Kinshasa, 9 mai 2025 (ACP).- « L’étude sur les violences sexistes dans les sphères politiques et administratives : obstacles à la participation équitable des femmes aux sphères décisionnelles » a été le thème présenté, lors d’un atelier organisé vendredi à Kinshasa en République démocratique du Congo (RDC), dans le cadre du projet Tufaulu Pamoja (réussir ensemble).
«L’objectif de cette étude consiste, notamment à identifier les différentes formes de violences basées sur le genre (VBG) dans les sphères politiques et administratives en République démocratique du Congo, de comparer les formes de violences auxquelles sont confrontées les femmes par rapport aux hommes et de déterminer les conséquences de ces violences sur la participation des femmes dans ces deux sphères», a déclaré le consultant Eugène Ngabu, coordonnateur de ladite enquête.
«Les résultats de l’étude montrent que la majorité des enquêtés provenaient de la sphère administrative, soit 57,14 % contre 42,86 % pour la sphère politique. De plus, 44 % des répondants ayant participé à cette étude ont été directement victimes des violences sexistes ou violences basées sur le genre», a-t-il ajouté.
M. Ngabu a, au cours de la présentation de ce rapport, relevé qu’une femme peut quitter un parti politique sans subir d’impact financier.
Le cas n’est pas le même pour celles qui évoluent dans l’administration publique qui sont contraintes de subir les violences sexistes pour ne pas tomber dans la précarité.
« Concernant les conséquences des violences sexistes dans les sphères politiques et administratives, on peut énumérer l’abandon du travail, la détérioration du climat de travail, l’abus de pouvoir, la banalisation de la femme et de la jeune fille, ainsi que le clientélisme », a-t-il expliqué.
Des mesures pour prévenir ces violences
Le coordonnateur de cette enquête a souligné l’importance de mettre en place des actions pour surmonter les obstacles que rencontrent les femmes pour accéder aux sphères politiques et administratives.
Il s’agit notamment d’organiser des activités de sensibilisation sur l’importance de la femme dans les partis politiques, d’identifier les femmes ambitieuses et de les renforcer en capacités dans tous les domaines, particulièrement en leadership, et d’organiser des plaidoyers pour la nomination des femmes à des postes de responsabilité.
« Pour aider les femmes à évoluer dans leur carrière et à accéder à des sphères décisionnelles, les femmes ayant participé à l’étude ont proposé un soutien à la gratuité de l’éducation nationale, afin que femmes et hommes étudient sur un pied d’égalité, de vulgariser les lois qui promeuvent les droits des femmes dans toutes les sphères décisionnelles et de nommer des responsables genre au sein des entreprises ou des institutions publiques« , a-t-il indiqué.
«L’étude a également révélé plusieurs facteurs favorisant la culture du silence, qui permet au sexisme et aux violences faites aux femmes de prospérer dans les sphères politiques et administratives», a-t-il renchéri.
Recommandations
M. Ngabu a, en outre, présenté des recommandations comme solution palliative à cette problématique.
« Parmi les recommandations formulées, l’étude a proposé des réformes législatives, notamment l’adoption de nouvelles lois autonomes pour interdire et criminaliser la violence contre les femmes en politique, ainsi que le renforcement des lois et politiques nationales contre le harcèlement et la violence dans les administrations publiques« , a-t-il fait savoir.
« Concernant les réformes institutionnelles, il s’agit de concevoir et de mettre en œuvre des politiques de prévention et d’élimination du sexisme, du harcèlement et de la violence à l’égard des femmes dans les sphères politiques et administratives« , a-t-il ajouté.
De son côté, Nathalie Yoka, chargée de programme du Réseau genre et droits de la femme au sein du Mouvement « Rien sans les femmes », a souligné l’importance de faire participer les femmes et les jeunes filles sur un pied d’égalité avec les hommes aux instances de prise de décision.
Elle a précisé que cette enquête a été commanditée par le Mouvement » Rien sans les femmes« , qui milite pour une représentation forte des femmes et des jeunes filles dans les instances de prise de décision, sous le financement de l’ambassade de la Suède (Cafod).
Cette étude a été réalisée en 2023 dans neuf provinces de mise en œuvre du projet, à savoir : Kinshasa, Sud-Kivu, Nord-Kivu, Kasaï-Oriental, Ituri, Tanganyika et Tshopo. Au total, 78,5 % des femmes et 21,5 % des hommes ont répondu à un questionnaire.
Cette activité a connu la participation de membres des partis politiques, des jeunes, d’autorités administratives et de membres du mouvement « Rien sans les femmes ». ACP/C.L.