Kinshasa, 02 août 2024 (ACP).- Les Congolais se préparent à lancer, à l’initiative personnelle du Président de la République, la journée nationale du «Génocide congolais à des fins économiques» (Genocost). Le Président Félix Tshisekedi en a informé le gouvernement lors de la réunion du conseil du 12 juillet dernier, avant d’appeler «à l’appropriation individuelle et collective» de cette journée.
Cela, a-t-il déclaré, devra «nous conduire à une communion et à la résilience face à la situation qui nous est imposée injustement, avec un hommage à des millions de nos compatriotes, victimes de cette barbarie des prédateurs de nos ressources ainsi qu’aux personnes qui leur ont porté secours et assistance».
Aussi, en hommage aux victimes de la barbarie y compris celles du récent bombardement du camp de déplacés de Mugunga à Goma par le Rwanda et ses supplétifs du M23, le Président de la République a invité le Gouvernement à prendre toutes les dispositions pour donner un large écho à la commémoration du 2 août 2024.
Même si elle rappelle un triste événement, à savoir la lâche agression de notre pays par ses voisins, et principalement par le Rwanda, la date du 02 août ne pouvait pas mieux tomber pour commémorer, chaque année, le douloureux souvenir de nos compatriotes sauvagement massacrés dans l’Est.
Des massacres qui, selon des sources concordantes fiables, ont à ce jour fait un bilan de plus de dix millions de victimes le plus souvent massacrées dans des conditions inhumaines, sans compter les millions des Congolaiss forcés à quitter leur cadre de vie et condamnés désormais à l’errance.En tout cas, ces chiffres des massacres perpétrés depuis 1998 dans l’Est de la RDC par la soldatesque rwando-ougandaise aidée dans cette sale besogne par plusieurs cohortes des terroristes étrangers et nationaux, sont de loin supérieurs à ceux du génocide rwandais de 1994 qui a fait, selon un bilan de l’ONU, environ 800.000 Rwandais parmi lesquels on comptait des Hutu avec des Tutsi en majorité.
«Conglomérat d’aventuriers»
Prenant prétexte sur ce génocide, qu’ils ont pourtant provoqué en assassinant le président Juvénal Habyarimana dont l’avion aurait été abattu par un missile parti de l’emplacement de ses hommes près de l’aéroport de Kigali, Paul Kagame, qui n’était à l’époque que vice-président du FPR, avait envahi, avec l’aide de son mentor ougandais, l’Est de la RDC sous le prétexte d’y dénicher les anciens soldats rwandais qui s’y étaient réfugiés.
Cette première invasion de la RDC par l’Ouganda et le Rwanda sera facilitée par le recrutement par ces envahisseurs, de ce que Mzee Laurent Désiré Kabila lui-même qualifiera de «conglomérat d’aventuriers».
Ils n’eurent aucune peine à s’emparer du pouvoir d’Etat à Kinshasa tant le régime du Maréchal Mobutu était devenu exsangue car combattu de toutes parts, notamment par une opposition politiquer interne très en verve et une communauté internationale qui lui avait tourné le dos.
Deuxième agression de la RDC
Prenant date avec l’histoire, le tombeur du Maréchal Mobutu, le président Laurent Désiré Kabila décidera de mettre un terme à la «coopération» avec le Rwanda et l’Ouganda.
Mal lui en prit car ses alliés de la veille tournèrent immédiatement leurs armes contre lui en agressant une seconde fois la RDC le 02 août 1998.
Depuis lors, ils n’ont reculé devant rien et n’ont eu de cesse de multiplier crimes contre l’humanité et autres atrocités horribles. Ils ont notamment mis à l’arrêt des turbines d’Inga, coupant l’eau et l’électricité pendant plusieurs jours dans la ville de Kinshasa dont la population à cette époque avoisinait les 10 millions d’habitants.
Plus de 20 femmes ont été enterrées vivantes à Makobola, au sud-Kivu. Même drame à Kasika
Les corps expéditionnaires ougandais et rwandais présents dans l’Est de la RDC y ont créé un climat d’insécurité qui a favorisé l’émergence ou la prolifération des groupes armés et terroristes tels que les ADF, sans oublier la mosaïque des combattants Mai-Mai prétendant défendre leurs communautés respectives arme à la main.
Tant et si bien que massacres, vols et viols, exactions multiformes sont désormais le lot quotidien des Congolais vivant dans l’Est.
Kavumu, Makobola, Kishishe, Pont Tshopo Mugunga…sont autant des noms qui évoquent des souvenirs lugubres dans les oreilles des Congolais.
D’aucuns se demandent quelle aura été la position de la communauté internationale face à la tragédie la plus dramatique, depuis la Seconde guerre mondiale, qui se joue dans l’Est de la RDC
Le coltan à tout prix !
Le drame de l’Est de la RDC pourrait être mieux compris en situant dans le prolongement de la Conférence internationale de Berlin de 1885.
Quand les puissances de l’époque s’étaient partagé l’Afrique en zones d’influence. Les convoitises sur la RDC n’ont pas cessé de se multiplier et de se métamorphoser depuis lors.
Hier, c’était le cuivre du Katanga qui faisait battre à la chamade les cours de tous ceux-là qui veulent faire main basse sur les richesses du Congo. Aujourd’hui, c’est plutôt le coltan du Kivu qui devient l’objet de toutes les convoitises.
Kagame, un paravent ?
Vu sous cet angle, la guerre d’agression que mène la soldatesque rwandaise en RDC est véritablement une guerre de rapine.
Les véritables agresseurs de la RDC, ce sont tous ces messieurs de la haute finance internationale qui ont besoin du coltan ramassé gratuitement au prix du sang congolais pour faire des juteuses affaires.
Ce sont ces industriels-là, dont les dirigeants, soit prennent des sanctions sans lendemain contre le pouvoir de Kigali, soit condamnent parfois Kagame du bout des lèvres que la RDC devrait cibler comme étant ses ennemis.
Sans lui couper les ponts avec ses souteneurs étrangers, celui que d’aucuns appellent déjà le «Hitler des Grands lacs» risque de continuer à endeuiller l’Est de la RDC.
C’est ce qu’à Kinshasa on a fini par comprendre. Ceci explique le déploiement d’une diplomatie congolaise plus agissante.
Pour matérialiser cela dans la mémoire collective et pour les générations futures, d’aucuns militent pour l’érection d’un ou de plusieurs monuments de souvenir pour les victimes de l’Est, de l’Ituri à l’Espace Kivu, en passant par la Tshopo. ACP/C.L.