Kinshasa, 14 juin 2024 (ACP).- La Cour de d’Etat du Niger a levé vendredi l’immunité présidentielle de Mohamed Bazoum donnant suite à la junte au pouvoir qui s’apprête à traduire le président déchu devant les tribunaux militaires, a – t – on appris de source judiciaire nigérienne citée par les médias internationaux.
« La Cour ordonne la levée de l’immunité de M. Mohamed Bazoum accusé de complot d’attentat à la sécurité et à l’autorité de l’Etat, de crime de trahison, d’apologie du terrorisme et de financement du terrorisme. La justice a levé son immunité par ce verdict pour ouvrir la voie à un procès devant la cours militaire », a déclaré Abdou Dan Galadima, président de la plus haute juridiction du Niger.
Par ailleurs, le collectif international des avocats du président renversé Mohamed Bazoum a dénoncé « l’avènement de l’arbitraire » et la fin de « l’indépendance du pouvoir judiciaire au Niger ». Ces avocats n’ont pas pu rencontrer ni communiquer avec leur client, et leurs arguments n’ont pas non plus été mentionnés devant la Cour d’État qui a prononcé ce verdict.
« Les droits de Mohamed Bazoum à se défendre ont été violés. On dirait que nous sommes en période d’inquisition, parce que toute l’instruction de cette affaire s’est faite de manière secrète, on a affaire à une restauration autoritaire et on a affaire à une justice surtout instrumentalisée par le pouvoir militaire », a ajouté Maître Moussa Coulibaly, porte-parole du collectif international des avocats.
« N’ayant jamais eu accès au dossier pénal, nous ne pouvons même pas savoir exactement quels sont les faits exacts qui lui sont reprochés. Mais, une chose est sûre : c’est que de la levée de l’immunité à son renvoi devant le tribunal militaire, l’objectif qui est poursuivi, ici, est sa condamnation pure et simple », a – t – il dit.
La cour d’Etat est l’appareil qui concentre tout le pouvoir judiciaire au Niger. Elle a été créée par la junte militaire qui a renversé le président Bazoum en 2023.
Mohamed Bazoum a dirigé le Niger de 2021 à 2023. Malgré 10 mois de séquestration et de pression extrajudiciaire, l’homme de 64 ans n’a jamais démissionné.
ACP/C.L.