Commerce illégal des minerais : une politique africaine de gestion comme voie de sortie (Conférence)

Kinshasa, 29 février 2024 (ACP).- Une politique de gestion des minerais stratégiques en Afrique, et particulièrement en République démocratique du Congo, a été préconisée lors d’une conférence-débat animée jeudi à l’Université de Kinshasa, dans le contexte du protocole d’accord signés en cette matière entre l’Union européenne et le Rwanda.

« Pourquoi ne peut-on pas se mettre ensemble pour avoir une politique africaine de gestion des minerais ? », s’est interrogé le professeur Raphaël  Matamba, orateur de la conférence.

Le professeur Matamba s’est ainsi exprimé lors de ces assises dont le thème était : « le Protocole d’accord signé entre le Rwanda et l’Union européenne (UE) et le Protocole d’entente sur les chaînes de valeur des matières premières critiques et stratégiques, signé entre la RDC et l’UE ».  

« Il y a déjà une initiative de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), dont le Rwanda, qui donne des outils pour éviter le commerce illégal des minerais. Pour ce protocole (signé entre l’Union européenne et le Rwanda), on peut tout de suite demander pourquoi le Rwanda n’applique pas lesdits outils? », a-t-il encore dit, devant une assistance constituée majoritairement de la communauté universitaire.

D’après le professeur, en RDC le commerce illégal des minerais est à combattre en mettant notamment sur pied «une raffinerie industrielle», pour avoir « une plus-value ».

« Pour l’instant, on dit que le cobalt est un minerais stratégique, parce que beaucoup de réserves sont au Congo. Nous sommes en position de force. Nous devons déclarer nos minerais pour permettre qu’on sache que ça vient du Congo», a-t-il dit par ailleurs.

Pour que la RDC puisse bénéficier de ses ressources minières dont les minerais stratégiques, M. Raphaël Matamba a prôné la sécurisation de la chaîne d’approvisionnement de ces minerais, la mise en place d’une quotité réservée uniquement à la production locale et la promotion de la transformation locale, afin d’inciter les entreprises à transformer localement pour donner plus de valeur ajoutée aux produits congolais.  

Kigali appelé à prouver l’origine de ses minerais

Le Professeur Raphael Matamba, expert minier

Par ailleurs, le Rwanda, pays agresseur de la République démocratique du Congo, a été appelé à prouver l’origine des minerais concernés par le protocole d’accord qu’il a signé avec l’Union Européenne.

« Le Rwanda doit prouver l’origine de ses minerais, c’est-à-dire présenter les données de certification de l’existence de ses minerais », a déclaré Raphaël Matamba, expert minier et professeur d’université.

Selon lui, la RDC attend de l’Union Européenne d’exiger au Rwanda de présenter les données de certification sur l’existence des minerais sur son sol.

« Dans le protocole signé avec l’Union européenne, le Rwanda dit qu’il a tout (les minerais). Si le Rwanda dit qu’il produit, nous devons savoir : ça vient d’où ?  C’est seulement après ces explications, que l’on saura si Kigali possède oui ou non les réserves dont il est question dans ce protocole d’accord », a-t-il dit.

« Il y a déjà une initiative de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs  (CIRGL) qui donne les outils pour éviter le commerce illégal des minerais. Pour ce protocole (signé entre l’Union européenne et le Rwanda), on peut tout de suite demander pourquoi le Rwanda n’applique pas lesdits outils ? », a ajouté le conférencier.

Le Rwanda a signé un protocole d’accord avec l’UE le 19 février 2024, pour renforcer son rôle dans le développement de chaînes de valeur durables et résilientes pour les matières premières critiques, vivement contesté par le gouvernement congolais.

ACP/

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