Kinshasa, 09 juin 2025 (ACP).- La création d’activités génératrices de revenus (AGR), en réponse au manque d’opportunités dans le secteur de l’emploi formel, a été suggérée lundi aux jeunes sortis de l’université, lors d’un échange à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo.
«Les jeunes doivent apprendre à découvrir leurs passions et créer des activités génératrices de revenus pour être acteurs du développement du pays. A la fin de mes études, j’ai réalisé que le diplôme seul ne suffisait pas pour trouver un emploi. J’ai décidé de transformer les produits agricoles de mon village natal pour répondre à la demande en ville. Aujourd’hui, j’emploie quatre autres jeunes, tous également diplômés», a déclaré l’entrepreneuse Vanessa Kayembe, créatrice de la marque « Yaourt Empereur ».
La jeune entrepreneure, qui a démarré son activité grâce à une tontine familiale, a souligné que l’auto-emploi constitue aujourd’hui une solution viable pour de nombreux jeunes confrontés à la précarité.
«L’auto-emploi est à ce jour une solution durable et viable aux problèmes. Si l’on veut éradiquer la précarité au milieu des jeunes. L’université nous donne des connaissances théoriques, mais c’est la débrouillardise et la vision entrepreneuriale qui permettent de réussir dans le contexte actuel», a-t-elle ajouté.
Selon Mme Kayembe, la dynamique qui se développe à travers plusieurs villes du pays, s’inscrit dans un contexte de saturation du marché du travail et de croissance de l’intérêt pour la formation professionnelle. Plusieurs jeunes, après avoir terminé leurs études universitaires, choisissent de s’auto-employer afin de subvenir à leurs besoins et contribuer à l’économie locale, a-t-elle dit.
Environ 70 % des jeunes congolais en âge de travailler sont actifs dans le secteur informel
«Le taux élevé de chômage des jeunes devrait les pousser à l’innovation, l’autonomisation. Selon un rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), environ 70 % des jeunes congolais en âge de travailler sont actifs dans le secteur informel, sans emploi stable ni protection sociale», a renchéri Vanessa Kayembe.
Selon elle, face à cette réalité, la formation professionnelle connaît une montée en popularité, notamment dans des domaines pratiques telles que la mécanique, l’agroalimentaire, la couture, l’électricité ou encore les technologies numériques. L’Institut national de préparation professionnelle (INPP) enregistre une augmentation des inscriptions, y compris chez les diplômés de l’enseignement supérieur, a-t-elle précisé.
«Il ne s’agit plus de choisir entre l’université et la formation technique. Les deux peuvent se compléter pour favoriser l’insertion socio-économique des jeunes», a-t-elle conclu.
Un appui institutionnel préconisé
«Si l’on veut réellement autonomiser les jeunes, il faut arrêter de leur dire d’attendre un emploi. Il faut leur donner les moyens d’agir, les former, les financer et les accompagner sur le terrain», a soutenu Mme Kayembe, également diplômée en sciences économiques et entrepreneure.
Elle a appelé à un renforcement des politiques d’accompagnement à l’entrepreneuriat des jeunes, notamment à travers l’accès au financement, la simplification des démarches administratives et l’encadrement technique des initiatives de base, plaidant pour une écoute attentive des aspirations de la jeunesse.
La RDC poursuit des réformes dans le domaine économique et social, les jeunes congolais manifestent une volonté croissante de prendre leur avenir en main, en combinant formation académique, esprit d’initiative et innovation locale.
Les autorités de la République Démocratique du Congo ont engagé plusieurs programmes de soutien à l’auto-emploi et à l’entrepreneuriat des jeunes dans le cadre du Plan national stratégique de développement (PNSD), en partenariat avec les agences de développement et les bailleurs internationaux. ACP/JF