Kinshasa, 7 novembre 2022(ACP).- Le monde va droit au suicide collectif si vous n’agissez pas vite et fort face à la crise climatique qui s’accélère, a lancé lundi le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, aux grands de ce monde venus s’exprimer devant la conférence climat en Egypte.
« L’humanité a un choix : coopérer ou périr. C’est soit un Pacte de solidarité climatique soit un Pacte de suicide collectif », a lancé Antonio Guterres à environ 100 Chefs d’Etat et de gouvernement réunis à Charm el-Cheihh à l’ouverture dimanche de la COP27, qui durera jusqu’au 18 novembre.
« Nous sommes sur l’autoroute vers l’enfer climatique avec le pied toujours sur l’accélérateur », a encore lancé, paraphrasant le groupe de hard rock australien AC/DC, le secrétaire général, dont les avertissements sur la gravité de la crise climatique deviennent de plus en plus stridents.
Car face à l’urgence, il s’agit de mettre le maximum de pression sur les pays pour qu’ils renforcement la lutte contre le réchauffement, malgré la polycrise qui accapare leur attention: guerre en Ukraine, crises énergétique et alimentaire, retour de l’inflation, récession qui menace…
Inacceptable et scandaleux
« Si les autres crises passeront, le climat est la question déterminante de notre temps, qu’il serait inacceptable, scandaleux et autodestructeur de reléguer au second plan », a martelé M. Guterres. Comme le montrent déjà ses impacts catastrophiques qui se multiplient : inondations dévastatrices, canicules, sécheresses mettant à mal les récoltes.
Les engagements actuels des pays sont pourtant loin d’être à la hauteur des objectifs de l’accord de Paris de 2015, pierre angulaire de la diplomatie climatique. A savoir contenir le réchauffement de la planète nettement » sous +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, et si possible à +1,5°C.
Les dernières contributions nationales, si elles étaient pour une fois pleinement respectées, laisseraient au mieux le monde sur une trajectoire de +2,4°C d’ici à la fin du siècle, selon l’ONU.
Et avec les politiques menées actuellement, c’est même une catastrophe +2,8°C qui se profile.
Regain de tension entre la Chine et les États-Unis
Une des hypothèques pesant sur la lutte climatique est le regain de tensions entre les deux plus grands pollueurs mondiaux, la Chine et les Etats-Unis. Leurs Présidents ne se croiseront pas à Charm el-Cheikh, mais devraient se voir la semaine prochaine à Bali, au G20.
Le patron de l’ONU les a appelés à assumer leur responsabilité particulière.
Tout comme le Président français Emmanuel Macron, qui a lancé en marge de la COP : « Il faut qu’on ait les Etats-Unis et la Chine qui soient vraiment au rendez-vous », en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de solidarité financière. Il a également appelé les pays riches non-européens à payer leur part.
Aide des pays riches aux plus pauvres
Ce volet des finances, notamment l’aide des pays riches aux plus pauvres, les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement mais souvent les plus exposés aux impacts, est un des dossiers les plus épineux à la COP27.
Pour la première fois, la question du financement des dommages déjà causés par le réchauffement sera ainsi à l’agenda officiel d’une COP.
Ils se comptent déjà en dizaine de milliards de dollars plus de 30 par exemple pour les récentes inondations qui ont mis sous l’eau un tiers du Pakistan et devraient croître fortement.
Les pays vulnérables réclament un mécanisme de financement spécifique, auquel rechignent les plus riches, qui craignent de voir leur responsabilité mise en cause et arguent que le financement climat est déjà suffisamment complexe.
La COP27 ne débouchera pas sur une décision, les discussions devant se poursuivre.
ACP/KHM/CKM/KMT