Kinshasa, 11 septembre 2023 (ACP).- Des dizaines de milliers de jeunes Congolais ont positivement répondu à l’appel au recrutement dans les rangs des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), lancé en novembre 2022, a confirmé dans une interview exclusive accordée lundi à l’ACP, le porte-parole de l’armée nationale, le Lieutenant-général Sylvain Ekenge.
1.Combien de nouveaux éléments les FARDC sont-elles en train de former ?
« A la suite de l’appel à la mobilisation générale lancée le 03 novembre 2022 par le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi, en sa qualité de Commandant suprême des FARDC, des milliers de jeunes sont venus se faire enrôler au sein de l’Armée. Au terme de la série de sélections dans les centres de regroupement, qui s’est poursuivie dans les centres d’instruction, plus ou moins 40.000 sélectionnés, sur base de critères très rigoureux préalablement définis, poursuivent leur cursus d’instruction dans les différents centres d’instruction et d’entrainement de notre pays. Ils sont environ 10.000 au centre d’instruction de Kitona au Kongo Central ; 7.000 au centre d’instruction de Mura dans le Haut-Katanga ; 5.000 au centre d’instruction de Lokosa à Kisangani, plus de 800 personnels militaires féminins au centre de Tombagadio au Kongo Central ; plus de 14.000 au centre d’Instruction de Kamina dans le Haut-Lomami ; plus de 3.000 au centre d’entraînement commando de Lwama à Kindu au Maniema, et plus de 2.000 au centre d’entraînement Lieutenant-général Bahuma de Kisangani. Il y en a qui sont déjà au stade de formation avancée, et toutes ces formations se déroulent dans de bonnes conditions. Bientôt, ce sera le tour de la Force aérienne et de la Force navale de recruter pour leur compte ».
2. L’armée connaît-elle un problème d’effectifs ? A quel besoin le recrutement en cours répond-il?
« La tradition et les lois qui régissent l’Armée, notamment les dispositions de la loi portant Statut du militaire et celles de la loi organique portant organisation et fonctionnement des FARDC, imposent à l’Armée de procéder chaque année au recrutement pour compenser les effectifs admis à la retraite. Ce recrutement se fait sur base des besoins exprimés par ses différentes structures. En ce qui concerne le recrutement qui a entraîné la série de formations en cours, il a été dicté par deux impératifs majeurs : le rajeunissement de l’Armée et la formation de nouvelles unités. Depuis plus de 20 ans, aucune formation réalisée dans le respect des fondamentaux de l’armée n’a plus été organisée, ce qui a posé de sérieux problèmes non seulement de vieillissement des effectifs, du degré d’attrition très élevé dû à l’engagement prolongé aux fronts (beaucoup de morts, de blessés, d’invalidité et de cas de désertion), mais aussi de l’absence d’unités de réserve et de relève. A cela, il faut ajouter l’agression de notre pays par le Rwanda. Tous ces facteurs réunis ont poussé le Chef de l’Etat à appeler les jeunes à la mobilisation générale. Ces derniers ont répondu présent à l’appel du Commandant suprême. Ainsi, contrairement à ses habitudes, l’Armée a procédé au recrutement de masse. Bientôt, plusieurs nouvelles brigades viendront enrichir les rangs des FARDC ».
3. Les nouvelles spécialités, notamment sur les NTIC, sont-elles concernées par les formations en cours ?
« Indépendamment du recrutement des troupes, les FARDC organisent un concours national d’admission dans les grandes écoles de l’Armée. Parmi ces écoles se trouve l’Académie militaire de Kananga. Sont admis à ce concours, non seulement les diplômés du secondaire ayant la vocation de servir le pays sous le drapeau, soumis à une formation d’officier de trois ans, mais aussi les cadres universitaires recrutés sur titre. C’est dans ce contexte que les différents spécialistes entrent dans l’Armée via la formation d’officiers à la session spéciale de l’Académie militaire. Les spécialistes NTIC, les médecins, les juristes, les ingénieurs, les architectes, les communicateurs, les religieux, les spécialistes de la marine, de l’aéronautique, des transmissions, du génie, etc… sont ainsi sélectionnés pour la carrière dans l’Armée. Soulignons qu’à part l’Académie militaire, d’autres sont envoyés en formation à l’étranger. En outre, s’agissant des spécialistes NTIC, l’Armée dispose d’une école qui forme les spécialistes dans ce domaine, comme c’est le cas aussi pour chacun de ses domaines d’activités comme la logistique dans toutes ses spécialités, le génie dans toutes ses filières, l’administration militaire, les transmissions, la marine dans toutes ses composantes… »
4. Vous avez fait état de plus ou moins 40.000 nouveaux éléments en formation. Est-ce suffisant pour ce pays continent ?
« Le déclic a été donné par le Commandant suprême, l’Armée maintiendra le cap. La montée en puissance des FARDC passe obligatoirement par la formation de qualité, l’équipement adéquat et l’entraînement des troupes, leur permettant d’affuter les armes pour faire face à toutes les menaces internes et externes. Il faut à la RDC une armée à la dimension de ses ambitions et de la vision d’un Congo fort et prospère, locomotive de l’Afrique. Aucun pays au monde ne peut prétendre au développement et au bien-être de sa population sans une armée forte. Raison pour laquelle tout est mis en place pour la montée en puissance des FARDC. Le problème n’est pas seulement les effectifs. Les grands enjeux sont autour de la formation de qualité, des équipements adaptés à notre environnement opérationnel et des nouvelles technologies, de l’entrainement renforcé des unités, d’une logistique soumise à toutes les épreuves ».
5. Les membres des groupes armés démobilisés sont-ils parmi les nouvelles recrues ?
« Chaque année, des milliers de jeunes Congolaises et Congolais ne se font pas prier pour venir s’enrôler dans l’Armée. Dans le contexte du recrutement consécutif à la mobilisation générale décrétée par le Président de la République, plusieurs jeunes ont été refoulés et même reconduits dans leurs milieux d’origine, le quota ayant été atteint. Les conditions exigées pour être recruté éliminent les membres des groupes armés et les rendent inéligibles et non partants. Ils n’intéressent pas les FARDC. Ces dernières ont besoins de jeunes gens aptes, célibataires sans enfants, âgés de 18 à 25 ans, non en conflit avec la loi et d’une moralité irréprochable ».
ACP/