RDC : plaidoyer pour la vulgarisation de l’avortement sécurisé

Kinshasa, 24 août 2023 (ACP).- Un plaidoyer pour la vulgarisation du protocole de Maputopermettant de procéder à un avortement sécurisé au détriment de l’avortement clandestin a été mené par les leaders de la société civile, à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC). « Nous sommes ici pour encourager et sécuriser la femme par la vulgarisation  du protocole de Maputo permettant de procéder à un avortement sécurisé au détriment de l’avortement clandestin ayant causé beaucoup des pertes en vies humaines bien que nous ne sommes pas d’avis de ceux qui pensent que cette loi vient pour encourager les avortements, qui ont d’ailleurs toujours été pratiqués dans ce pays », a déclaré un juge du tribunal de grande instance , Bernard Mbaya Tshibwabwa, au cours d’une journée de sensibilisation organisée à l’intention des magistrats et des officiers de police judiciaire (OPJ). Ce Protocole, a-t-il souligné, est le principal instrument juridique des femmes et filles qui leur garantit les droits à la santé sexuelle et reproductive, avant de rappeler que la RDC, en ratifiant ce traité devait remplir certaines conditions qui sont de fonds et des formes, en vue de faire recours à un avortement sécurisé pour préserver des vies humaines. Et d’ajouter : « Les conditions de fonds pour cette option, c’est que la grossesse doit être le fruit d’une agression sexuelle, d’un viol, d’un inceste ou en encore d’un  cas de traumatisme physique soit mental de la femme c’est-à-dire tout ce qui constitue un danger à la santé de la mère porteuse ou du fœtus », a expliqué Bernard Mbaya, avant de préciser que  les conditions de fonds ne sont pas suffisantes, il faut aussi appliquer les conditions de formes qui exigent à ce que l’intervention faite par un médecin, un infirmier ou une sage-femme formés selon le protocole de l’OMS pour que ceux-ci ne tombent pas sur le coup d’un avortement criminalisé. A l’issue de cet atelier de sensibilisation, organisé par le Réseau des magistrats congolais pour l’application de ce protocole (CEMAP), les participants réunis autour de cette thématique, ont informé les leaders d’opinion de l’existence d’un protocole en vigueur dans le pays qui a déjà dépénalisé l’avortement sécurisé, selon certaines normes exigées, tout en précisant que cette norme est déjà intégrée dans l’arsenal Juridique congolais, du fait de sa ratification qui impose sa suprématie sur les lois internes.

Un protocole qui permet la baisse sensible du taux de mortalité maternelle lié à l’avortement

Pour le Dr Blaise Lunzayiladio, chef de bureau au Programme national de santé en RDC, des avancées significatives ont été observées après l’implémentation de ce Protocole en 2018. « En 2017, avant que le pays ait appliqué ce protocole, nous étions autour de 27 sur 100 femmes qui mourraient des complications liées aux avortements, mais après l’implémentation de ce protocole, il y a eu une régression sur le taux de mortalité maternelle, le rapport de surveillance de décès maternel élaboré en 2020 a montré que le taux a chuté de 123 à 27 », a-t-il fait savoir, avant de souligner qu’il y a encore un travail à faire surtout en ce qui concerne les conditions de formes. « Quand on parle des conditions de formes, il nous faut un prestataire de soin formé selon les exigences de l’OMS, aussi des structures bien équipées, ce qui n’est pas totalement le cas pour notre pays », a dit Blaise Lunzayiladio, ajoutant que « eu égard aux conditions de viol, d’inceste, c’est souvent difficile pour les médecins de savoir si la victime rapporte la vérité, c’est vrai que beaucoup de femmes peuvent mentir mais au moins on se rassure que cette dernière décide de mettre fin à la grossesse, parce qu’elle devient un tourment pour elle ». Pour rappel, le Journal Officiel (JO) de la RDC avait publié, en date du 14 mars 2018 le protocole à la charte africaine des Droits de l’homme et des peuples relatif aux droits de la femme en Afrique appelé fréquemment « Protocole de Maputo » accordant une protection à la santé sexuelle et reproductive à la femme. Cet article 14, dans son alinéa 2/C sur les cas des avortements relève encore des difficultés dans son intégration au sein de la société congolaise. Il sied de noter que ce protocole a été adopté le 11 juillet 2003 par l’Union africaine et a fait l’objet d’une Loi N° 06/015 du 12 juin 2006 autorisant l’adhésion de la RDC à ce même protocole. ACP/

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