30 juin 1960 : le Congo face à son destin (Par Joseph Kimba)

Kinshasa, 26 juin 2024 (ACP).-Il y a exactement 64 ans, jour pour jour, la République démocratique du Congo accédait, le 30 juin 1960, à son Indépendance dans un climat de liesse populaire qui va vite s’estomper  à cause d’abord d’une mutinerie de l’armée, suivie ensuite des sécessions du Katanga et du Sud-Kasaï.

Le chaos s’installe et l’impréparation politique de l’élite congolaise plonge le pays dans un imbroglio indescriptible. Dans cette atmosphère de précipitation qui a prévalu la veille de l’évènement, selon les experts bien avertis, l’on ne pouvait pas douter d’imaginer que « tout le monde savait qu’il y aurait de l’improvisation pendant les premiers temps de l’indépendance. Il était clair que durant les six premiers mois de son existence, le Congo Indépendant allait connaitre une grave mutinerie dans l’armée, une fuite massive des Belges restés en place, une invasion de l’armée belge et une intervention militaire des Nations Unies ».

A cela vont s’ajouter :« Le soutien politique de l’Union Soviétique, une phase d’extrême tension de la guerre froide, une crise institutionnelle sans égale, deux sécessions sur un tiers de son territoire et, par-dessus le marché ainsi que le sort réservé à son Premier ministre Lumumba qui allait être fait prisonnier, s’enfuir, être rattrapé, torturé et tué ».

Contrôle du Congo, « paradis terrestre »

Jamais un pays, à peine indépendant, n’avait connu autant de sécessions, de rebellions à répétition, de guerres civiles, des assassinats, des crimes, des violences, des brutalités, des viols systématiques des femmes, des tueries et des dérives totalitaires comme le Congo des années 60. Dans le combat idéologique mené pour dominer le monde, le Congo, de par sa position géostratégique au cœur du continent africain, a fait l’objet de toutes les convoitises de la part de deux blocs antagonistes, Est et Ouest. De fabuleuses richesses naturelles ravivaient davantage des rivalités entre les deux blocs qui se disputaient le contrôle du Congo, « paradis terrestre ».

 Il s’en était suivi ainsi « toutes manœuvres de diabolisation » pour balkaniser le Grand Congo au point que le peuple n’a aucun répit pour vivre en paix. Dans sa longue marche à la recherche du progrès économique et social, le Congo-Kinshasa a payé un bon talent pour tenter de contrer toute tentative de « balkanisation » orchestrée à plusieurs reprises, par les forces du mal, jalouses de ses richesses.  L’on ne connait pas exactement, à l’heure actuelle, le nombre des morts dans l’espace de six décennies et quatre mois. Le Zaïre de Mobutu ouvre une petite « parenthèse » d’unité nationale, de paix, de santé, de fierté nationale. Mais ses dérives dictatoriales basculent le pays dans « l’enfer » avec une armée mal organisée, mal nourrie, devenue désormais « moribonde ».

Jalousie des voisins

Le règne de M’Zée Laurent Désiré Kabila qui a chassé le Maréchal du pouvoir est éphémère, troublé par l’agression du Congo par le Rwanda et l’Ouganda. Il est vite assassiné. Même Joseph Kabila qui lui succède à la magistrature suprême est aussi en difficultés pour mettre fin à la rébellion du RCD-Goma et signe un accord inédit avec les rebelles à Sun City, en Afrique du Sud à l’issue du dialogue intercongolais mettant en place un système de gouvernance rarissime au monde : un président et quatre vice-présidents (1+4). Et cela, sans toutefois oublier des fantasmes de Nkunda Batware et le conflit avec le M23 soutenu par Kigali.

A peine arrivé au pouvoir en 2019, le Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo se retrouve, lui aussi, confronté à une multitude de groupes armés à l’est du pays où le Rwanda revient de nouveau à charge pour agresser le Congo sous le label du M23.  Et ce, dans le seul but d’exploiter illicitement les minerais congolais, lesquels attirent beaucoup la jalousie des voisins et des pays occidentaux qui affichent un « omerta » coupable sur des crimes qui se commettent à ciel ouvert dans la partie orientale de la RDC.

Tout cela ne réussira jamais à briser l’élan nationaliste d’un peuple uni, mobilisé et déterminé derrière son Chef de l’Etat pour la défense et l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance du Congo  chèrement acquise par nos pères fondateurs notamment Patrice-Emery Lumumba, Joseph Kasa-Vubu et le cardinal Malula.  Comme en 1960  avec les puissances coloniales, le  Congo est donc face à son destin devant l’agression du Rwanda. ACP/

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