Kinshasa, 30 juin 2025 (ACP).- Le rôle de l’État congolais dans la consolidation des avancées constatées dans le secteur littéraire féminin a fait l’objet des échanges lundi à Kinshasa, à l’occasion de la célébration du 65ème anniversaire de l’indépendance de la République démocratique du Congo, lors d’une sensibilisation à l’intention des femmes.
« Le rôle de l’État congolais dans la consolidation et la protection des avancées constatées dans le secteur littéraire féminin se résume en deux choses à savoir, combattre le plagiat et réguler l’édition. L’État doit aussi créer des infrastructures (maisons de la culture, bibliothèques vivantes, résidences d’écriture) accessibles aux femmes, même en milieu rural. Car une avancée qui ne touche que les grandes villes reste une illusion de progrès », a déclaré Grâce Bilola Lamama, éditrice de la maison ‘’Éditions mesdames’’.
« L’État congolais doit cesser de voir la culture comme un luxe. Il faut une politique culturelle nationale claire, avec des budgets spécifiques pour la littérature féminine, des prix nationaux dédiés aux écrivaines, des subventions aux maisons d’édition portées par des femmes et des programmes scolaires qui valorisent les œuvres féminines », a-t-elle ajouté.
Mme Bilola, également présidente de l’Association des jeunes écrivains du Congo (Ajeco) a estimé qu’il y a bel et bien des avancées significatives enregistrées dans le secteur littéraire féminin depuis 1960, à l’instar de la maîtrise de la plume, et du droit d’écrire comme les autres auteurs.
« Les avancées sont indéniables. Il y a 65 ans, la femme congolaise écrivait peu, et quand elle écrivait, sa voix était souvent filtrée, censurée ou minorée. Aujourd’hui, elle prend la plume avec assurance, avec son identité, sa colère, sa tendresse, ses blessures et ses rêves », a-t-elle dit.
« Des autrices comme Raïssa Malu, Reinette Mulonda, Yollande Elebe, Elisabeth Mweya Tol’ande, Do Nseseme, ou encore les plus jeunes comme Chloé Marie Kitenge, prouvent que la littérature congolaise au féminin existe et résiste », a souligné l’écrivaine, précisant que ces femmes abordent des sujets qui étaient autrefois tabous, notamment, le viol, l’exil, l’amour noir, la maternité imposée, le deuil et la mémoire.
« Au-delà de l’écriture, elles publient, elles éditent, elles organisent ! Moi-même, je suis éditrice avec Les Éditions Mesdames, et cette simple existence d’une maison portée par une femme et ouverte à d’autres plumes féminines, c’est un symbole fort de notre temps », a-t-elle renchéri.
Par ailleurs, l’éditrice de la maison ‘’Éditions mesdames’’ a lancé un message vibrant aux écrivaines pour leur persévérance et leur passion de la plume.
« Ne vous excusez jamais d’exister ! Écrivez, même si on vous lit peu. Parlez, même si on vous interrompt. Publiez, même si on vous dit que ce n’est pas le moment. L’indépendance politique n’a de sens que si elle s’accompagne d’une indépendance des imaginaires, et cette indépendance-là passe aussi par vos mots. Que vos plumes soient rebelles, douces, rageuses ou rêveuses, mais qu’elles restent vivantes », a-t-elle conclu.
Grâce Bilola a été respectivement lauréate des prix Zamenga junior en 2021 et Mapendo en 2022. ACP/