Les Congolais ont de nouveau, depuis quelques jours, des raisons de se poser des questions sur leurs leaders ainsi que le sens de leur combat. Des questions d’autant plus troublantes qu’elles tournent autour du comportement et des enseignements des chefs religieux sensés rapprocher les peuples des valeurs spirituelles et morales sur lesquelles devrait se bâtir tout projet de société.
Le cardinal Ambongo Besungu a décidé de rechausser ses godillots les plus lourds pour aller en croisade contre le processus électoral, s’interrogeant à haute voix sur la crédibilité de la Commission Electorale Nationale Indépendante (Céni) et du processus qu’elle organise. Une façon subtile, ont estimé plusieurs observateurs qui ne manquent généralement pas d’intelligence, de préparer le lit de la contestation en apportant sa touche au décor de la confrontation récemment planté par son compère Monseigneur Donatien Nshole.
Ce dernier s’était fondé sur des critères extrêmement personnels sinon fantaisistes, pour s’autoproclamer, envers et contre la loi, à la fois juge électoral pour annoncer les résultats des scrutins, et leader politique pour lever les foules contre des résultats qui viendraient d’une autre instance. Ainsi Dieu reconnaîtra les siens !
L’appel à plus de responsabilité et plus de mesure lancé par le ministre de l’Intérieur, Sécurité et Affaires coutumières Peter Kazadi n’a rencontré de la part du prélat que mépris et quolibets. « Tata Cardinal » est allé jusqu’à comparer le rappel opéré par le ministre Peter Kazadi au langage de la rue. Le lexique employé par le leader religieux était d’autant plus dangereux qu’il n’a pas hésité à semer la haine, la division, la ségrégation et la détestation en parlant d’un « peuple catholique », sans doute par exclusion de tous les autres « peuples » qui ont le malheur de ne pas succomber aux sermons enflammés de l’homme de Dieu.
Le cardinal oublie que beaucoup de Congolais sont catholiques mais qu’ils n’adhèrent pas à sa manière de guider l’Eglise de Dieu en RDC ou de prêcher l’évangile du Christ. Il oublie que beaucoup de ses collègues au sein de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) sont loin de partager ses invectives qu’ils critiquent abondamment dans certains cercles et que ce faisant, son extrémisme fait courir à l’Eglise catholique en RDC la menace d’un schisme retentissant !
Pour preuve, cette homélie de l’évêque de Beni, cette semaine, qui a pris le temps, lui aussi devant la jeunesse, de prêcher l’amour de la patrie et l’engagement dans les forces armées et de sécurité pour la défendre jusqu’au sacrifice suprême. Comme quoi, un même Dieu, quatre évangiles, plusieurs sermons. Une œuvre signée cardinal Ambongo, archévêque de Kinshasa !
Bienvenu-Marie Bakumanya