Evolution positive de la condition de la femme de 1960 à 2025 (Par Robert Ludweme)

Kinshasa, 30 juin 2025 (ACP).- L’année 1960 marque l’accession de la République démocratique du Congo à l’Indépendance,après des décennies passées sous le joug colonial belge.

Dès 1918, après avoir reçu en héritage le territoire conquis par le Roi Léopold II, la Belgique imprima sa marque de gouvernance coloniale axée sur le « Paternalisme ». Une politique ou un système politique qui voulait que la colonie vive sous la dépendance entière de la métropole.

Cette gouvernance coloniale a freiné ou limité la formation de l’élite congolaise, dont celle de la femme, car il fallait former une main d’œuvre utile au profit de la mère-patrie (La Belgique).

Vu sous cet angle, la condition de la femme, mieux sa promotion sociale ne pouvait- être qu’un leurre.

La femme congolaise était réduite ainsi à l’apprentissage de petits métiers de couturière, de ménagère et/ou de monitrice (Enseignante du primaire). La formation universitaire pour elle n’était pas du tout envisageable. En général, le niveau d’études s’arrêtait à peine à l’Ecole moyenne pour les Congolais les plus chanceux

Pour le colon, la place de la femme était au foyer. D’où la création des écoles ménagères. A l’indépendance du pays, le 30 juin 1960, la condition de la femme ne pouvait pas changer comme par un coup de baguette magique. Son rôle d’éducatrice, de nourricière, de mère, -d’actrice dudéveloppement social et économique de la famille par l’exercice des divers travaux manuels générateurs des recettes, n’avait pas cessé.

Par ailleurs, les années qui suivirent l’indépendance du pays ont été marquées par des rébellions et des troubles divers qui ne permirent pas aux citoyens de se rattraper rapidement et de jouir de la vraie liberté. Et la femme fut d’ailleurs la première victime. 

C’est lorsque Joseph Désiré Mobutu, accède à la magistrature suprême à la faveur d’un coup d’Etat militaire le 25 novembre 1965 que commence à s’inscrire, en lettre d’or,l’histoire de la Femme congolaise et sonchangement de statut au sein de la société.​

La politique de ’’l’Emancipation de la femme’’

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Quand Mobutu prend le pouvoir, il s’est résolu de sortir la femme de son exclusion de la gouvernance du pays. Le slogan « Homme nouveau, Femme nouvelle » gagna le terrain sur l’ensemble du pays. Les femmes devaient désormais travailler côte à côte avec les hommes pour le développement harmonieux du pays.

C’est alors que Mobutu lance la politique de l’«Emancipation de la Femme Zaïroise », lepays étant devenu Zaïre en 1971 en vertu de la politique de l’Authenticité.

Dans cette logique, des femmes ont fait leur entrée au sein de l’Armée nationale, de l’Enseignement supérieur, du gouvernement et de tous les secteurs de la vie nationale. Le nom le plus retenu est celui de Mme Sophie Madeleine Nkanza, première femme admise au sein du gouvernement comme ministre des Affaires sociales et du développement communautaire, en 1966.

De 1969 à 1970, elle est nommée ministre d’État chargée du Travail, de la Promotion sociale de l’Habitat et de la coordination des Affaires sociales, avant de renoncer à la carrière politique en 1972. Sophie Nkanza est la première femme universitaire du pays.

L’élan ayant été donné, on a eu par la suite la présence des femmes dans plusieurs secteurs de la vie nationale, notamment au sein de l’armée où les premières femmes parachutistes furent admises. Dans le domaine politique, les femmes ont obtenu le droit de vote lors du référendum constitutionnel de juin 1967.

Au cours de cette même année, Mme Catherine Nzuzi Wa Mbombo fût nommée par ordonnance présidentielle, bourgmestre de la commune de Gombe (ex Kalina). En 1970, elle est nommée vice- gouverneur (commissaire urbain) de la ville de Kinshasa. Dans l’enseignement supérieur, l’administration publique, la santé, la presse, la musique et d’autres, la femme congolaise fut une percée remarquable. 

La parité homme-femme

La parité homme-femme a été préconisée à la première conférence des Nations – unies tenue à Mexico en 1970. Depuis lors, l’égalité de chance entre les deux sexes sur le plan socio-professionnel, est devenue un leitmotiv pour beaucoup des pays désireux de promouvoir la condition de la femme.

En République démocratique du Congo, cela est même codifié dans la constitution, qui prévoit d’attribuer au moins 30% des postes de responsabilités aux femmes.

Dans ce cadre précis, il y a encore du chemin à parcourir certes.

A l’avènement du Président Tshisekedi, le pourcentage des femmes aux postes de prise de décisions a été revu sensiblement à la hausse. Pour ce faire, le Chef de l’État a été plébiscité champion de la masculinité positive. La présence de Madame Judith Suminwa à la tête du gouvernement (une première) au sein duquel autant de femmes occupent des postes ministériels en est une preuve éloquente. 

De plus en plus des femmes sont notamment des actrices politiques, de grandes commerçantes, des avocates, des professeures d’université, des médecins. 

D’aucuns affirment sans risque d’être contredits que la condition de la femme congolaise a beaucoup évolué depuis 1960, bien que beaucoup reste encore à faire. La femme congolaise de 1960 n’est donc plus celle de 2025.

ACP/

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