La résilience de la femme face aux conflits, une image d’espérance pour l’église (Cardinal Fridolin Ambongo)

Kinshasa, 09 juin 2025 (ACP).- La résilience de la femme face aux conflits a été révélée comme une image d’espérance pour l’église et la société, lors du lancement lundi à Kinshasa, capitale de la  République démocratique du Congo, d’un colloque international organisé du 09 au 13 juin 2025.

«La résilience de la femme est une image d’espérance pour l’église et pour la société, particulièrement pour nos familles. Ce sont les mamans qui tiennent l’essentiel de nos familles et qui donnent espérance à ceux qui vivent dans ces foyers », a déclaré le Cardinal fridolin Ambongo, archevêque métropolitain de Kinshasa.

Selon le Cardinal, dans notre contexte meurtri par des décennies de conflits et d’instabilité, la femme congolaise est le cœur bâton d’une résistance silencieuse et non violente ; elle est une mère qui souffre, mais qui demeure résiliente, elle porte et donne la vie, nourrit et protège les siens.

«À cause de la guerre ou à cause de la misère généralisée dans notre pays, la femme est parfois devenue veuve et mère d’enfants orphelins. Victime de différentes formes de violence et d’injustice, elle continue pourtant de se battre avec dignité, comme les commerçantes dans des marchés de fortune ou devant la maison, l’enseignante avec un salaire de misère, cette fonctionnaire sans reconnaissance ni promotion parce qu’elle est femme. La résilience de la femme congolaise indique clairement la lutte qu’elle mène pour conquérir et préserver sa dignité», a-t-il ajouté.

L’archevêque de Kinshasa qui a lancé officiellement ce colloque, a fait savoir que ce colloque ne se contente pas d’honorer la mémoire prophétique du cardinal Joseph Albert Malula, qui s’inscrit dans le prolongement vivifiant de son projet pastoral d’une église inculture, enracinée dans la culture africaine et solidaire de la femme congolaise dans ses combats et ses espérances.

«Cette rencontre se veut à la fois un acte de reconnaissance pour les femmes de notre archidiocèse et une interpellation pour aujourd’hui, quel avenir, le savoir d’hier et la pratique actuelle permettent-ils de construire avec les femmes pour elle et à partir d’elle ? », a-t-il interrogé, avant de souligner que ce colloque se tient à mi-chemin de l’année jubilaire, une année ancrée dans la certitude de l’espérance qui ne déçoit pas.

La femme, porteuse de bonnes nouvelles

Les participants au colloque

Pour sa part, Mme Yvonne Ifoku, présidente des « Mamans catholiques », structure co-organisatrice de ce colloque, a présenté la femme comme porteuse de bonnes nouvelles, selon la vision du cardinal Joseph Albert Malula.

«La dimension de la femme est en effet plus large que celle de l’instruction. La femme est porteuse de bonnes nouvelles. Marie-Madeleine nous l’avait démontré en étant la première à découvrir la résurrection du Christ. Le cardinal Malula a enrichi sa vision, en observant dans la jeunesse et dans la société congolaise. Il a créé la congrégation ‘’Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus’’ et plus tard le Mouvement des mamans catholiques, deux institutions phares à travers lesquelles il s’est inscrit dans la vision de notre Seigneur Jésus-Christ qui avait surmonté les barrières établies à son époque, en donnant une place de choix aux femmes », a-t-elle soutenu.

Elle a indiqué que ce colloque planchera sur le rôle et les fonctions des femmes de la société kinoise et congolaise, ainsi que dans l’Église, tout en déplorant le fait que l’apport des femmes est souvent méconnu de la société ; elles sont souvent victimes de désolation, des humiliations, des viols et autres violences sexuelles subies dans le pays, spécialement dans l’Est.

«En dépit de ce constat malheureux, les femmes font montre de forces psychologiques et spirituelles pour se relever et continuer la marche, Dieu les ayant dotées des aptitudes naturelles remarquables car, dans son plan divin, Dieu s’est souvent servi de la femme, comme personne aimante, combative et déterminée. Nous allons aussi parler de leur lutte au quotidien pour la libération, la considération et l’égalité», a-t-elle martelé.

La présidente de « mamans catholiques » a, à cette occasion, salué le combat du cardinal Joseph Albert Malula pour la promotion des femmes en République démocratique du Congo (RDC).

