions conjugales des enfants et d’analyser le cas du Pasteur Kas Kasongo qui a épousé une mineure âgée de 17 ans », a déclaré Geneviève Mulobo, chargée de communication du Comité national femme et développement (CONAFED).
Ceci, a-t-elle soutenu, dans le but de fournir des propositions concrètes au gouvernement, au parlement afin de trouver des solutions susceptibles de mettre fin à cette pratique.
« C’est ainsi que nous avons fait appel aux experts dans la thématique de lutte contre les unions conjugales précoces pour qu’ensemble, nous puissions trouver des pistes des solutions pour mieux mener notre plaidoyer », a fait remarquer Mme Mulobo.
Abordant le cas du pasteur de l’Eglise primitive Kass Kasongo, Mme Mulobo a déclaré : « Où en sommes-nous ? Nous voulons que cette question soit analysée et nous pouvons donner des propositions concrètes au gouvernement, au parlement, signer des pétitions pour arriver à mettre fin aux unions conjugales des enfants en RDC ».
Cette rencontre s’inscrit dans le cadre du projet de lutte contre les unions conjugales des enfants ou mariages précoces, lequel est exécuté par le CONAFED en collaboration avec la Cellule de lutte contre la pédo-criminalité et cybercriminalité des ministères de la Justice et du Genre, ainsi que les différents acteurs des droits de l’enfant. Ce projet est soutenu avec l’appui technique et financier de « Girls First Fund ».
Ouverture d’une action publique contre le Pasteur Kass Kasongo
Le coordonnateur de la cellule, l’AG Joseph Kalonda, a informé l’assistance qu’il y a déjà une action publique ouverte à sa charge. « Il serait donc préférable d’attendre la suite des éléments d’enquête et de l’instruction du magistrat qui instruit ce dossier et voir à partir de ces éléments pour orienter nos réflexions », a-t-il expliqué.
A cette occasion, il a émis le vœu de voir les acteurs de la société civile descendre sur le terrain afin d’une part, de constituer une source d’information pour le parquet, et d’autre part, de servir des moyens de pression pour une instruction respectant les règles de droit.
M. Kalonda a, à l’issue de cette réunion, annoncé qu’une correspondance sera adressée à la ministre de Justice avec plusieurs ampliateurs parmi lesquels, le Procureur Général de Matadi, le Procureur de la République Près le tribunal de paix de Moanda pour faire pression sur le magistrat instructeur, tout en expliquant les responsabilités ainsi que le mal que connaitrait la RDC dans la lutte contre les mariages précoces si l’instruction n’aboutissait pas.
Il sied de noter que plus de 25 participants des organisations de la société civile et représentants des ministères sectoriels ont pris part à cette réunion.
Les associations de défense des droits des femmes, avocates et la CNDH se mobilisent pour saisir les ministères de la Justice et du Genre

La coalition des associations de défense des droits des femmes, des avocates et la Commission Nationale des Droits de l’homme (CNDH) se sont mobilisées samedi pour saisir les ministres de la Justice et du Genre Famille et Enfant afin d’obtenir leur implication dans l’affaire du 13ème mariage du pasteur Pierre Kasambakana.
Elles se sont unies pour dénoncer l’affaire du Pasteur Kasongo, représentant légal de l’église primitive Pierre Kas, qui a épousé une jeune fille adolescente pour sa 13ème femme, a laissé Grâce Israëlla Kangundu, coordonnatrice du Réseau des Femmes Leaders pour l’accès à la parole (RFLAP) et membre de cette coalition.
En dénonçant les mariages forcés et précoces à l’égard des jeunes filles congolaises, ces associations demandent l’implication des ministres de la Justice et du Genre pour engager des poursuites judiciaires et enquêter sur ce dossier qui a été ouvert depuis le 10 janvier dernier au parquet par le procureur général de la République du parquet près le tribunal de Paix de Muanda.
