Bunia, 12 mai 2022 (ACP).- Le ministère public a requis, jeudi à Bunia, au terme d’un réquisitoire de plus de trois (3) heures, lors de l’audience publique de la Cour militaire de l’Ituri siégeant en chambre foraine, dans l’affaire de « vente des munitions de guerre aux miliciens CODECO», la peine de mort contre trois officiers supérieurs.
Il s’agit du Lt colonel Michel Kalengamire ainsi que des majors Jacques Malira et Justin Kalonda (alias Ninja) poursuivis pour « association de malfaiteurs, participation à un mouvement insurrectionnel et crime de guerre ». La même peine a été infligée à quatre (4) soldats de rang des FARDC, à savoir le sergent-major Simon Kanku Badibanga, les soldats de 1ère classe (1 CL) Kabale Mitsumbu Yoakale, Fiston Yanu Nioka et Biento wa Biento, ainsi qu’aux deux (2) civils : Deogratias Afoyo Unen et Joséphine Biwaga.
En revanche, pour le major Salvador Ngoy, l’organe poursuivant a proposé la peine de quatre (4) ans de servitude pénale principale (SPP) pour « vente de munitions de guerre » et son renvoi devant le parquet militaire afin qu’il soit poursuivi de nouveau pour « crime de guerre, participation à mouvement insurrectionnel et association de malfaiteurs ».
Les prévenus
Par ailleurs, l’organe de la loi représenté par l’avocat général, le colonel magistrat Jean-Baptiste Kumbu Ngoma a requis avec admission de très larges circonstances atténuantes vingt (20) ans de SPP pour Solange Lotsove Makusi, dix (10) ans pour Anne-Marie Lopango, et dix (10) ans pour Micheline Yenga Manikango.
Par contre, le ministère public a laissé à l’appréciation de la cour militaire le cas du capitaine Constantin Muzaliwa et celui de Bahati Molokabongi, au motif que pour le premier avait difficile à prouver sa culpabilité et que le second n’a pas pu démontrer l’élément intentionnel. Toutefois, a-t-il précisé, si la cour estime que les deux sont coupables, qu’elle condamne le capitaine Constantin Muzaliwa à la peine de mort et Bahati Molokabongi à dix (10) ans de SPP.
La vente des munitions de guerre et le massacre de Savo
Par ailleurs, dans sa plaidoirie, la défense des parties civiles a déclaré devant la Cour militaire qu’il y a bel et bien un lien de causalité entre les munitions vendues par les prévenus aux miliciens CODECO et le massacre de soixante-deux (62) déplacés, au site de la plaine de Savo, dans la nuit du 1er au 2 février 2022. Elle a plaidé pour la condamnation des prévenus solidairement avec l’État congolais, ainsi que des dommages et intérêts de l’ordre de 10.000 USD payables en francs congolais, pour chaque victime ayant perdu un être cher, et 5.000 USD pour chaque blessé suite à cette attaque.
Pour sa part, la partie défenderesse a globalement plaidé non coupable, d’une part pour ses clients, notamment le lieutenant Michel Kalengamire, arguant qu’il y aurait des contradictions dans le chef du ministère public, et d’autre part coupable, pour « participation à mouvement insurrectionnel » concernant le major Kalonda, alias Ninja, et Solange Lotsove Makusi, moyennant de larges circonstances atténuantes. En plus de la peine de mort, le ministère public a sollicité de la cour militaire le renvoi des rangs des FARDC de ces officiers supérieurs et soldats.
Après débat entre les parties au procès, la Cour militaire a pris la cause en délibéré avant de rendre son arrêt dans la huitaine, souligne-t-on. ACP/ZNG/RNL/Nig/MNI/ TKM/ MMC