Kinshasa, 29 octobre 2024 (ACP).- Des actes de violences à l’encontre des femmes en milieu universitaire ont été dénoncés lundi par l’Association des femmes professeures d’université en République démocratique du Congo(RDC) dénommée «Cercle Sophie Kanza » (CSK), a appris l’ACP, d’un communiqué.
«Nous, membres du «Cercle Sophie Kanza (CSK)», prenons position et dénonçons les violences faites aux femmes en milieu universitaire suite à un événement produit dernièrement à l’Institut des sciences et techniques médicales de Bukavu, dans la province du Sud-Kivu et dont un article intitulé «ISTM/Bukavu : un cas de violence physique contre une femme au cœur de l’implosion dans cette institution» a été paru le 11 octobre dernier dans le Journal BKInfo», a-t-on lu dans le communiqué.
Cette dénonciation a été faite par les professeures, femmes, chefs d’établissements de l’Enseignement supérieur et universitaire (Esu). Il s’agit de la présidente du CSK, des rectrices de l’Université pédagogique nationale (Upn), de l’Université du Cepromad (UNIC), de l’Université Notre Dame du Kasayi et de l’Université évangélique en Afrique ainsi que les directrices générales de l’Institut supérieur des techniques médicales de Kinshasa (ISTM -Kinshasa), de l’Institut supérieur pédagogique de la Gombe à Kinshasa (ISP-Gombe), de l’Institut supérieur des arts et métiers (Isam-Kinshasa),de l’Institut supérieur des techniques médicales de Beni (ISTM -Beni ) et la coordinatrice de Bebuc .
Les violences faites à l’égard des femmes en milieu universitaire sont une réalité trop longtemps occultée en RDC. Ces violences, qu’elles soient physiques, sexuelles, psychologiques ou morales, sont commises souvent dans des contextes où les victimes se trouvent en position de vulnérabilité.
Malheureusement, dans les universités et autres institutions d’enseignement, ces abus sont souvent minimisés, passés sous silence ou même normalisés, créant ainsi un environnement hostile à l’épanouissement des étudiantes. Cet article du CSK vise à dénoncer ces violences et à appeler les autorités académiques et gouvernementales à prendre des mesures concrètes pour protéger les femmes dans ces espaces. La nature des violences en milieu universitaire, selon la source, prend diverses formes, allant des commentaires sexistes aux agressions physiques ou sexuelles. Ces violences peuvent être perpétrées par des professeurs, des membres du personnel, ou même des pairs. Parmi les formes les plus courantes, on retrouve le harcèlement sexuel : propositions déplacées, avances non désirées, commentaires à connotation sexuelle, ou chantage sexuel en échange de bonnes notes. Les discriminations sexistes sont multiples, notamment le traitement illégal entre hommes et femmes, les stéréotypes de genre marginalisant les femmes dans certaines disciplines, l’exclusion des femmes des postes de responsabilité. L’abus de pouvoir se caractérise par l’exploitation des étudiantes par des personnes en position de pouvoir, le chantage pour l’obtention de diplômes ou le contrôle moral ou sexuel imposé. Les violences psychologiques sont diverses : la dévalorisation des compétences des femmes, les humiliations publiques, la minimisation de leurs efforts ou contributions académiques.
Les conséquences sur les victimes sont dévastatrices, tant sur le plan mental que physique. Elles affectent, non seulement la santé des victimes, mais également leur parcours académique et professionnel. Parmi les effets les plus notables, on observe, selon les femmes professeures d’université, le décrochage académique. Certaines victimes abandonnent leurs études, car elles se sentent incapables de continuer dans un environnement toxique, compromettant ainsi leur avenir professionnel.
Il y a également l’isolement. Par peur de ne pas être crues ou par crainte de représailles, les victimes s’isolent, accentuant leur vulnérabilité. Les troubles psychologiques quant à eux se manifestent par l’anxiété, la dépression, le stress post-traumatique et la perte de confiance en soi étant des conséquences fréquentes. Le ralentissement des carrières figure parmi les violences. Il se manifeste par le manque de soutien et de mentorat ainsi que l’absence des protections qui peuvent empêcher les femmes de réaliser leur plein potentiel académique et professionnel.
Silence complice des institutions académiques
Le Cercle Sophie Kanza a également dénoncé le silence coupable des institutions académiques, malgré leur rôle de formation de l’élite intellectuelle et morale de la société. Pour le CSK, les institutions académiques sont souvent complices par leur inaction face à ces violences. Les plaintes des victimes sont rarement prises au sérieux, et lorsqu’elles les sont, elles aboutissent rarement à des sanctions à l’encontre des auteurs. Plusieurs facteurs expliquent ce silence coupable, selon cette source. Il s’agit de la peur du scandale. Les institutions, soucieuses de préserver leur réputation, préfèrent étouffer les affaires de violences pour éviter de ternir leur image. Le manque de mécanismes de plainte efficaces, car souvent les victimes n’ont aucun recours fiable. Il n’existe pas de structures indépendantes et confidentielles pour traiter les plaintes, ce qui décourage les femmes de dénoncer les abus.
«La culture du silence» est une autre violence. Dans de nombreux milieux académiques, dénoncer les violences est perçu comme une trahison envers l’institution, et les victimes sont ostracisées au lieu d’être soutenues. Au regard du rôle des autorités compétentes face à cette situation alarmante, il est impératif que les autorités académiques et gouvernementales agissent rapidement et avec détermination pour mettre fin à ces abus, ont relevé les professeures. ACP/