Kinshasa, 27 novembre 2023 (ACP).-La République Démocratique du Congo a entamé la deuxième semaine de la campagne électorale pour les élections générales du 20 décembre 2023. Plusieurs candidats se sont déployés sur le terrain, des programmes et des attaques ont été entendus. Alors que la dernière ligne droite se dessine, des dynamiques décisives se mettent progressivement en place.
La première grille de lecture a fait apparaître un double mouvement à la limite du paradoxe. Surprise d’avoir vu tous ses candidats validés, l’opposition a précipitamment tenté de se mettre dans le sens de la victoire grâce à une dynamique unitaire en Afrique du sud. La manœuvre a malheureusement accouché d’une souris. Les tendances majeures représentées par Martin Fayulu Madidi de l’Ecidé et Moïse Katumbi Chapwe d’Ensemble, se sont fracassées dans un combat fratricide qui n’a pas surpris les observateurs.
Approches contradictoires
Chacun de son côté désormais, Moïse Katumbi brille par l’étalage de ses moyens de campagne colossaux, là où Martin Fayulu Madidi brandit son statut de challenger de Félix Tshisekedi en 2018 pour réclamer une sorte de droit d’ainesse.
Depuis, on assiste à un rapprochement entre le chairman et certains candidats ayant choisi de désister en sa faveur. C’est le cas de Seth Kikuni, Augustin Matata Ponyo Mapon et Franck Diongo Shamba. Le problème, c’est que ce rapprochement n’a pas, à ce stade, significativement impacté l’opinion.
L’autre dynamique interne à l’opposition est cette sorte de valse-hésitation dans le chef de Denis Mukwege. Ce dernier ne s’est pas vraiment prononcé pour aller dans le sens de ses collègues engagés dans la dynamique unitaire, apparemment tiraillé entre le souci de garder sa dignité afin de se préserver pour l’avenir et revendiquer une indépendance d’esprit susceptible d’enterrer, à court terme, ses ambitions.
Le principal handicap qui plombe la démarche de Denis Mukwege réside dans le fait qu’il est très peu connu par les Congolais et qu’il est obligé de réaliser une double opération pour espérer figurer honorablement : se faire connaître avant d’espérer convaincre et séduire. De l’avis général, il ne pourrait se sortir de cette impasse qu’en adoptant une posture qui le projetterait dans l’avenir.
Les autres opposants n’ont pas encore affiché leurs véritables choix et postures. Alors que plusieurs d’entre eux sont accusés de vouloir se vendre au plus offrant, d’autres seraient tentés de se rapprocher, estiment certaines sources, de l’Union Sacrée et donc de son candidat Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Enfin, ce dernier est pour sa part crédité d’avoir entamé sa campagne tambour battant, soulevant des foules immenses dans les villes qu’il a déjà visitées. Le président sortant bénéficie dans cet exercice de l’aura du héros engagé dans une guerre sans merci contre les agresseurs et ennemis de la RD Congo. Une posture qui a jusque-là le mérite de récolter un écho très favorable au sein de l’opinion et de fédérer les énergies autour de son nom.
Des discours qui restent à construire
Félix Antoine Tshisekedi séduit également – ce sont les observateurs, y compris ceux de l’Union Européenne déjà présents dans nos murs qui le constatent – sans doute du fait de sa récente expérience dans la gestion des affaires de l’Etat.
A contrario, les adversaires du Président de la République sortant semblent plutôt briller dans l’art du contrepied, de l’insulte et de l’invective, éloigné de toute proposition cohérente et séduisante.
Pour autant, chacun des protagonistes excelle dans un secteur précis. Quand par exemple Martin Fayulu Madidi fait de la bonne gouvernance le socle de son offre politique, Moïse Katumbi propose des investissements massifs et diversifiés, tandis qu’Adolphe Muzito entend s’employer à l’accroissement des moyens de l’Etat, jusqu’à atteindre 300 milliards de dollars dans un délai relativement court. Nous y reviendrons avec à la clé les programmes des principaux candidats.
ACP/Jean Kenge Mukengeshayi