Kinshasa, 19 décembre 2024 (ACP).- La suppression du seuil de représentativité aux élections en République démocratique du Congo a été recommandée jeudi à Kinshasa, pour permettre aux personnes vivant avec handicap (PVH) et aux autochtones pygmées de briguer des mandats électifs, lors des discussions du 1er Forum national sur l’évaluation externe de l’administration électorale.
« Nous avons recommandé, pour le cycle électoral prochain, la suppression du seuil de représentativité par rapport à l’élection des jeunes, femmes, PVH et peuples autochtones pygmées (PAP) et la réduction du montant de cautionnement, qui selon nous, est très élevé », a déclaré Béatrice Ciala Ngoyi, vice-coordonnatrice en charge de la formation des jeunes filles mères en alphabétisation et en entrepreneuriat au sein de l’ONG « Congo pour tous » (CPT).
« Nous avons également proposé d’insérer, dans la loi électorale, la disposition relative à l’exonération au paiement des frais de dépôt de candidatures (caution) pour les listes présentant 5% des PVH et PAP et 30% des jeunes et mettre en place un plan de contingence pour les électeurs déplacés victimes des catastrophes et conflits armés », a-t-elle ajouté.
Selon cette représente des personnes atteintes d’albinisme, il est question de respecter les dispositions de la loi électorale en matière de délai de scrutin en tenant compte de la diversité, notamment des femmes, des jeunes, des PVH et d’autres personnes vulnérables (APV), de la saison climatique afin de renforcer l’applicabilité du quota prévu sur la liste des candidatures en tenant compte de ces catégories de personnes.
« Nous avons demandé l’intégration des systèmes de cooptation des PVH et PAP, la révision des mécanismes de désignation des suppléants en prohibant les membres des familles proches ainsi que la mise en place des infrastructures adaptés pour les PVH dans les installations opérationnelles de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) », a-t-elle révélé.
« Pour lutter contre la corruption, nous avons préconisé de sanctionner les acteurs de violence et les fauteurs de trouble, de développer les dispositions spéciales pour faciliter les déplacés de guerre et d’élargir les mécanismes d’accès à l’observation des opérations électorales », a renchéri Béatrice Ciala Ngoyi.
Elle a, en outre, plaidé pour une représentation des jeunes, des PVH et PAP au sein du bureau et de la plénière de la Céni. Pour elle, le Conseil consultatif, déjà existant à la Céni, sous forme des cadres de concertation de différentes parties prenantes au processus électoral, doit ramener la période des élections à la saison sèche et encourager les candidatures des diversités.
Réformes législatives et réglementaires
Mme Ciala a, par ailleurs, fait savoir que plusieurs propositions ont été émises en termes de réformes législatives et réglementaires pour l’égalité des droits de chaque catégorie sociale. « Nous avons émis plusieurs propositions pour amener à l’égalité des droits de chaque citoyen et chaque catégorie sociale. Il s’agit, entre autres, d’intégrer la langue des signes comme la 5ème langue dans la Constitution et de revenir aux élections présidentielles à deux tours », a-t-elle indiqué. « Nous avons eu à identifier les axes nécessitants des réformes électoraux pour une pleine participation et représentation accrue des femmes, jeunes, personnes vivant avec handicap et les peuples autochtones dans les assemblées électives du 5eme cycle. Nous avons eu à des propositions concrètes sur les besoins en renforcement des capacités des animateurs en matière de genre et inclusion, et les réforme institutionnelle d’ici le 5èmecycle électoral. Pour cela, il faut procéder au recyclage des agents de l’ordre sur l’éthique et déontologique de la loi électorale et reconsidérer ou ramener à moins de 25 ans l’âge de postuler à tous les scrutins », a-t-elle ajouté.
Renforcement des capacités des animateurs de la Céni
La vice-coordonnatrice de l’ONG « Congo pour tous » a dit avoir évoqué aussi l’importance du renforcement des capacités des animateurs de la Céni sur la question du genre et inclusion sociale.
« Il est important de former des animateurs de la Céni en langue de signe et sur le question du genre et inclusion sociale, de former les PVH et les PAP en informatique adapté et en manipulation de dispositif de vote et de former les agents de l’ordre sur la sécurisation électorale », a-t-elle précisé, tout en relevant la nécessité d’aider les jeunes, les PVH et les PAP en les apprenant des techniques pouvant les permettre à battre campagne.
Le 1er Forum national sur l’évaluation externe de l’administration électorale, dans sa dimension du genre et inclusion, au 4ème cycle électoral a eu pour thème : « Evaluation externe de l’administration électorale ». Ces assises de cinq jours, soit du 16 au 20 décembre 2024, ont réunis plusieurs acteurs sociaux venus des 26 provinces de la République démocratique du Congo et toutes les catégories de handicap confondues.
L’objectif de ce forum est la production d’une feuille de route pour une meilleure administration électorale dans le domaine de genre et inclusion, d’ici 5ème cycle électoral.
ACP/