Les médias en ligne béninois sommés de cesser leur activité

Kinshasa, 15 juillet 2020 (ACP).- Les autorités du Bénin ont récemment “ordonné” aux sites d’information en ligne de fermer et de mettre la clé sous le paillasson, ce qui constitue,  un coup dur pour le secteur des médias, ont constaté mercredi les agences de presse internationale.

Selon ces sources, la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC), instance de régulation des médias béninois, a publié un  communiqué, début juillet, menaçant les “médias en ligne de mettre fin à toutes publications sous peine de « se voir appliquer la rigueur de la loi ».

L’institution affirme avoir constaté “une création tous azimuts de médias en ligne sans autorisation préalable”, mais aucune précision n’est donnée sur les contours de cette nouvelle interdiction.

“Il y a des gens qui ne répondent pas aux enquêtes de moralité”, s’est défendu un porte-parole de la HAAC, Fernand Gbaguidi, lors d’une conférence de presse. “Cela constitue un danger pour le pays”.

Léonce Gamaï, le manager général de Banouto, un site d’actualité et d’enquête très populaire dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, dit vouloir “observer l’attitude de la HAAC”.

Ce dernier aurait  “mis en veilleuse” son site, en suspendant naturellement ses sept journalistes en attendant d’y voir plus clair.

Pour de nombreux concernés, cette mesure constituent des  obstacles,  une “manière d’éliminer les initiatives locales”, affirment-ils.

“Réduire au silence”

Une opinion de la presse nationale accuse le gouvernement  d’avoir  engagé le pays dans un tournant autoritaire, de resserrer l‘étau sur la liberté d’expression.

Plusieurs journalistes et blogueurs, rappelle-t-on, ont déjà été poursuivis depuis l’adoption, en avril 2018, d’une loi portant Code du numérique, criminalisant les délits de presse en ligne et notamment le partage de “fausses informations” sur les réseaux sociaux.

En vertu de cette loi, Ignace Sossou, journaliste d’investigation pour le site Benin Web TV, a été arrêté en décembre, après avoir relayé des propos critiques du procureur de la République à l’encontre du pouvoir, sur Facebook et Twitter.

Il avait été condamné à 12 mois de prison, dont 6 mois ferme pour “harcèlement”.

Des journalistes frappés par cette mesure   accusent “le pouvoir” de faire “une purge dans les médias avant l‘élection présidentielle”, prévue en avril 2021.

“L’intention d’assainir n’est pas mauvaise mais nous dénonçons la brutalité du communiqué. Certains organes en ligne avaient fait des démarches pour être en règle, se seraient mis en règle en s’acquittant du montant exigé sans que la HAAC n’ait réservé une suite ”, insiste Zakiath Latoundji, présidente de l’Union des professionnels des médias.

Une autre association de défense des journalistes, le Regroupement des promoteurs et professionnels des médias digitaux, dénonce “une sorte de restriction de la liberté d’expression”.

On signale que le Bénin se trouvait au 113e rang dans le dernier classement de Reporters sans frontières (RSF), perdant 17 places en 2019. RSF note que “depuis l’accession au pouvoir en 2016 du président Patrice Talon, les activités de l’opposition seraient très peu couvertes par la télévision d’Etat.   ACP/Kayu/Mpk/KJI/JFM

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