Kinshasa, 23 avril 2025 (ACP).- L’entrepreneuriat a été recommandé aux veuves de la République démocratique du Congo, particulièrement celles vivant dans l’Est du pays, pour la survie de leurs familles, lors d’un entretien mercredi à Buhimba, à l’ouest de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu.
«Les veuves doivent envisager à créer des activités génératrices des revenus (AGR) pour subvenir aux besoins de leurs enfants. C’est ainsi que je leur recommande d’entreprendre, notamment par le commerce pour la survie de leurs familles », a déclaré Rehema Byenda, une veuve du centre d’accueil à Buhimba.
« Mon mari a été tué à Minova en décembre 2024. J’ai fui au camp de Bulengo avec mon enfant sans rien, alors que j’avais une grossesse de 3 mois. Grâce au financement de la Direction générale de la protection civile et des opérations d’aide humanitaire européennes (ECHO), j’ai démarré un commerce qui m’a permis d’être autonome et de subvenir aux besoins de ma famille », a-t-elle ajouté.
Elle a fait savoir le commerce est devenu bien plus qu’un revenu de survie. C’est une voie vers l’autonomie et la dignité, dans une approche durable.
« Malgré l’instabilité et l’incertitude, aujourd’hui je gagne un peu d’argent, je mange, et je bénéficie gratuitement des soins prénataux (…) et bientôt accueillir mon bébé dans de bonnes conditions», a confié Mme Byenda.
Papy Shweka, expert en transferts monétaires au Fonds des Nations Unies pour la population a, pour sa part, souligné l’importance de subventionner les femmes.
« Lorsqu’on donne aux femmes les moyens d’agir, les AGR peuvent aussi leur ouvrir l’accès à des ressources essentielles et à des réseaux de soutien, comme les Associations villageoises d’épargne et de crédit (Avec), qui les aident à se soigner et à se relever des traumatismes de la violence sexuelle », a-t-il déclaré.
Il a fait savoir que 150 femmes et filles vulnérables issues des sites des déplacés autour de Goma ont été financées par « ECHO » pour développer une activité génératrice des revenus dans les zones de santé de Goma, Nyiragongo et Karisimbi au Nord-Kivu.
« Le projet «Réponse d’urgence et renforcement des systèmes de santé pour améliorer les services de santé sexuelle et reproductive sensibles au genre, financé par « Echo » a financé 150 femmes et filles vulnérables issues des sites des déplacés autour de Goma. Ces femmes ont pu développer une activité génératrice des revenu dans les zones de santé de Goma, Nyiragongo et Karisimbi au Nord-Kivu », a-t-il expliqué, tout en précisant que ce projet vise à encourager les femmes vulnérables et les survivantes des VBG à développer des activités génératrices de revenus (AGR).
Rehema Byenda est une femme veuve enceinte de 24ans, mère d’un garçon de six ans qui, après la mort de son mari tué à Minova en décembre dernier dans le chaos causé par le M23 et l’arme rwandaise, a bâti un avenir grâce au commerce dans son quartier d’accueil à Buhimba, à l’ouest de Goma.
Selon l’Enquête démographique et de santé 2023–2024, en RDC, près de 8 femmes sur 10 âgées de 15 à 49 ans travaillent à leur propre compte, souvent dans la vente ou les petits services. Seulement 28 % des femmes vivant en union peuvent décider librement de l’usage de l’argent qu’elles gagnent. Ce chiffre illustre à quel point l’autonomie économique des femmes reste fragile, même lorsqu’elles génèrent leurs propres revenus. ACP/UKB