Ces associations ont précisé que seules les enquêtes pourront déterminer l’âge de la jeune fille « Meda » donnée en mariage au Pasteur Pierre Kasongo par ses parents.
Par ailleurs, la synergie a souligné que cette affaire porte atteinte à la pudeur, perturbe l’éducation des enfants et est une dépravation des mœurs.
Le Procureur général invité à sanctionner toutes les personnes impliquées

Une délégation composée des membres des organisations de la société civile congolaise et du Cadre permanent de concertation pour la femme congolaise (CAFCO) a été reçue vendredi, par le Procureur général de la République pour solliciter l’élargissement des poursuites judiciaires à toutes les personnes impliquées.
« Nous sommes venus voir le Procureur général de la République(PGR) pour lui soumettre les doléances de la société civile en rapport avec le dossier de mariage du pasteur Kasambakana alias pasteur Kas qui a épousé une fille visiblement mineure et sans son consentement dont notre précédente déclaration avait démontré que ce mariage violait pratiquement les lois de la République en ce que la fille, visiblement, selon les déclarations de son père et du pasteur Pierre Kasambakana lui-même, n’a pas consenti à ce mariage », a dit Me Philippe Ngoyi Wa Menji à l’issue de leur échange avec le PGR.
Cette délégation était mandatée par une vingtaine d’Organisations de la société civile (OSC) aux côtés du CAFCO qui est une plateforme des femmes de la société civile et des partis politiques engagées pour la promotion des droits humains spécifiques de la femme et la jeune fille.
Me Philippe Ngoyi Wa Menji a, à cet effet, souligné que c’est le Procureur général qui a le monopole de l’action publique et leur a rassuré de sa disponibilité à accompagner les organisations de la société civile dans cette lutte.
« C’est une lutte qui n’est pas celle de l’acharnement contre une personne mais celle de la défense des droits de la femme, de celles qui ne peuvent pas parler contre ce qui apparaît comme l’esclavagisme sexuel, mariage forcé. Donc voilà la raison pour laquelle nous sommes venus voir le PGR et nous en sommes très ravis qu’il soit vraiment alerté quant à ce », a-t-il souligné.
« Nous ne venons pas faire de la buzz mais il s’agit d’une fondamentale de la défense des droits des femmes. Donc, il y a un sérieux problème de dépravation des mœurs et qui parfois crée des conséquences. Nous voulons que les voix non pas seulement de cette fille mais de toutes les femmes qui entrent dans des unions forcées que leurs voix puissent être attendues », a précisé Me Ngoyi.
« Nous sommes tous debout pour nous battre contre ce comportement et alertons toute la population congolaise à dénoncer toutes ces personnes qui croient qu’elles peuvent par leur puissance parentale, ecclésiastique et financière prendre certaines personnes en otage et frôler même, il s’agit des cours et tribunaux d’en décider de l’esclavagisme sexuel », a-t-il insisté.
Que dit la Loi portant protection de l’enfant?
C’est en se référant aux différents textes légaux nationaux, régionaux et internationaux portant protection de l’enfant, interdisant le mariage forcé, spécifiquement la loi n°06/018 de 2006 modifiant et complétant le Décret du 30 Janvier 1940 portant Code pénal congolais en son article 174, que ces associations souhaitent la poursuite judiciaire et l’arrestation de toute personne impliquée dans cette affaire, en mettant ainsi en garde tout auteur de tels actes au risque de subir la rigueur de la loi. Elles fustigent ce geste ignoble qui constitue une violation grave des droits de l’Homme, et demandent à la population de dénoncer tout auteur des faits illégaux.
« C’est le Procureur général qui est la personne attitrée qui a, en lui seul, l’ancrage, la puissance et le monopole de l’action publique afin que les actions puissent être menées pour que la lumière et les droits de cette fille innocente à qui on fait dire de choses alors que de toute évidence il apparaît qu’elle n’a pas consenti à ce mari », a conclu Me Ngoyi.
ACP/KHM/CL