Décollage difficile de la RDC 65 ans après son Indépendance (Kombo M’Fum Diallo)

Kinshasa, 30 juin 2025 (ACP) Le 30 juin 2025, la République démocratique du Congo a célébré le 65ème anniversaire de son Indépendance, dans la méditation. Et pour cause : il s’avère que 65 ans après son Indépendance, le pays peine toujours à décoller pour amorcer un développement durable en dépit de ses immenses potentialités qui attirent des envies de par le monde.

Selon des spécialistes, des facteurs d’ordres historique, politique, économique et social sont identifiés comme étant les principaux obstacles au décollage de ce géant d’Afrique.

Au plan historique, l’on met en cause l’héritage colonial et postcolonial. La Belgique, ancienne puissance coloniale, est accusée d’avoir laissé un pays sans infrastructures solides et sans une élite locale formée.

L’après-indépendance s’est caractérisée par des crises politiques majeures : sécessionskatangaise et kasaïenne pilotées respectivement par Moïse Tshombe et Kalonji Ditunga qui s’était autoproclamé ‘’empereur’’ ; des mutineries au sein de la Force Publique (Armée) ; assassinat du tout premier Premier ministre Patrice Emery Lumumba sans oublier les rebellions de Sumialo et Gbenye  appuyées par le mercenaire Jean Schrame dans la partie orientale du pays. 

Il va sans dire que ces différents évènements ont, à ne point douter, entravé lourdement la construction du jeune Etat fraichement libéré de la domination.

Et comme si cela ne suffisait pas, à partir des années 1990, le pays est à nouveau le théâtre des conflits armés particulièrement dans sa partie Est. Des guerres qui ont causé et continuent à causer des millions de morts, provoqué des déplacements massifs des populations.

Outre la destruction des infrastructures construites péniblement, ces guerres désarticulent tout le tissu économique,compromettant tout développementéconomique et social. Il en est de même concernant l’insécurité chronique provoquée par de centaines de groupes armés dans ces provinces et qui favorise l’instabilité économique et sociale des populations obligées de reprendre la vie à zéro à chaque déplacement forcé.

Un autre frein au développement a pour nom la mauvaise gouvernance caractérisée par des détournements à grande échelle etle manque de transparence dans la gestion des ressources naturelles.

L’insuffisance des infrastructures routières essentielles à la circulation des biens et des personnes, de l’électrification, des télécommunications et des services de base amène à l’isolement de nombreuses régions du pays et nuit non seulement à leur développement économique mais aussi à l’intégration nationale. 

La situation économique se caractérise par une économie peu diversifiée et trop dépendante du secteur minier, à travers les exportations du cuivre, cobalt, or et autres. Ce qui explique en grande partie la faible industrialisation locale, le peu d’emplois formels et un développement rural au ralenti alors que l’agriculture mérite de constituer une priorité.

Concernant l’éducation et la santé, avec un système éducatif et sanitaire sous-financé, le résultat ne peut-être que peu flatteur en termes d’éducation de qualité et des soins de santé attendus.

Enfin, l’instabilité politique observée à travers des transitions politiques à répétition, les retards dans l’organisation des élections dénotent l’absence d’une vision nationale cohérente à long terme et en est un autre obstacle. 

Tous ces différents défis interconnectés forment un cercle vicieux que seuls des changements profonds contenus et concertés peuvent briser. 

Mais en dépit de ces nombreuses pesanteurs qui jonchent son parcours vers le développement, la RDC dispose d’un potentiel considérable : une jeunesse dynamique, des ressources et une position géostratégique qui la prédisposent à un avenir radieux. 

Des réformes profondes, une gouvernance transparente et une stabilisation politique, sont essentielles si pas indispensables pour amorcer un véritable décollage.  Il y a donc un avenir à construire.

ACP/       

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