Elections en Libye : un nouveau plan de l’ONU à l’épreuve des rivalités

Kinshasa, 09 mars 2023 (ACP). – Le nouveau plan de l’ONU pour organiser des élections en Libye se heurte aux rivalités qui minent le pays, ont rapporté jeudi des agences internationales de presse.

A la tête de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) depuis octobre, le Sénégalais Abdoulaye Bathily avait annoncé le 27 février dernier, devant le Conseil de sécurité, le lancement d’une initiative censée permettre « la tenue d’élections présidentielle et législatives en 2023 ».

Le diplomate a provoqué l’ire des acteurs politiques libyens en déplorant l’incapacité du Parlement, divisé en deux chambres rivales, à se mettre d’accord pour l’organisation de ces scrutins, initialement prévus en décembre 2021 mais reportés sine die, en raison de divergences persistantes.

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, dans le sillage des Printemps arabes, la Libye est déstabilisée par les divisions entre l’Ouest et l’Est du pays, chaque camp bénéficiant de l’appui de puissances étrangères.

Deux gouvernements se disputent le pouvoir, l’un installé à Tripoli (ouest) et reconnu par l’ONU, l’autre à Syrte (centre), soutenu par l’homme fort de l’Est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, les deux camps ayant chacun son bras législatif au sein du Parlement.

La chambre des représentants dans l’Est, et le Haut conseil d’Etat (HCE) qui fait office de Sénat dans l’Ouest, ont toutefois critiqué à l’unisson le plan de l’émissaire onusien.

Si la Libye connaît une relative accalmie ces derniers mois, après une longue période d’insécurité, de violences fratricides et de divisions sociales, le chaos institutionnel étouffe l’espoir de voir le pays se stabiliser.

La position des deux chambres législatives rivales était « prévisible » puisque le plan onusien aura pour conséquence leur disparition, avec la tenue d’élections, a expliqué à Khaled al-Montasser, professeur en relations internationales à l’université de Tripoli.

Selon lui, les deux institutions s’accordent pour considérer l’initiative onusienne « comme une ingérence dans leur pouvoir souverain de décision et une tentative d’imposer une volonté internationale aux Libyens.

A l’issue d’un vote contesté, les deux chambres du Parlement ont adopté in extremis début février le 13ème  amendement à la Déclaration constitutionnelle, qui fait office de Constitution provisoire, en le présentant comme un cadre juridique pour la tenue des scrutins.

Abdallah al-Rayes, un analyste politique libyen, voit dans l’initiative d’Abdoulaye Bathily un moyen de pression pour faire bouger les adversaires libyens, en leur donnant une dernière chance » avant que « les scrutins n’aient lieu sans eux ».

A Tripoli, le gouvernement d’union, dirigé par Abdelhamid Dbeibah, a de son côté affiché sa volonté de coopérer avec le plan de M. Bathily, en appelant l’ONU à apporter une aide technique et logistique pour organiser rapidement ces élections.

Les soutiens internationaux ont aussi salué l’initiative onusienne. Les Etats-Unis ont « exhorté » les dirigeants libyens à adopter « un état d’esprit constructif », selon un tweet de l’ambassade américaine à Tripoli. ACP/ KHM/ODM

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