RDC : la discrimination au travail, obstacle pour femmes aux postes décisionnels académiques (Professeure d’université)

Kinshasa, 09 juin 2025 (ACP)- Les mécanismes culturels d’invisibilisation, surcharge familiale et la discrimination au travail ont été identifiés lundi comme des obstacles favorisant la sous-représentation des femmes aux postes décisionnels académiques, lors du lancement à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, d’un colloque international.

«En RDC, les femmes sont sous-représentées dans les postes de responsabilité académique. Selon les dernières statistiques disponibles, les femmes représentent moins de 20% du corps professoral permanent et moins de 10% des professeurs titulaires dans nos universités. Ce qui leur fait obstacle, ce sont les mécanismes culturels d’invisibilisation, surcharge familiale et discrimination au travail », a déclaré la professeure Espérance Bayedila, représentante de la ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire.

Selon elle, cette présence résiduelle est plus frappante encore dans les filières dites stratégiques, et pourtant, les femmes ne manquent ni d’intelligence, ni de diplôme ni de mérite.

«A la lumière de l’histoire, la trajectoire des femmes dans l’université congolaise a connu des étapes cruciales. Les années 1970 et 1980 ont vu l’émergence des figures pionnières, souvent isolées, qui ont conquis leur place au prix des luttes silencieuses. Certaines sont devenues rectrices, d’autres doyennes. Il y en a qui sont membres du conseil académique. Elles ont ouvert la voie, elles ont affronté l’indifférence, parfois le mépris et toujours la solitude. Leur courage est une balise», a-t-elle expliqué, avant de souligner qu’aujourd’hui, cette posture héroïque ne doit plus être l’exception.

« Il est temps de systématiser l’égalité, car la force d’un système se mesure non pas au génie d’une élite, mais à la capacité d’inclusion qu’il offre à toutes et à tous », a-t-elle soutenu.

La représentante de la Ministre de l’ESU a fait savoir que  l’université est à la fois un miroir de la société et un levier pour la transformer, le regard que nous portons sur les femmes dans l’enseignement supérieur se lie aussi à la sincérité de notre engagement pour l’égalité, la justice et la connaissance partagée.

Professeure Bayedila a invité les autorités à revisiter la place de la femme dans la société ainsi que dans l’église.

« Je vous invite à revisiter la place des femmes dans la société et dans l’Église. Revisiter ne veut pas dire que nous sommes en train de penser le présent à la lumière du passé et dessiner des pistes pour l’avenir. Je viens donc ici vous parler d’un point essentiel de ce chantier, celui des femmes professeures et chercheuses dans les universités congolaises », a-t-elle martelé.

«Mais aujourd’hui, cette posture héroïque ne doit plus être l’exception. Il est temps de systématiser l’égalité, car la force d’un système se mesure non pas au génie d’une élite, mais à la capacité d’inclusion qu’il offre à toutes et à tous », a-t-elle conclu.

Les travaux de ce colloque international sont prévus du 09 au 13 juin 2025 à Kinshasa en République démocratique du Congo. Ce programme est organisé par l’archidiocèse de Kinshasa en partenariat avec les mamans catholiques de la RDC, sous le thème : « Les femmes dans la société et dans l’église à Kinshasa, 36 ans après Malula. Savoirs d’hier, pratiques d’aujourd’hui et regards de demain » ACP/JF

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