Moi, Joseph Kabila, autorité morale de l’agression!

Kinshasa, 24 mai 2025 (ACP).- Creux, monocorde, fade, insipide…Les superlatifs n’en finissent pas de pleuvoir en République démocratique du Congo (RDC), sur le message, vendredi soir, de l’ex-président Joseph Kabila Kabange aux Congolais.

L’homme avait décidé une fois de plus de prendre le risque injutifié de provoquer. Il en a eu pour son compte et se mord désormais les doigts.
Visiblement, l' »université de Kara » sur laquelle ironisent abondamment les Congolais aurait dû rester fermée. Hélas, le malheureux choix opéré par l’ancien président de la République lui a plutôt ouvert les portes de l’enfer.

Le déchaînement est terrible et la réprobation est tel qu’il ne peut que s’en prendre à lui-même en se demandant quelle mouche l’a piqué.

Lecture sélective de l’histoire

En réalité, les Congolais ne comprennent pas cette lecture sélective de l’histoire récente de leur pays. L’ancien président a oublié, on ne sait par quel miracle, que pour la chute du régime Mobutu, c’est bien l’AFDL qui avait importé la guerre, des armées de plusieurs pays et, en même temps, la soldatesque rwandaise qui s’est installée au même moment qu’elle installait le régime des « commandants »; que s’il y a une Constitution qui a divisé le pays et réinstallé les provincettes, leurs roitelets ainsi que l’ideologie du tribalisme comme moteur pour la conquête du pouvoir et l’avenement de la dictature des « minorités », c’est bien celle issue de Sun City.

Kabila a oublié ou feint d’oublier que son armée, sur la base de l’accord piloté par l’eternel et inamovible Olesegun Obasanjo, avait comme soubassement le brassage et le mixage qui ont appelé en RDC tous les apatrides, pilleurs et rapaces du monde entier. La mémoire sélective de l’ancien Chef de l’Etat l’a soutenu dans l’exercice équivoque consistant à noyer le fait que ce n’était pas la rumeur mais ses propres proches qui avaient annoncé son arrivée à Goma et s’en étaient félicités; que le tribalisme et le népotisme avaient fini par installer dans le lexique des Congolais des expressions telles que « voisin muzuri », « umukamate », « unafuanya erreur moya y’a grave ».

Autant de bestsellers qui ont pourtant provoqué dans les cœurs des Congolais des frustrations et des blessures que le temps, ce meilleur allié de la vérité selon lui, n’a pas encore réussi à effacer.

Enfin, selon l’homme de Kingakati, malgré la lecture qu’en font les instances internationales et les rapports pertinents des experts des Nations Unies, le Rwanda que l’ancien chef de l’Etat se garde de citer comme s’il s’agissait de la prunelle de ses yeux, n’a rien à voir avec la crise dans l’est de la RDC.

C’est cette logique fantaisiste qui lui permet de dédouaner le Rwanda et le M23 et, en même temps, de mépriser et d’insulter les Wazalendo que son lexique particulier a transformé en secte mystico-religieuse pour lui imputer toute la tragédie de l’est de la RDC, tout en prenant des libertés avec les massacres des Bundu dia Kongo et des Kamuina Nsapu, ou encore les assassinats de Rossy Mukendi, Armand Tungulu et Thérèse Kapangala, pour ne citer que ceux-ci.

Tollé général

Le fils de Laurent-Desiré Kabila a une nouvelle fois échoué dans un exercice qui ne lui réussit jamais. Le tollé est général dans l’opinion congolaise qui se demande par quelle magie un ancien chef de l’Etat n’arrive toujours pas à se détacher du pouvoir pour prêcher la sagesse et le modèle, mais se croit par contre investi d’on ne sait quelle mission divine pour se rappeler toujours et de manière désagréable au mauvais souvenir des Congolais.

Pour le reste, les moins sarcastiques des Congolais partagent la conviction qu’en réalité, Kabila a échoué encore une fois dans sa tentative de lancer son message qui se résume ainsi : C’est moi l’autorité morale de l’agression. Puis, je suis disponible pour discuter. Ensuite, j’ai des conditions et comme vous n’allez pas les accepter, je vais me rendre à Goma pour fédérer les mouvements rebelles dans une sorte d’AFDL revue et corrigée pour faire la guerre à ce pays que je prétends aimer mais qui ne me le rend pas.

Ceux des Congolais qui avaient encore des écailles sur leurs yeux ont ainsi vu les masques tomber. Les vérités qui ressortent brutalement de ce discours sont en effet là pour aider chacun, à faire le saut historique. On retient de ces vérités brutales que le président du PPRD ignore la présence de l’armée rwandaise en RDC, mais demande à son prétendu pays de chasser ses partenaires. Il relaie et amplifie les revendications du Rwanda et du M23 dont il se fait le porte-parole pour justifier et blanchir leurs crimes sur le territoire congolais. Il sympathise avec les officiers complices de la traîtrise et revendique leur loyauté envers celui qui les avait recrutés et formés. Il appelle les militaires à la désobéissance en faisant croire qu’en son temps il les payait mieux. Il flatte en même temps les évêques en accusant le régime actuel de refuser le dialogue qu’il recherche de tous ses vœux pour revenir dans le jeu politique, en se positionnant comme leader de l’opposition.

Enfin, tout en révélant sa lâcheté par le refus d’assumer son récent passage à Goma, il a aussi et surtout lancé un message clé à la population de l’Est en ne condamnant pas les massacres de Goma et de Bukavu par les forces spéciales rwandaises et leurs supplétifs.

Tel est l’homme qui voulait se présenter comme le sauveur du peuple congolais, mais qui n’a réussi que le triste exploit de s’afficher comme l’autorité morale de l’agression. L’auditeur général des FARDC dispose désormais d’un supplément de matières.

ACP/

Fil d'actualités

Sur le même sujet