«Nous nous réunissons aujourd’hui pour rendre hommage à l’héritage visionnaire du cardinal Malula, dont la pensée continue d’éclairer notre église et notre société. 36 ans après son départ, parmi ses nombreuses réalisations, c’est le combat pour la promotion des femmes qui a le plus retenu notre attention pour ce colloque», a-t-elle dit.

«C’est avec une joie profonde et une grande fierté que je prends la parole au nom de toutes les mamans catholiques de la République démocratique du Congo, spécialement, celles de l’Archidiocèse de Kinshasa et de la diaspora. Comme vous le savez, notre mouvement est l’œuvre du cardinal Joseph Albert Malula. En créant ce mouvement, l’archevêque de Kinshasa, d’heureuse mémoire, voulait que la femme qui était réduite à son rôle de maternité, ait la place qu’elle mérite au sein de la société congolaise et de l’église», a-t-elle renchéri.

Selon Mme Ifoku, s’il est vrai que la première femme, nommée Eve, a participé activement au péché dit originel, n’oublions pas qu’une autre femme, la Sainte Vierge Marie, a obtenu de Dieu, créateur du ciel et de la terre, la grâce de devenir la mère de notre Seigneur Jésus-Christ et la mère de l’église.

La collaboration entre les hommes et les femmes évoquée

«La femme n’est pas seule, elle est une des mains du corps et dans ce sens, il faudrait travailler pour qu’advienne une collaboration entre hommes et femmes dans la société et dans l’Église. Le Cardinal Joseph Albert Malula avait bien perçu et compris cette dynamique et il s’était appliqué pour que les femmes soient formées et engagées dans la société et dans l’Église. Il a ainsi cherché à promouvoir la liberté et la dignité de la femme dans le foyer, aussi bien dans la société que dans l’Église», a évoqué l’abbé Clet-Clay Mamvemba, secrétaire-chancelier de l’archidiocèse de Kinshasa, qui relayait le message de José Tolentino, préfet du dicastère pour la culture et l’éducation à Kinshasa.

L’abbé Mamvemba a noté que le combat mené par le cardinal Joseph Albert Malula dans la deuxième moitié du 20èmesiècle, trouve encore sa raison d’être dans notre monde du 21èmesiècle, notamment  en République démocratique du Congo, avec le théâtre de plusieurs affrontements, conflits et guerres. Dans ce contexte, a-t-il dit, les femmes sont des cibles privilégiées, le viol est même utilisé comme arme de guerre et leur dignité est complètement bafouée.

«Cette manière de faire contribue à mettre le pays en retard, car une des mains et un des poumons du corps sont ignorés. L’Église invite au respect de la dignité de la femme. Elle veut qu’elle assume pleinement son rôle, celui que lui a donné le Créateur pour le bien de la société», a-t-il appelé.

Macaire Manimba, recteur de l’université de Mazenod

Pour sa part M Macaire Manimba, recteur de l’université de Mazenod, a expliqué que ce colloque qui s’ouvre aujourd’hui, est l’initiative du groupe de théologie africaine et afro-descendante de l’Université de Montréal au Canada, en collaboration avec la congrégation des « Sœurs Thérésiennes de l’Enfant-Jésus » de l’Archidiocèse de Kinshasa et les « Mamans Catholiques ». Il vise à mettre en place un observatoire de la condition féminine en République démocratique du Congo et d’instaurer une semaine de la maman congolaise qui devra avoir lieu chaque année à Kinshasa autour de la date d’anniversaire de la mort du Cardinal Malula.

« Quant aux propositions des contributions au colloque, elles s’ordonnent autour de trois axes majeurs. Avec un total de douze conférences, le premier axe essaie d’appréhender les différentes formes d’engagement des femmes dans la société congolaise avec des défis sociopolitiques actuels. Le deuxième axe mettra l’attention particulière sur la violence faite à la femme, à la liberté sexuelle, aux activités économiques des femmes, aux pratiques écologiques innovantes, aux représentations qui circulent sur la femme dans la musique congolaise et à l’entrepreneuriat. Le dernier axe fera l’appréhension de l’engagement des femmes, portées à la question du genre dans la société kinoise », a-t-il conclu.

Il sied de noter que ce colloque international axé sur le thème : « Les femmes dans la société et dans l’église à Kinshasa, trente-six ans après Malula. Savoir d’hier, pratiques d’aujourd’hui et regards de demain», a été lancé lundi au centre de Kinshasa, capitale de la RDC. Il est organisé par l’archidiocèse de Kinshasa, les Services des mamans congolaises et de l’Éducation catholique ainsi que le Centre de recherche Cardinal Malula. ACP/JF

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