Burkina : près de 30 morts en 2 jours, la violence djihadiste s’intensifie

Kinshasa, 31 janvier 2023 (ACP).- Quinze civils enlevés ont été retrouvés morts lundi dans l’ouest et une dizaine de membres des forces de sécurité tuées le même jour dans le nord du Burkina Faso.

Les actions meurtrières des groupes liés à Al-Qaïda et à l’Etat islamique ont débuté en 2015, mais n’ont cessé de se multiplier ces derniers mois et sont en partie à l’origine de deux coups d’Etat au Burkina en 2022.

Lundi, c’est dans le sud-ouest du pays, près de la Côte d’Ivoire, que 15 personnes ont été retrouvées mortes après avoir été enlevées la veille par des djihadistes présumés.

Dimanche soir, deux minibus avaient été interceptés dans le village de Linguekoro par des hommes armés, selon le gouverneur de la région, le colonel Jean-Charles Somé.
Les passagers, huit hommes et 16 femmes, « ont été débarqués » des véhicules, a-t-il dit dans un communiqué. Parmi eux, « huit femmes et un homme ont été libérés et enjoints de regagner à pied Mangodara », à 30 km de Linguekoro.

Les deux minibus « ont par la suite été incendiés et les autres passagers enlevés », selon le gouverneur. Les corps des victimes retrouvées lundi présentent « des impacts de balles« , selon lui.

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté mardi matin à Mangodara pour protester contre « l’insécurité » et « l’impunité » après la découverte des 15 corps, selon les sources. A la mi-janvier, une soixantaine de femmes avaient été enlevées par des djihadistes présumés à Arbinda, dans le nord, avant d’être retrouvées quelques jours après.

Des gendarmes et Volontaires pour la défense de la patrie (VDP, supplétifs de l’armée) stationnés dans la localité de Falagountou dans la région du Sahel (nord), ont par ailleurs subi lundi après-midi « une attaque terroriste », selon l’armée. « Le bilan provisoire enregistré fait état de 12 combattants tombés, dont deux VDP », selon l’état-major qui parle également d’un civil tué. « Au moins cinq gendarmes ont été blessés et une dizaine d’autres« , disparus, sont « toujours recherchés« , précise l’armée en affirmant que, « côté ennemi, une quinzaine de corps de terroristes ont été retrouvés lors des opérations de ratissage qui sont toujours en cours ».

Ces enlèvements et attaques attribuées aux djihadistes interviennent dix jours après la décision du gouvernement burkinabè d’exiger le départ des 400 soldats français de la force Sabre basée à Ouagadougou.

La décision du Burkina est motivée par « la volonté des autorités de la transition et de l’ensemble des Burkinabè, d’être les acteurs premiers de la reconquête de notre territoire« , selon le porte-parole du gouvernement, Jean-Emmanuel Ouédraogo. « Il ne s’agit pas de la fin des relations diplomatiques entre le Burkina Faso et la France« , ajoutait-il.La France, ex-puissance coloniale au Burkina, y est désormais régulièrement contestée. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi en soutien au pouvoir à Ouagadougou, où le départ des troupes françaises est accueilli comme un retour à la « souveraineté« .

Depuis son arrivée au pouvoir en septembre à la faveur d’un putsch, le deuxième en huit mois, le capitaine Ibrahim Traoré et son gouvernement ont manifesté leur volonté de diversifier leurs partenariats en matière de lutte contre le djihadisme.

Les nouvelles autorités ont ces dernières semaines engagé un rapprochement avec la Russie où le Premier ministre, Appolinaire Kyélem de Tembéla, s’est discrètement rendu en décembre. La Russie est « un choix de raison », selon lui. Ces derniers développements rappellent le précédent du Mali. ACP/Kayu/Thd

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