Kinshasa, 28 novembre 2024 (ACP).- Le rôle des hommes et des garçons dans la prévention des violences basées sur le genre (VBG) a été évoqué, jeudi, à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, lors de la campagne « Jeudi en noir », couplée aux 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux jeunes filles. « En ce « Jeudi en noir » dans les 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux jeunes filles, nous avons voulu aborder le rôle des hommes, notamment ceux qui occupent des postes de pouvoir politique, économique ou social. Ils doivent faire partie de la réponse et participer à faire évoluer les mentalités, les comportements et les normes sociales afin de prévenir et de lutter contre la violence baszée sur le genre à la lumière de la masculinité positive », a déclaré Carlin Vese Pinzi, expert en genre, masculinité et féminité positives et développement communautaire au sein de l’Association pour le bien-être familial/Naissances désirables (ABEN-ND). Et d’ajouter : « La masculinité positive doit être mise en avant, garde par les hommes, dans la prévention, l’atténuation et les réponses aux risques divers liés aux VBG, aux exploitations et abus sexuels (EAS) ainsi qu’aux harcèlements sexuels (HS). Le pouvoir est neutre, chaque homme, peu importe son rang est appelé à utiliser son pouvoir de manière positive (Pouvoir avec) ». Il a fait savoir que la campagne « Jeudi en noir » et les 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux jeunes filles, constituent l’occasion de se mobiliser pour renverser les dynamiques à travers la promotion de la masculinité positive, en faisant des hommes des alliés stratégiques et une partie intégrante de la solution. Et d’ajouter : « Les actes de violence à l’égard des femmes et des filles sont généralement perpétrés par des hommes, le plus souvent en abus du pouvoir, du statut, du leadership que leur confèrent les normes patriarcales, ainsi que d’autres ressorts comme l’hégémonie économique sur les femmes ».
Des stéréotypes liés à la masculinité à l’origine des violences
Par ailleurs, l’expert en développement communautaire a indiqué que des stéréotypes dangereux liés à la masculinité hégémonique sont à l’origine de violences sous diverses formes à l’égard des femmes et des filles. « Les expériences de terrain, couplées aux différentes recherches réalisées dans le pays et dans le monde sur base des consultations avec les hommes, ont permis de mettre en lumière que des stéréotypes dangereux liés à la masculinité hégémonique, pouvaient être à l’origine des violences sous diverses formes à l’égard des femmes et des filles. A ce titre, il est indispensable que les hommes soient engagés dans la masculinité positive », a-t-il relevé. Et de renchérir :« C’est l’appui masculin explicite ou implicite aux stéréotypes négatifs liés au genre et aux relations inégales qui aide à perpétuer la violence de genre. Les hommes ont un rôle fondamental dans la prévention des VBG. Tout d’abord, les hommes doivent influencer leurs pairs, car ils seront plus enclins à écouter ceux qui remettent ces stéréotypes en question et s’élèvent contre la violence ». Il a déploré le fait que les hommes ne soient pas impliqués de façon aussi intense que les femmes et les groupes de femmes dans la critique active des violences liées au genre. Ce vide donne l’impression que la prévention de la violence de genre est une question uniquement féminine et quelque chose dont les hommes n’ont pas besoin ou à laquelle ils ne doivent pas participer. Selon M.Vese Pinzi, « Pour y parvenir, les actions suivantes sont envisagées à titre indicatif. Il s’agit de l’organisation des communautés championnes en masculinité positive des hommes et des jeunes, de l’organisation des causeries éducatives et d’accompagnement du dialogue intergénérationnel sur la santé sexuelle et les VBG, du renforcement du plaidoyer au niveau national et international pour l’engagement des hommes à l’élimination de toutes les formes des VBG ».
Les femmes invitées à soutenir les hommes M. Vese a, en outre, invité les femmes à soutenir les hommes dans leur processus transformationnel d’attitudes et de comportements. « Les femmes sont invitées à soutenir les hommes et les garçons dans leur processus transformationnel d’attitudes et des comportements », a-t-il dit, avant de conseiller aux femmes à ne pas récupérer ce processus pour faire la revanche, car cela peut occasionner les rechutes. Et de conseiller« Le soutien des femmes doit être sans revanche car cela peut ouvrir une brèche sur la résistance dans le changement d’attitudes et des comportements des hommes face à toutes les formes de violences ». La campagne « Jeudi en noir », célébrée chaque semaine à travers le monde, est née pendant la décennie œcuménique des Églises solidaires des femmes (1988-1998) proclamée par le Conseil œcuménique des Églises (COE). Elle est inspirée par de différents mouvements, notamment l’Association des mères de la place de Mai d’Argentine qui, tous les jeudis, se rassemblaient pour protester contre la disparition de leurs enfants pendant la dictature et la Communauté des femmes en noir d’Israël et de Palestine, qui manifestent encore aujourd’hui contre la guerre et les violences. C’est un plaidoyer contre les violences sexuelles et sexistes, car dans tous les pays, les violences sexuelles et sexistes constituent une réalité tragique. Ces violences sont souvent cachées, et les victimes préfèrent généralement garder le silence, de crainte d’être stigmatisées et de subir d’autres actes de violence, a fait remarquer la source. ACP/