Le rapport de l’ONU sur le Mali accuse la Sécurité de l’Etat d’entraver le processus de paix

Kinshasa, 18 août 2020 (ACP).- Le rapport des experts de l’ONU sur le Mali  pointe la responsabilité directe des autorités dans les obstructions à la mise en œuvre de l’accord de paix de 2015 contrairement aux précédents, plus centrés sur l’action des groupes armés, a-t-on appris des agences de presse internationale. D’après ces sources, les experts épinglent en particulier la direction de la Sécurité de l’Etat et plusieurs de ses hauts responsables.

Pour ces sources, le service des renseignements aurait notamment encouragé la division de plusieurs groupes armés, en particulier la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) et la Plateforme. Pour manœuvrer, la SE-comme on l’appelle-aurait fait émerger une autre coalition, la CME (Coordination des mouvements de l’entente) en 2017. Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune à sa tête serait, à en croire le rapport, un des grands protégés de la Sécurité de l’Etat.

Il est pourtant sous sanction des Nations unies. Autre pratique pointée du doigt par ce rapport, la manipulation par la SE de listes de combattants destinés à être démobilisés et réinsérés. Selon le rapport le tarif moyen d’une place au sein du processus DDR (Désarmement, démobilisation et réintégration) est de 500 000 francs CFA (760 euros).  Au sommet de la Sécurité de l’Etat, Moussa Diawara est personnellement indexé à plusieurs reprises. Inadmissible pour l’intéressé, confie un militaire proche de lui. Le patron des renseignements réfute toutes ces accusations et voit dans ce document une tentative de déstabilisation dans une période particulièrement difficile pour le pays.

Bien que le rapport n’ait pas encore été publié il devrait être rendu public d’ici la fin de semaine, les autorités maliennes ont décidé de réagir et le ballet diplomatique a commencé à Bamako, rapporte notre correspondant Serge Daniel. Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères, Tiébilé Dramé, a débuté une série d’entretiens sur la question avec des diplomates dont les pays sont membres permanents du Conseil de Sécurité. Les ambassadeurs de France, de Russie et de Chine ont été individuellement reçus lundi par le ministre.Selon un communiqué officiel, les entretiens ont porté sur le rapport du panel d’experts indépendants de l’ONU sur le Mali.

Ce document, transmis au Conseil de sécurité n’est pas encore rendu public, mais il circule désormais beaucoup. «Le ministre des Affaires étrangères du Mali a exprimé aux diplomates son étonnement», a confié une source officielle malienne. D’abord sur la fuite du document. Ensuite sur son contenu. Bamako parle sur plusieurs points «d’allégation».

Aux diplomates reçus, le représentant du gouvernement malien a contesté notamment une partie du rapport qui cite le nom d’officiers de l’armée faisant obstacle au processus de paix. Selon un autre document des experts non encore rendu public et adressé au Conseil de sécurité, figure une liste de six personnes qui pourraient être sanctionnées. Parmi elle, côté gouvernement malien un ancien chef d’état-major de l’armée de Terre, et côté des groupes armés et alliés, cinq noms, dont celui d’un chef militaire. ACP/Fng/Fmb/Thd

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