Conflit Mbole-Lengola: 25 morts enregistrés au site de déplacés de Kisangani depuis mai

Kisangani, 14 septembre 2023 (ACP).- Vingt-cinq (25) décès ont été enregistrés depuis mai 2023 au site des déplacés du conflit intercommunautaire Mbole-Lengola à Konga-Konga à Kisangani, au nord-est de la République démocratique du Congo, suite aux mauvaises conditions de vie, a appris l’ACP jeudi, de source locale.

« Nous avons déjà enregistré 25 cas de décès depuis le mois de mai, dont deux pour la seule journée du 13 septembre 2023. Ces morts sont liés généralement au manque de soins adéquats et de nourriture », a témoigné M. Alois Bushiri Mwamba, représentant des déplacés de ce site. « Nous venons de totaliser 24 jours sans une quelconque assistance », a-t-il déploré. Cette information est confirmée par M. Jupson Bokenzi Liele, bourgmestre de la commune de Kisangani, qui s’est toutefois dit réservé d’avancer la cause de ces décès.

« Je ne suis pas médecin pour donner avec certitude la raison de ces décès », a-t-il dit. Malgré la présence de plusieurs organisations sur le terrain, l’assistance apportée jusqu’à présent ne comble pas les besoins des déplacés qui, visiblement, vivent dans des conditions inhumaines. « C’est le gouvernement provincial qui, à la limite de ses moyens, nous assiste par moment en vivres et non vivres », a reconnu le représentant des déplacés. 

Contraints à la mendicité

Tous disent mener une vie difficile, depuis leur arrivée il y a 5 mois, fuyant l’insécurité aux alentours de la commune Lubunga, située à la rive gauche du fleuve Congo à Kisangani. Pour survivre, certains s’adonnent à la mendicité. D’autres cependant vont travailler dans des ménages, afin de pouvoir obtenir la nourriture. 

«Je passe à travers la ville pour chercher quelqu’un qui peut m’occuper par un petit service, généralement des travaux de ménage. Une fois que j’ai mes feuilles de manioc et un peu d’huile, cela me suffit pour manger », a témoigné une quinquagénaire. Face à cette situation, les cas de malnutrition, surtout chez les enfants, sont prononcés. « 19 cas de décès d’enfants sont déjà enregistrés ici, notamment suite à la malnutrition », a affirmé M. Bushiri.

Promiscuité et insuffisance des structures d’urgence

L’insalubrité sur le site, où les tentes et les structures d’urgence comme les latrines sont insuffisantes, expose les déplacés aux maladies comme le paludisme, le choléra, ou la dysenterie, a-t-on constaté. Les enfants sont les plus particulièrement exposés. La Croix rouge et l’OMS ont placé quelques tentes pour les protéger contre les intempéries.

« Une tente d’environ 12 mètres héberge 12 ménages, et aucun cloisonnement n’est fait à l’intérieur. Hommes, femmes et enfants vivent à l’intérieur au mépris des considérations intimes », a révélé le représentant des déplacés, ajoutant que de nombreux déplacés, faute de matelas, passent la nuit à même le sol. « Les premiers occupants du site avaient bénéficié d’un matelas par ménage, soit 1.800 matelas. Pourtant, le site compte plus de 6.500 personnes à l’heure actuelle », a-t-il signalé. Tous ces déplacés sont contraints d’utiliser une latrine, qui est d’ailleurs bouchée, situation qui en pousse plusieurs à faire leurs besoins à l’air libre. Le gouvernement provincial a, pendant ce temps, initié les travaux de construction de trois latrines et un point d’eau. Le conflit entre les Mbole et les Lengola trouve ses racines dans des tensions historiques, sociales et économiques.

Les deux communautés ont des revendications territoriales, des différences culturelles et des rivalités ancestrales qui ont été exacerbées au fil du temps. Les ressources naturelles, telles que les terres agricoles et les mines, sont également des enjeux importants dans ce conflit. Les rivalités pour le contrôle de ces ressources ont conduit à des affrontements violents entre les deux communautés en mai 2023.

Appel aux parties prenantes à s’impliquer pour le vivre-ensemble

Mgr Utembi, archevêque métropolitain de Kisangani

Par ailleurs, dans une intervention sur une chaîne de radiotélévision locale, l’archevêque métropolitain de Kisangani et président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), Mgr Marcel Utembi a appelé les parties prenantes à ce conflit intercommunautaire à s’impliquer pour la paix et le vivre-ensemble. « J’invite les différentes parties prenantes au conflit Mbole-Lengola à s’impliquer pour le retour de la paix et le vivre-ensemble », a déclaré Mgr Marcel Utembi. Pour ce prélat, les autorités publiques, les chefs coutumiers, les notables ainsi que les confessions religieuses doivent conjuguer les efforts pour ramener la paix, au regard de ce conflit. « Travailler pour la restauration de la paix va permettre le retour des déplacés dans leurs milieux d’origine, afin de vaquer à leurs activités vitales », a-t-il ajouté. Le conflit Mbole-Lengola qui a débuté au mois d’avril de l’année en cours, continue à faire des victimes dans les différentes contrées, notamment dans la commune de Lubunga et l’hinterland de la ville de Kisangani. ACP/

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