Kinshasa, 26 sept.2024(ACP).- Le décompte des 100 jours pour apprécier la proactivité et l’efficacité d’un chef de Gouvernement, un mythe venu d’ailleurs et avalé les yeux fermés par les « nouveaux intellos », fait le bonheur de plusieurs acteurs politiques en mal de positionnement discursif et en quête d’un peu d’épaisseur dans les débats publics.
Depuis quelques semaines, plusieurs « experts politiques en Suivi-Evaluation » font du tourisme médiatique pour monter au créneau et exiger au Gouvernement Suminwa un bilan de ses premières réalisations, au nom de la tradition politique des 100 jours.
Est-il intelligent et réaliste, dans un pays aux dimensions continentales, aux défis immenses et complexes et au mal si profond, d’adopter une telle posture ? Excepté si l’on a pris l’habitude de se délecter, dans le passé, des écrans de fumée et des actions gouvernementales à titre cosmétique, pour ne pas parler de saupoudrage. D’aucuns le savent.
L’on a vu dans ce pays des chantiers de haute facture lancés avec faste mais inachevés jusqu’à ce jour ; des réseaux routiers construits en un trait, puis inaugurés pompeusement mais qui n’ont même pas fait semblant de résister à la première pluie.
Aux grands maux, de grands remèdes et qui veut aller loin, ménage sa monture, dit-on. Demander au Gouvernement Suminwa de résoudre efficacement et durablement les problèmes majeurs de la RD Congo, c’est aussi lui demander de prendre le temps d’étudier en profondeur et d’identifier les vrais problèmes pour des solutions idoines, sans populisme ni agitation. C’est donc lui demander de se hâter lentement (Festina lente, disaient les Romains).
Car, pour le Gouvernement Suminwa, conscient de la responsabilité qui lui incombe, la finalité de son action n’est pas d’offrir à tout prix des solutions de pacotilles censées calmer le fourmillement des pourfendeurs quitte à se ranger dans l’étroitesse du délai des 100 jours, mais plutôt de proposer aux citoyens congolais et pour la postérité, qui méritent mieux, des solutions durables dans le temps. Et pour cela, il faut du temps.
Il faut un peu de ce temps accordé ou à accorder aux études et aux états des lieux préalables pour mieux agir, plutôt que de ce bout de temps barométrique des 100 jours tiré de la mythologie française des temps modernes.
Pour relever les défis présents du pays en menant à bon port et avec jusqu’au-boutisme son programme d’action, le Gouvernement congolais a élaboré un projet de budget conséquent et l’a soumis à l’approbation du Parlement. En attendant les moyens de sa politique un grand travail souterrain poursuit son bonhomme de chemin. Faut-il rappeler que la Primature n’est pas une chaine de télévision pour que tous les faits et gestes professionnels de ses membres allaitent le voyeurisme de certains organes de presse. C’est humainement compréhensible. Mais sur le cas échéant, il s’agit d’un pétard mouillé, si pas un ballon de baudruche. Il faut attendre une autre fois : c’est sage. Sage, non pas de dire tout ce que l’on pense, mais plutôt de penser tout ce que l’on dit. ACP/