Kinshasa, 23 juillet 2024 (ACP).- Quatorze composantes de la scène politique palestinienne dont le Hamas et le Fatah ont signé mardi à Pékin en Chine un accord d’unité nationale, prévoyant une gouvernance commune dans la bande de Gaza après la guerre, a appris l’ACP de source officielle chinoise.
«Un total de 14 organisations palestiniennes réunies ces derniers jours à Pékin dans le cadre d’une nouvelle tentative, parrainée par la Chine, de trouver des compromis entre les différentes composantes de la scène politique locale, ont signé, un accord d’unité nationale», a déclaré Wang Yi, ministre chinois des Affaires étrangères.
«Le texte signé à Pékin prévoit un gouvernement intérimaire de réconciliation nationale après la guerre à Gaza», a-t-il ajouté.
Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a notamment accueilli à cette occasion un haut responsable du Hamas, Moussa Abou Marzouk, ainsi qu’un envoyé du mouvement palestinien rival du Fatah, Mahmoud Aloul.
«Aujourd’hui, nous signons un accord sur l’unité nationale et nous déclarons que la voie à suivre pour achever ce processus est l’unité nationale », a déclaré Moussa Abou Marzouk, haut responsable du Hamas
Le ministre chinois des affaires étrangères réitère son appel à un «cessez-le-feu général»
Wang Yi a ainsi réitéré son appel à un « cessez-le-feu général, durable et viable dans la bande de Gaza au plus vite, afin de garantir un accès sans heurts à l’aide humanitaire et aux secours »
« Aucune excuse ne peut justifier que des civils soient blessés et que la guerre soit encore prolongée« , a-t-il martelé.
La Chine entretient de bonnes relations avec Israël mais soutient depuis des décennies la cause palestinienne, reconnaît un État de Palestine et milite pour une solution à deux États. Le géant asiatique avait déjà accueilli en avril des discussions entre représentants du Hamas et du Fatah.
La Chine a renforcé ces dernières années ses relations commerciales et diplomatiques avec le Moyen-Orient, dont une grande partie est traditionnellement sous influence américaine.
Elle a ainsi supervisé et facilité le spectaculaire rapprochement diplomatique l’an passé entre deux grandes puissances régionales, l’Iran et l’Arabie saoudite.
La réconciliation est une question interne aux factions palestiniennes
Le ministre chinois des Affaires étrangères, a estimé que La réconciliation est une question interne aux factions palestiniennes, mais en même temps, elle ne peut être réalisée sans le soutien de la communauté internationale.
La Chine entend jouer un rôle de médiateur dans le conflit, qui est devenu encore plus complexe en raison de l’intense rivalité entre le Hamas, qui dirige la bande de Gaza, et le Fatah, qui gouverne partiellement la Cisjordanie occupée.
Il a appelé les autres pays à soutenir ce potentiel nouveau gouvernement palestinien afin qu’il puisse « contrôler effectivement Gaza et la Cisjordanie ».
Tout en soulignant : ce sont « les Palestiniens eux-mêmes qui doivent administrer la Palestine », sous-entendu pas des puissances étrangères, a souligné M. Wang.
Réaction de colère en Israël
Sans surprise, Israël a réagi avec colère à cette annonce. Le chef de la diplomatie, Israël Katz, a fustigé le Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas pour avoir signé un tel accord avec ses ennemis du Hamas. «Le Hamas et le Fatah ont signé un accord en Chine pour le contrôle conjoint de Gaza après la guerre. Au lieu de rejeter le terrorisme, Mahmoud Abbas étreint les meurtriers et les violeurs du Hamas, révélant ainsi son vrai visage», a déclaré le ministre des Affaires étrangères, par voie de communiqué. «En réalité, cela n’arrivera pas car le Hamas sera écrasé et Abbas observera Gaza de loin», a-t-il assuré alors que le conflit s’enlise dans l’enclave palestinienne.
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël ont mené une attaque sanglante qui a entraîné la mort de 1 197 personnes, en majorité des civils.
En riposte, Israël a lancé une offensive de grande envergure dans Gaza, qui a fait plus de 39 000 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas. Les combats incessants ont plongé Gaza dans une grave crise humanitaire.
Des doutes subsistent pourtant quant à la concrétisation d’un tel rapprochement. Par le passé, de nombreuses tentatives de réconciliation entre le Hamas et le Fatah ont échoué. Surtout, cet accord reste incertain car il dépend du soutien de puissances étrangères. Les vetos viendront plutôt «de la part d’Israël, des États-Unis et probablement aussi d’autres États qui considèrent le Hamas comme une organisation terroriste, qui vont avoir des réserves et des réticences à accepter le résultat de la réunion de Pékin», reprend Hasni Habidi. En mettant l’accent sur la réconciliation des factions palestiniennes, en incluant le Hamas dans un hypothétique processus politique d’après-guerre, la Chine tente ainsi de se démarquer de la diplomatie occidentale. ACP/C.L.