Députation provinciale : 70 candidatures en moyenne pour un siège, un ”engouement sans précédent” (Experts)

Kinshasa, 01 octobre 2023 (ACP).- L’afflux des candidatures pour les législatives provinciales du 20 décembre 2023 en République démocratique du Congo, avec une moyenne nationale de 70 postulants pour un siège, démontre un ”engouement sans précédent”, ont affirmé des experts électoraux contactés par l’ACP.

« La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a jugé recevables quelques 49.000 candidatures à la députation nationale sur toute l’étendue de la RDC. Tous ces candidats vont compétir pour un total de 700 sièges répartis dans les différentes circonscriptions. Ceci donne une moyenne de 70 candidatures pour un siège, c’est beaucoup. Cela démontre un engouement sans précédent », a déclaré M. Luc Luntala, spécialiste des questions électorales.

« La baisse de la caution est sans aucun doute un élément explicatif. La loi électorale, en son article 13, a autorisé la promotion du genre. Elle stipule que la liste qui aligne 50% de femmes ne paie pas la caution. Mais je pense qu’une autre explication, c’est que beaucoup de Congolais rêvent de devenir acteurs politiques parce que la perception commune est que les politiciens sont des gens qui s’enrichissent », a-t-il ajouté.

Me Jean-Michel Mvondo, un autre expert en matière électorale, a justifié de son côté l’engouement constaté à l’actuel processus électoral par des considérations financières.

« Cette augmentation est due à la compréhension de la population par rapport au rôle des députés. Les gens croient que devenir député est un raccourci pour gagner beaucoup plus d’argent. Tout cela est dû aux idées véhiculées dans la société concernant ce que les députés gagnent. Vous vous souvenez du débat sur les 21.000 dollars que toucheraient les élus nationaux, mais jusque-là aucun d’eux n’a pu dire combien il gagne exactement. Ceci revient à dire que pour le commun des Congolais, être député c’est une opportunité pour s’enrichir », a-t-il dit.

« Etre député, pense-t-on, c’est lancer des missions de surveillance ou de contrôle motivées par le besoin de lucre. Il y a aussi le fait qu’un député est traité comme un prince, alors qu’ailleurs on le devient parce qu’il y a d’abord un service qu’on veut rendre à la nation. Je ne pense pas que la question de l’article 13 de la loi électorale puisse constituer le principal motif de l’accroissement du nombre de candidatures », a expliqué Me Jean-Michel Mvondo.

La CENI a rendu public vendredi un communiqué dans lequel elle annonçait sur un total de 49.552 candidatures réceptionnées pour la députation provinciale, 49.209 avaient été jugées recevables, et 343 irrecevables.

Le dépôt et le traitement d’éventuels recours en contestation devant les cours d’appel faisant office de cours administratives d’appel, de la liste des candidatures publiée par la centrale électorale, sont prévus du 29 septembre au 14 octobre.

Lors des dernières législatives provinciales tenues le 23 décembre 2018, 19.640 candidats avaient été retenus pour concourir après les examens des recours.

Un ratio candidatures-sièges par province dominé par Kinshasa

Par ailleurs, les deux experts ont commenté le tableau calculant le ratio candidatures-sièges par province des prochaines législatives provinciales.

« La compétition sera plus rude à Kinshasa, qui dépasse largement la moyenne nationale avec un ratio de 128 candidatures pour un siège, par rapport à la Tshuapa, par exemple, qui aligne 550 candidats pour 17 sièges à pourvoir », a déclaré l’un d’eux.

Le tableau détaillant le ratio par province se présente comme suit :

ACP/

Fil d'actualités

Sur le même sujet