Kinshasa, 30 janvier 2022 (ACP).- Près de 40 % de sa population fait face à une « pénurie extrême de nourriture », alors que la guerre dans la région éthiopienne du Tigré perdure depuis bientôt 15 mois selon les dernières estimations de l’ONU publiées vendredi, ont rapporté dimanche des agences internationales de presse.
Selon ces sources, les organisations humanitaires sont désormais à court de carburant. La nouvelle évaluation de la situation alimentaire du Programme alimentaire mondial (PAM) indique que 4,6 millions de personnes, soit 83 % de la population du Tigré, sont en situation « d’insécurité alimentaire », tandis que deux millions (près de 40 %) d’entre eux se trouvent en « grave insécurité alimentaire ».
Ce rapport que le PAM qualifie de première évaluation fiable sur la sécurité alimentaire menée depuis un rapport de l’ONU il y a plus de six mois révèle un peu plus la catastrophe humanitaire dans le nord de l’Éthiopie, où forces pro-gouvernementales et rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) s’affrontent depuis novembre 2020. « Les familles épuisent tous les moyens pour se nourrir, les trois-quarts de la population utilisant des stratégies d’adaptation extrêmes pour survivre », a souligné le PAM dans un communiqué.
« Les régimes alimentaires s’appauvrissent à mesure que les denrées alimentaires s’épuisent et les familles dépendent presque exclusivement des céréales, tout en limitant les portions et le nombre de repas qu’ils prennent chaque jour », a ajouté l’agence de l’ONU.
Elle alerte aussi sur la faim qui progresse dans les régions voisines de l’Amhara et de l’Afar, durement frappées par les combats ces derniers mois. « Le PAM fait tout ce qui est en son pouvoir pour que nos convois de vivres et de médicaments traversent les lignes de front », a déclaré Michael Dunford, directeur régional du PAM pour l’Afrique de l’Est, dans le communiqué.
« Mais si les hostilités persistent, il est nécessaire que toutes les parties au conflit acceptent une pause humanitaire et des couloirs d’acheminement, afin que les fournitures puissent atteindre les millions de personnes assiégées par la faim », ajoute-t-il.
Les combats ont éclaté en novembre 2020 dans le nord de l’Éthiopie après que le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé des troupes pour renverser le TPLF, parti alors au pouvoir au Tigré, qui contestait l’autorité du gouvernement fédéral et qu’il accusait d’avoir organisé des attaques contre des bases de l’armée. Région de six millions d’habitants, le Tigré est soumis depuis six mois à ce que l’ONU qualifie de « blocus de facto de l’aide humanitaire ».
Par ailleurs, Washington accuse le gouvernement de bloquer l’aide, tandis qu’Addis-Abeba impute la situation aux incursions rebelles. Vendredi, le Bureau de coordination humanitaire de l’ONU (Ocha) a annoncé que les ONG humanitaires internationales opérant dans la région avaient épuisé leur stock de carburant depuis le 24 janvier, se voyant contraintes de « délivrer à pied le peu de fournitures et de services humanitaires restants ».
Les organisations locales ont également du mal à atteindre les populations dans le besoin en raison des pénuries de carburant et de liquidités, a ajouté Ocha. Le porte-parole de l’organisation, Jens Laerke, a déclaré que sans approvisionnement supplémentaire, « nous ne pourrons rien fournir d’ici fin février ». « C’est une alerte très sérieuse que nous recevons (d’Éthiopie) désormais », a-t-il déclaré depuis Genève. ACP/C.L/Awa/Lys/SGB