Kinshasa, 11 mars 2024 (ACP).- L’Union européenne (UE) a évacué lundi l’ensemble de son personnel d’Haïti vers un endroit plus sûr à l’extérieur du pays, a appris l’ACP de source diplomatique.
« Nous avons pris la décision de réduire nos activités sur le terrain et nous avons évacué le personnel de la délégation de l’UE à Port-au-Prince vers un endroit plus sûr, hors du pays », a déclaré, Peter Stano, porte-parole de la Commission en charge des Affaires étrangères.
« Le personnel essentiel continue donc de travailler, mais pas depuis Haïti-même Nous continuerons d’évaluer la situation et nous adapterons aux évolutions», a-t-il souligné.
Le porte-parole a témoigné de l’extrême inquiétude de l’UE quant à la situation sur place.
« Ce qui se passe actuellement en Haïti, en termes de sécurité et de stabilité, nous inquiète fortement. Nous suivons de très près la détérioration de la situation sécuritaire ces derniers jours et semaines, du fait des gangs armés », a renchérit Peter Stano.
Dimanche, les Affaires étrangères allemandes avaient indiqué avoir déplacé leur ambassadeur en Haïti vers la République dominicaine, avec des représentants de la délégation de l’UE. Le même jour, les Etats-Unis ont indiqué avoir évacué une partie du personnel de leur ambassade.
Ville en état de siège
La capitale est le théâtre d’affrontements entre policiers et bandes armées, qui s’en prennent à des sites stratégiques dont le palais présidentiel, des commissariats et prisons. Une « ville en état de siège« , selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Les autorités ont décrété il y a une semaine l’état d’urgence, assorti d’un couvre-feu nocturne, dans le département de l’Ouest, qui comprend la capitale, mais elles ne contrôlent pas entièrement ce territoire.
Pour remédier à cela, le Conseil de sécurité de l’ONU a donné à l’automne son accord à l’envoi d’une mission internationale dirigée par le Kenya pour aider la police haïtienne, mais son déploiement se fait cruellement attendre.
Le Premier ministre Ariel Henry a signé début mars un accord à Nairobi pour permettre l’envoi de policiers kényans, et cherche depuis à regagner Haïti. Il était aux dernières nouvelles toujours bloqué à Porto Rico, territoire américain des Caraïbes.
Haïti, sans président ni parlement, n’a connu aucune élection depuis 2016 et Ariel Henry, nommé par le président Jovenel Moïse juste avant son assassinat en 2021, aurait dû quitter ses fonctions début février.
Administrations fermées
Les administrations et écoles de la capitale sont fermées depuis plusieurs jours, et l’aéroport et le port ne fonctionnent plus, faisant craindre un effondrement de l’approvisionnement de la population du pays le plus pauvre des Amériques. Les hôpitaux, visés par les gangs, ne peuvent fonctionner normalement.
Selon l’OIM, 362.000 personnes – dont plus de la moitié sont des enfants sont actuellement déplacées en Haïti, un chiffre qui a bondi de 15% depuis le début de l’année.
Maigre signe d’espoir: cinq personnes enlevées en février à Port-au-Prince, dont quatre religieux, ont été libérées, a annoncé dimanche leur congrégation catholique, appelant à la libération de deux autres religieux retenus. ACP/ODM