Kinshasa, 08 avril 2021 (ACP). – L’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité, mercredi, la proposition de loi portant protection des droits des peuples autochtones pygmées en République démocratique du Congo (RDC), au cours d’une plénière dirigée par le premier vice-président de l’Assemblée nationale, Jean- Marc Kabund- a Kabund.
389 députés nationaux sur les 390 présents à la plénière ont voté pour.
Avant son adoption in globo et par vote, les députés se sont livrés à un débat houleux sur la durée de la mise en application de cette loi selon l’article 142 de la constitution qui donne un délai de 30 jours.
Le député national Garry Sakata a proposé d’accorder une durée de 60 jours pour sa mise en application selon la brèche qu’ouvre le même article. Une proposition qui a été adoptée in globo.
L’initiateur de cette loi, le député Ruben Rachidi s’est dit satisfait.
«C’est un motif de satisfaction parce que c’est la toute première fois qu’une loi est votée avec seulement un seul votant non. Ceci signifie que mes collègues députés sont conscients des problèmes que nous avons soulevés par rapport à cette catégorie de nos compatriotes qui sont les pygmées et se sont dits trop c’est trop, cette histoire a beaucoup duré et que nous devons mettre fin à cette injustice, à cette discrimination non justifiée », a-t-il dit, ajoutant : « Il reste maintenant que nous puissions accompagner le débat au niveau du Sénat. Nous sommes rassurés qu’ils seront convaincus comme les honorables députés et ça passera à l’unanimité également, nous le souhaitons bien, au niveau du Sénat ».
Réactions …
Le Président de la Commission politique administrative et judiciaire de l’Assemblée nationale (PAJ), Lucain Kasongo Mwadiamvita, a déclaré, mercredi, à la presse que la proposition de loi à la plénière de l’Assemblée nationale qui venait d’être adoptée vise la promotion et la protection des droits des Peuples autochtones pygmées restés longtemps discriminés sur les plans politique, culturel, civile, sanitaire et éducatif.
C’est un peuple oublié et négligé, a-t-il plaidé, précisant que suite à cet état des choses, l’un de leurs a proposé qu’on puisse faire de l’obligation à l’Etat de promouvoir et de protéger cette catégorie des Congolais.
Selon ce député, l’Etat est appelé à assurer l’éducation et des soins à ce peuple et à faire en sorte qu’il puisse aussi participer à la gestion de la chose publique au même titre que les autres peuples.
La présente loi, a- t- il dit, relève de l’obligation de l’Etat et des droits à ce peuple d’être considéré comme les autres peuples de la RDC.
Le rapporteur de la Commission socio culturelle de l’Assemblée Nationale, le Député Mota Ngaliema Léonard, élu de la circoncription de la Tshangu, a indiqué que la loi portant principe fondamentaux relatif à la protection et promotion de PAP vient franchir l’étape de l’Assemblée Nationale avec le vote qui s’est déroulé à l’hémicycle.
Après, a-t-il ajouté, cette loi sera transmise au Senat pour la deuxième lecture, s’ iln’y a pas divergence dans certaines articles, avantde la transmettre à la présidence de la République pour la promulgation.
Le député honoraire, le Pr Bruno Lapika , l’un des initiateurs de la loi sur les principes fondamentaux relatifs à la promotion et protection des peuples autochtones pygmées s’est dit envahi par le sentiment de satisfaction, le vote de cette loi est le couronnement d’une dizaine d’années de combat pour la faire adopter à l’assemblée nationale.
« Je ne saurai pas vous décrire toutes les étapes et toutes les péripéties que la présente législature a fait pour cette loi qui vient de la législature passée et je ne saurai non plus vous dire combien des séances ont été consacrées pour discuter de cette loi et je me sens en ce jour en homme comblé parce que tout ce dont nous avons rêvé est aujourd’hui est arrivé avec l’adoption de cette loi », a laissé entendre ce défenseur des droits des PAP.
Répondant à une question de la presse sur les avantages de ce texte de loi, le Pr Bruno Lapika a fait savoir que les bénéfices de cette loi sont énormes notamment, la reconnaissance des droits spécifiques d’un peuple longtemps marginalisé à travers la République. « C’est aussi la reconnaissance des valeurs que comporte la culture de ce peuple pygmée et en même temps c’est aussi un espoir par ce que ce peuple va désormais bénéficier des mêmes avantages que tous les autres peuples de la RDC », a-t- il enchainé.
Le directeur pays à Rainforest Foundation Norway (RFNo), Kevin Sasia, s’est réjoui de voir l’Assemblée Nationale adoptée presque à l’unanimité cette loi portant promotion et protection des droits des PAP.
«C’est une immense fierté, une grande joie et une avancée majeure qui vient récompenser dix années d’efforts et de plaidoyer. Il a salué la ténacité de toutes les organisions partenaires autochtones ayant travaillé pour que une telle journée ait lieu, avant de noter que RFNo, une organisation internationale qui appuie les organisations de la société civile particulièrement les organisations autochtones pour la promotion et la défense des droits de ces communautés, félicite l’Assemblée Nationale pour le travail abattu.
«Cette loi, a affirmé Kevin Sasia, aura un impact très important pour les PAP et aidera la RDC à respecter ses engagements en termes de protection et promotions des droits de ces communautés et vis-à-vis de la lutte contre les changements climatiques et pour la protection de l’environnement et des forets».
De son côté, le coordonnateur de la Dynamique des peuples autochtones (DGPA) Patrick Saidi, a déclaré qu’en ce jour mémorable, l’Assemblée Nationale vient de lancer un message fort à l’Etat congolais quant au respect des droits et à la prise en compte des droits humains qui visent à garantir l’intégration responsable de toutes les couches sociales dans la vie nationale notamment les PAP. L’Etat congolais vient de démontrer que dans la diversité, c’est possible d’avoir une vision commune pour l’intérêt nationale.
La joie ressentie à cette occasion appelle les uns et les autres à s’armer davantage car c’est une lutte qui va encore prendre des années pour que les PAP se sentent réellement considérer et qu’ils retrouvent leur dignité en tant que êtres humains avoir le sentiment de joie à cette première étape de l’adoption par la chambre basse et que le même travail va se poursuivre au niveau du Senat pour la seconde lecture qui sera suivi de la promulgation. ACP /Kayu/Awa