Kinshasa, 18 avril 2025 (ACP).- L’éducation, la sensibilisation et le changement des mentalités, ont été considérés vendredi comme les éléments essentiels pour construire une société juste et respectueuse pour tous, au cours d’une journée d’information organisée par un Réseau des journalistes à Kinshasa capitale de la République démocratique du Congo.
« L’éducation, la sensibilisation et le changement de mentalités sont essentiels pour construire une société plus juste et respectueuse pour toutes et tous », a déclaré Me Joséphine Mbela, chargée de plaidoyer de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ).
« Malgré les dispositifs juridiques qui défendent les droits de femmes, l’application reste faible en raison de plusieurs facteurs: le manque de sensibilisation, l’absence de mécanismes de plainte efficaces, la culture du silence et la stigmatisation », a-t-elle déploré.
« Quand on parle d’absence de mécanismes de plaintes efficaces, vous verrez qu’il est souvent très difficile de porter plainte. Les avocats le savent : lorsqu’on essaie, on est ramené à la tradition, à la culture. On entend de nombreuses réponses qui découragent les femmes et les empêchent d’avoir le courage de dénoncer », a-t-elle expliqué.
S’agissant de la loi congolaise sur la dignité, Me Mbela a fait savoir que la loi protège avant d’encourager les femmes à trouver le courage de parler et de porter plainte face aux violences faites aux femmes, avant de souligner que la loi congolaise reconnaît la dignité des femmes et interdit ces formes de violence.
Cependant, des efforts concrets restent nécessaires pour leur application effective, a-t-elle révélé, précisant que la législation congolaise reconnaît la dignité humaine qui est un élément très important.
« Nous avons la Constitution, notamment l’article 14, où l’État s’engage à éliminer toutes formes de discrimination contre les femmes en vue d’assurer la protection de leurs droits dans tous les domaines. Elle garantit également la parité entre les hommes et les femmes », a noté Me Mbela.
Par ailleurs, elle a indiqué que le Code pénal punit les insultes, les menaces, les atteintes à l’honneur et à la considération d’une personne. Selon elle, la violence verbale, lorsqu’elle est prouvée, peut être qualifiée de harcèlement psychologique ou oral, cela est repris dans Code pénal à partir de l’article 174.
Les traditions et habitudes culturelles renforcent les violences

Me Mbuku a fait savoir qu’en RDC, les violences sont renforcées par des traditions patriarcales et des habitudes culturelles qui minimisent la place de la femme dans la société.
« Les insultes, les humiliations, les moqueries, les menaces, les propos sexistes, les inégalités dans les symboles culturels, la publicité dégradante, les langages discriminatoires et l’usage des mots pour offenser les femmes, souvent tolérés dans les espaces publics et privés. Ces formes de violences sont moins visibles, mais, elles ont un impact profond sur l’estime de soi, la santé mentale et la participation des femmes dans la société », a-t-elle martelé.
Pour sa part, Mme Maguy Mbuku, coordonnatrice du Réseau des journalistes pour la promotion des droits de la femme (RJPF) a révélé que cette journée a été initiée dans le cadre de la campagne « Respecte-moi », une initiative de sensibilisation visant à dénoncer les violences symboliques faites aux femmes, à décortiquer les stéréotypes ancrés dans nos discours et à promouvoir une représentation digne et respectueuse des femmes dans les médias et dans toute la société.
«La justification de la femme n’est pas seulement une simple affaire abstraite, il est aussi question de créer un espace de réflexion, de dialogue et de propositions, un espace où régulateurs, juristes, journalistes, universitaires et activistes croisent les regards pour mieux comprendre et surtout mieux agir contre les stéréotypes de genre », a-t-elle dit.
Cette activité a été organisée par le Réseau des journalistes pour la promotion des droits de la femme (RJPF), qui milite pour les droits des femmes. Cette journée a pour objectif de susciter une réflexion collective et médiatique sur les discours sexistes ancrés dans la société et sur la manière dont la désinformation contribue à perpétuer l’inégalité et la chosification des femmes.
ACP/C.L.