Kinshasa, 11 décembre 2020 (ACP).- La présidente du bureau de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda a été destituée jeudi, à l’issue d’un vote organisé dans la salle des Congrès du Palais du peuple.
Sur 483 députés nationaux qui ont exprimé leur suffrage, 281 ont voté pour la destitution de Jeanine Mabunda contre 200 qui lui ont apporté leur soutien. Un bulletin nul et une abstention ont été également enregistrés.
56 ans, Jeanine Mabunda était à la tête de l’Assemblée nationale depuis le 24 avril 2019. Elle a dirigé cette chambre du Parlement pendant une année et 7 mois.
Membre du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) affilié au Front commun pour le Congo (FCC), Jeanine Mabunda est parmi les fidèles de l’ancien président Joseph Kabila.
Elle a été visée par une pétition, ainsi que les autres membres du bureau de la chambre basse du Parlement.
Les signataires de la pétition ont reproché plusieurs griefs à la présidente du bureau de l’Assemblée nationale. Il s’agit notamment, de faute grave et l’incompétence notoire.
Ils justifient ces griefs par « l’opacité dans la gestion des finances de l’Assemblée nationale, l’absence d’un règlement financier, le mépris à la plénière, les violations répétées de la constitution et des lois et règlements régissant le fonctionnement de l’Assemblée nationale, le blocage sélectif des initiatives des députés », pour ne citer que ceux-là.
Il sied de signaler que la pétition contre Jeanine Mabunda a récolté 250 signatures des députés nationaux, alors que la condition de recevabilité d’une pétition contre le président de l’Assemblée nationale, fixée par la constitution, est de 125 signatures.
La RDC s’est enfoncée dans une crise depuis que le Président Tshisekedi a annoncé la fin de la coalition au pouvoir, qu’il formait avec la famille politique de son prédécesseur Joseph Kabila.
Le Président avait émis le vœu de dégager une nouvelle majorité à l’Assemblée nationale pour soutenir sa politique de réformes, faute de quoi il dissoudrait la chambre basse.
Jeanine Mabunda réfute toutes les accusations portées contre elle
Jeanine Mabunda qui s’était présentée devant les députés au cours de la plénière dirigée par le président du bureau d’âge, Christophe Mboso Nkodia Puanga, chargée d’examiner les pétitions visant la déchéance des membres du bureau de l’Assemblée nationale, a réfuté les accusations portées contre elle.
Elle a regretté le fait que les accusations contenues dans la pétition qui la concerne aient d’abord été partagées sur les réseaux sociaux.
Revenant sur l’accusation de l’absence du contreseing pour les opérations financières, Jeanine Mabunda a déclaré que « cela est faux ». Elle a donné des exemples pour étayer sa position.
La présidente déchue a également fait savoir qu’un comité ad hoc avait investigué et audité la gestion du bureau de l’Assemblée nationale.
Sur l’accusation d’absence d’un manuel financier, elle a argué que ce manuel existe et il avait fait l’objet d’un audit par une firme externe.
Elle est également revenue sur l’inscription des matières à l’ordre du jour des plénières sans passer par la conférence des présidents. Elle a aussi balayé cette accusation donnant des dates, tout en prenant à témoins les membres de la conférence des présidents.
Cependant, Jeanine Mabunda a présenté des excuses dans l’éventualité où ses propos ou son comportement auraient été blessants. Applaudie par les députés du FCC et huée par les pétitionnaires, elle a demandé à ses collègues de voter contre la pétition.
Auparavant, 5 députés pour et 5 autres contre étaient passés à la tribune pour défendre leurs positions par rapport à ces pétitions. Ensuite, les membres du bureau incriminés avaient droit à 15 minutes chacun pour présenter ses moyens de défense avant le déroulement du vote.
D’après le président du bureau d’âge, 486 députés nationaux ont pris part à cette séance plénière qui s’est tenue sous de fortes agitations.
Avant la plénière, la Police avait utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les militants de l’UDPS et les pro-Jeanine Mabunda aux alentours du Palais du peuple.
Les combattants du parti présidentiel s’étaient mobilisés pour soutenir le travail du bureau d’âge qui a dirigé la plénière et examiné les pétitions visant la destitution de Jeanine Mabunda et l’ensemble du bureau de la chambre basse du Parlement.
Toutefois, la sécurité était renforcée et l’accès au Palais du peuple était très limité. ACP/Kayu/GGK